Résumé de la table ronde sur le numérique et les données : le 21 septembre 2018 — San Francisco, États-Unis

Animée par Dre Sarah Lubik
Possibilités de leadership canadien dans l'économie numérique

Points saillants de la discussion

Quinze chefs d'entreprise, entrepreneurs et partisans du numérique se sont réunis dans la Silicon Valley pour discuter des possibilités pour le Canada d'exercer son leadership dans l'économie numérique. D'autres se sont adressés à eux personnellement afin de faire des commentaires et des recommandations sur la façon dont le Canada peut se positionner et où il peut se positionner pour obtenir un avantage à long terme dans un espace numérique axé sur les données.

Les discussions ont permis de constater que le Canada est bien placé pour jouer un rôle de chef de file dans le domaine du numérique et des données. En revanche, nous devons reconsidérer les descriptions communément acceptées, redéfinir le sens de la réussite et déterminer les ressources et le soutien nécessaires pour y parvenir. Nous devons également continuer à créer et à attirer des talents dans des domaines clés grâce à un système d'éducation adapté et à une approche globale de l'immigration. Enfin, nous devons examiner la meilleure façon de créer, de délocaliser et de soutenir les entreprises dans une économie numérique. Bâtir un leadership national dans le domaine de la technologie est un jeu de longue haleine, mais il y a des entreprises pour lesquelles nous devrions prendre des risques. Nous devons examiner les outils et les ressources nécessaires pour mettre en place des entreprises concurrentielles et forger des partenariats qui nous permettront de tirer parti de nos forces actuelles.

Possibilités, prises en considération et défis clés

Financement et soutien
Le financement canadien disponible n'est pas le seul problème à régler, et probablement pas le plus important. Les bailleurs de fonds canadiens comptent beaucoup sur le gouvernement pour obtenir des fonds et du soutien. Leurs attentes à l'égard du risque, de même que les montants et les actions qui devraient être transigés contre ces risques, ne correspondent souvent pas aux attentes des investisseurs mondiaux plus ambitieux.
Les chefs de file dans le secteur des technologies ne sont pas seulement des technologues 
Le Canada est en pénurie de cadres supérieurs (postes de la haute direction et dans le secteur des ventes), car les entreprises canadiennes ont du mal à recruter et à offrir des salaires concurrentiels par rapport à ceux d'autres pays. Nous devons former des entrepreneurs et des chefs de file tout en renforçant notre capacité dans les technologies et en STIM.
Créer un plan de numérisation et l'adopter 
Il est essentiel d'être proactif. Nous devons prévoir quelles seront les industries perturbées et, si possible, prendre les devants.
Éducation
Notre aversion au risque pose problème encore aujourd'hui. Le goût du risque se développe tôt et nécessite un investissement à long terme.
Immigration
Le Canada a de bons programmes pilotes pour attirer les meilleurs talents des entreprises en relocalisation, mais ils peuvent être élargis et améliorés pour être appliqués à d'autres groupes.
Renforcer les capacités dans quelques domaines clés grâce aux universités
Le Canada possède certains talents parmi les meilleurs dans le monde en intelligence artificielle (IA) grâce aux investissements effectués dans ce secteur dès le début; toutefois, ces talents sont maintenant attirés vers des endroits où les salaires sont plus élevés. Pour y faire face, nous devons nous concentrer sur le long terme. Nous devons également choisir d'autres domaines qui, à notre avis, seront transformateurs à l'avenir.
Le rôle des incubateurs
Le Canada a investi d'importantes sommes dans les incubateurs afin d'aider à créer des entreprises et des emplois, mais on se demande si ces fonds ne soutiennent pas des entreprises qui ne pourraient pas survivre très longtemps sans ce soutien, créant du coup une dépendance envers le financement gouvernemental. Des améliorations pourraient être apportées en mettant davantage l'accent sur la création d'une mentalité gagnante et aux visées internationales, tout en attirant les meilleurs talents dans le monde. Cela permettrait en prime de montrer aux entreprises canadiennes à quoi ressemble une entreprise de classe mondiale.
Investissements
Le Canada doit éviter de s'en tenir exclusivement aux crédits ou aux réductions d'impôt et créer des mesures d'incitation pour les investisseurs et les entreprises susceptibles de créer une importante valeur ajoutée.
Ne rivalisez pas, collaborez
Le Canada n'est pas un très grand pays et notre force sera donc de nous unir en tant que collectivité. Nous sommes plus forts lorsque tous les secteurs, l'industrie, le milieu universitaire, le gouvernement, etc. travaillent ensemble.

