Résumé de la table ronde sur le numérique et les données: le 22 octobre 2018— Ottawa (Ontario)

Animée par David McGovern et Jonathan Fried
Secteurs d'intérêt : G20 — L'avenir de l'économie numérique

Faits saillants de la discussion

L'économie numérique contribue à élever le niveau de vie et apporte la prospérité économique et sociale au Canada. Il importe toutefois que cette prospérité soit inclusive et partagée par tous les Canadiens. Il ne faut pas oublier que les entreprises de technologie ne sont pas les seules à être touchées par la transformation numérique et la transformation des données. Tous les secteurs sont touchés. Le Canada accuse un retard dans l'adoption des technologies et risque de perdre du terrain par rapport aux investissements effectués jusqu'à maintenant. Il a besoin d'un vaste programme pour promouvoir l'adoption de technologies axées sur les gens et encourager l'apprentissage continu et les compétences numériques afin de favoriser la participation de tous à l'économie numérique.

Il est important de mieux faire connaître les avantages de la technologie. L'industrie ne sachant pas ce qu'elle ne sait pas, de nombreuses entreprises ne connaissent pas vraiment les technologies qui existent sur le marché et en quoi elles peuvent leurs être utiles, et les entreprises qui en reconnaissent la valeur ont souvent du mal à trouver les talents nécessaires pour les mettre en œuvre. Le Canada doit sensibiliser davantage les gens à l'importance d'adopter de nouvelles technologies et les inciter à agir rapidement; il doit développer et attirer des travailleurs qualifiés et encourager les marchés concurrentiels qui stimulent l'innovation. Le Canada doit en outre inciter les entreprises en démarrage à demeurer au Canada et à commercialiser leurs découvertes au pays.

Le Canada dispose d'une main-d'œuvre hautement qualifiée et de grappes d'expertise à l'échelle régionale. Il peut en outre tirer beaucoup d'enseignement de la communauté internationale. L'avenir du travail est mondial et c'est pourquoi le G20 est un lieu idéal pour aborder horizontalement des questions économiques d'envergure, comme la transformation du numérique et des données. Le G20 est diversifié et une grande partie du monde y est représentée. L'utilisation de ses ressources lui permet de faire des recoupements entre les différents volets stratégiques qui favorisent les idées, les pratiques exemplaires et les discussions et qui, en retour, peuvent être transmises aux institutions canadiennes et modelées de façon à mieux répondre aux besoins des Canadiens. Il est clair que la coopération à tous les niveaux est nécessaire pour aller de l'avant.

Possibilités, considérations et défis clés

L'intelligence artificielle (IA)
Une quantité incroyable d'innovations peuvent être mises en œuvre grâce à l'IA. Cependant, les entreprises qui décident de passer à l'IA sont laissées avec de nombreuses questions sans réponse, plus particulièrement en ce qui concerne la protection de la vie privée et l'incertitude quant à la capacité et au risque encouru. En notre qualité de partenaire de la communauté internationale, nous devrions travailler à l'élaboration de normes reconnues à l'échelle internationale sur l'utilisation éthique de l'IA. Ces normes devraient déterminer ce qui constitue une utilisation acceptable de l'IA. Le G20 facilite ces dialogues internationaux en réunissant des pays aux vues similaires par l'intermédiaire du Conseil consultatif d'experts de l'OCDE. Cependant, nous avons peut-être là une occasion de nous démarquer en établissant notre norme sur l'utilisation éthique de l'IA afin de la proposer à l'échelle internationale.
Commercialisation de l'IA
Le Canada doit trouver le moyen de traduire ses connaissances et ses investissements considérables d'intelligence artificielle en produits et en services commercialisés. Le Canada occupe une position unique dans ce domaine, en grande partie grâce à ses prouesses accomplies en recherche. Le magazine Forbes Insights a toutefois classé le Canada au dernier rang sur une liste de dix pays faisant usage de l'IA. Il faudrait à l'avenir miser sur les applications pratiques des technologies d'IA. Le Canada doit créer des liens entre le milieu universitaire, l'industrie et les entreprises en démarrage, tout en déterminant les défis à relever et les personnes les mieux placées pour relever ces défis; quant aux incubateurs, ils peuvent être mis à profit pour cibler les solutions et commercialiser les idées.
Retenir et attirer les travailleurs qualifiés
Le Canada risque de perdre son avantage concurrentiel dans le domaine de l'IA, car d'autres pays offrant d'alléchantes possibilités de financement embauchent des personnes qualifiées, plus particulièrement dans ce domaine. Ainsi, de petites sociétés d'IA sont achetées par de plus grandes sociétés internationales. Le Canada doit donc mettre l'accent non seulement sur la création de talents, mais également sur le maintien en poste de ses travailleurs en offrant plus de financement et d'occasions d'affaires. Il doit aussi agir comme pays d'accueil pour les talents internationaux et maintenir un mécanisme d'immigration facile pour les entrepreneurs.
Rétention des entreprises et PI
Le taux de création d'emplois et de nouvelles entreprises dans le secteur de la technologie est élevé au Canada, mais il lui est difficile de retenir des entreprises achetées et déménagées en masse dans d'autres pays. Un autre problème concerne l'économie de succursales, avec des entreprises internationales qui viennent s'installer au Canada pour y établir des ateliers de R-D et qui font appel aux meilleurs cerveaux du Canada pour produire de précieux droits de PI qui seront par la suite exportés sans que le Canada n'en tire profit. Le Canada doit donc prendre les mesures nécessaires pour encourager les entreprises à croître et à passer à l'échelle supérieure, afin qu'elles ne se laissent pas distancer des technologies qu'elles ont contribué à créer.
Connectivité et abordabilité
Certains Canadiens n'ont ni l'Internet, ni le téléphone cellulaire, soit parce qu'ils n'ont accès à aucun réseau ou parce qu'ils n'en ont pas les moyens. Le marché des télécommunications coûte cher au Canada; c'est pour cette raison qu'il faut absolument encourager la concurrence.
Adoption du numérique et participation des groupes sous-représentés à la société numériques
Le Canada doit veiller à répartir équitablement les avantages de l'économie numérique et éviter que ne se creuse davantage le fossé numérique entre les revenus, entre les milieux rural et urbain, entre les sexes et entre les groupes ethniques. Le Canada doit promouvoir la numérisation tout en s'attaquant aux inégalités (c.-à-d. assurer l'accès des groupes sous-représentés à la formation et à l'éducation, s'attaquer au problème lié au déplacement des travailleurs à faible revenu). Il faudrait en outre renforcer le message dès le début de la formation pédagogique sur l'importance des emplois en sciences, en technologie, en ingénierie et en mathématique (STEM). Le Groupe syndical 20 (L20) qui représente les intérêts