Idées et résultats

Définition de la réussite
Nous devons fixer des objectifs pour les chefs de file en commercialisation (p. ex. attirons-nous les chefs de file et leur apportons-nous le soutien nécessaire pour qu'ils le demeurent) et pour les chefs de file scientifiques (par exemple, avons-nous des chercheurs de renom). Nous devons également fixer des objectifs sur le nombre d'entreprises internationales qui viennent établir leurs bureaux au pays, ainsi que le fait Israël. Ces objectifs peuvent servir d'indicateurs prospectifs de succès. Nous devons changer le comportement des Canadiens et passer du « comment ne pas perdre » à « comment gagner ». Nous pourrions organiser un concours où les Canadiens et les étrangers seraient invités à trouver des idées audacieuses comme solution de rechange au financement fondée sur des idées incrémentales. Nous devons en outre cesser de considérer les entreprises américaines comme unique point de comparaison en matière de réussite.
Mécanismes de financement
Nous devons créer des mécanismes permettant aux investisseurs providentiels et aux investisseurs canadiens d'apprendre des investisseurs internationaux, tout en nous engageant dans des transactions à l'échelle internationale et fixer des objectifs pour attirer les fonds d'investissement étrangers et nous engager activement à les obtenir ici. Attendons-nous à ce que les incubateurs et les programmes de formation attirent progressivement non seulement les meilleurs Canadiens, mais les meilleures du monde entier, et faisons en sorte que leur rémunération soit concurrentielle. Veillons à ce que le premier investissement important dans une entreprise en démarrage incite les autres entreprises en démarrage à demeurer au Canada, tout en étant connectées à des activités à l'échelle internationale (consacrer du temps ailleurs dans le monde afin de créer des réseaux et d'élargir nos horizons).
Promouvoir et attirer les entreprises en croissance
Nous devons réserver un meilleur accueil aux jeunes entreprises en démarrage de l'étranger, plus particulièrement dans les secteurs clés. Encouragez-les à faire preuve de leadership dans la vallée, tout en misant sur la main-d'œuvre dans les villes canadiennes comme Vancouver. Offrez des programmes qui incitent les meilleures entreprises à venir s'établir au Canada (pas seulement pour le mode de vie; pensez à ce que nous pouvons offrir de plus : possibilités de financement, création de réseaux, etc.). Tirez mieux parti des réseaux canadiens d'expatriés, car ils ne veulent pas seulement tenir une conversation et travailler comme réceptionnistes. Essayez de trouver des fonds pour des logements à prix abordable à l'intention des entrepreneurs qui ont du potentiel et qui souhaitent venir s'installer au pays.
Adoption de technologies
Nous devons inciter les entreprises canadiennes à adopter les nouvelles technologies. Il faudra éventuellement prévoir des programmes de formation nationale pour les employés responsables de l'adoption de ces nouvelles technologies.
Esprit d'entreprise
Nous devons rendre la formation sur l'esprit d'entreprise obligatoire à un stade plus précoce de l'éducation. Encourageons la mise à jour des programmes d'études et la formation de la prochaine série d'enseignants et accordons des fonds à cette fin.
Enseignement préscolaire diversifié 
Nous devons commencer à enseigner les technologies émergentes beaucoup plus tôt à l'échelle du pays (p. ex. l'inclusion du codage en Estonie, la Bing Nursery School, à Stanford). Réfléchissons à ce que cela signifierait d'enseigner l'intelligence artificielle (IA) et la réalité virtuelle (RV) à la maternelle. Mettons l'accent dans les écoles sur le pouvoir de la diversité et sur les programmes qui tirent parti de ce pouvoir. Fixons-nous un objectif sur le pourcentage de talents en STEM qui travaillant dans des domaines jugés clés pour l'avenir. Les marchés sont internationaux et les étudiants canadiens ont besoin d'être exposés plus souvent et plus tôt aux cultures, aux possibilités et aux marchés à l'échelle internationale. Investissons dans des programmes offrant ce type de formation (p. ex. Cansbridge Fellowship, coopérative d'entrepreneuriat international de l'Université Simon Fraser).
Système d'immigration adapté
Nous devons accorder des visas de travail aux talents entrepreneuriaux des universités et les laisser travailler sur leurs propres projets, car à l'heure actuelle ils doivent laisser tomber leur entreprise et travailler pour quelqu'un d'autre. N'oublions pas qu'il est encore plus facile de faire appel à des techniciens de niveau intermédiaire aux États-Unis et trouvons un moyen d'y remédier. Faisons les démarches pour que des visas de travail soient délivrés rapidement pour les plus talentueux inscrits dans des programmes complets et élargissons ainsi notre champ d'action.
Les talents à l'échelle mondiale
Nous devons choisir quelques domaines clés où le Canada est chef de file en sciences fondamentales et émergentes (p. ex. en apprentissage machine, en réalité virtuelle et augmentée (RVRA) et en imagerie machine) et inciter les universités à attirer ces talents. Il pourrait s'agir des technologies de l'infrastructure, comme la science des matériaux, où nous avons aussi un avantage. Nous devons fournir des fonds dans ces domaines pour attirer et maintenir les meilleurs talents au monde.
Tirer parti de nos instituts d'enseignement postsecondaire
Il faut financer des programmes de formation en commercialisation afin de mettre les nouvelles technologies sur le marché et de venir en aide aux entreprises ayant adopté ces nouvelles technologies. Nous devons en outre réorienter le financement des programmes en aval, vers l'éducation et la recherche, dans les secteurs où nous pensons que les technologies seront utilisées. Nous devons également financer et encourager l'engagement avec les universités, en particulier en ce qui concerne la propriété intellectuelle.
Incubateurs
Il faut mettre en place des incubateurs au cœur des villes, dans des secteurs dédiés à la numérisation, afin de montrer notre intérêt pour les entreprises situées en dehors des grands centres urbains comme Forestry à Nelson ou Smart Cities à New York. Nous devons demander aux pépinières d'entreprises qui sont à un stade de développement plus avancé de se concentrer non seulement sur l'aide aux entreprises canadiennes, mais aussi sur la présentation d'une orientation claire pour attirer les meilleurs dans leur domaine à l'échelle internationale. Examinons les comparateurs mondiaux, les concours nationaux au Canada notamment, dans le cadre desquels sont achetées des actions en tenant compte des accélérateurs internationaux et qui incitent les programmes canadiens à plus de cohérence en ce qui concerne le montant de la mise de fonds par rapport au financement.
Encourager l'investissement du secteur privé
Trouvez des moyens de rendre l'investissement précoce « attrayant » dans des secteurs clés. Assurez-vous que les incitatifs fiscaux pour investir tôt ne lient pas les entreprises qui se retrouvent dans l'impossibilité de déménager ou de prendre de l'expansion.
Inciter les provinces, les villes et d'autres paliers de gouvernement à collaborer, et non à rivaliser
Notre pays n'est pas très grand et il serait plus fort si tout le monde travaillait ensemble. Créez des possibilités de financement de l'innovation et de collaboration pour les réseaux à l'échelle provinciale. Considérez les grandes villes comme des portes d'entrée vers les régions et non comme des endroits où les entreprises s'installent pour de bon. Il serait peut-être intéressant de créer des réseaux de petites entreprises par le biais d'accords et ainsi élargir le marché.
Attirer et développer les talents
Envisagez de créer des programmes parallèles qui favorisent l'embauche de techniciens de talent dans le domaine de la vente et d'autres talents difficiles à obtenir, y compris dans le domaine du développement (p. ex. Mayor's Go-to-Grow London). Encouragez la création de programmes visant à générer plus de ventes dans le monde réel et plus de talents novateurs au niveau de la direction. Vous pourriez éventuellement travailler avec les écoles de commerce dans le domaine de la création. Travaillez avec certaines villes afin d'améliorer la qualité de vie et les équipements culturels et les rendre ainsi plus attrayantes pour les entreprises qui envisagent une relocalisation ou l'aménagement d'une deuxième ou d'une troisième entreprise ou qui veulent devenir des investisseurs (p. ex. Vienne ou Paris). Investissez dans l'infrastructure dans ou avec certains secteurs clés (p. ex. Salt Lake City a attiré des chirurgiens en investissant dans des sentiers).

Liste des participants

  1. Connections Silicon Valley
  2. Vinetta Project
  3. Innovate BC
  4. 500 Startups
  5. Microsoft
  6. Urban Logiq
  7. Modzilla
  8. London & Partners
  9. Zennea Technology
  10. Silicon Valley Bank
  11. Skritswap
  12. Spike Ventures

Également consulté (non disponible pour une table ronde en personne)

  1. Cansbridge Fellowship
  2. The Floow Limited
  3. C-100
  4. Credit Karma
  5. Practice of Innovation
  6. Forty Ninth Investments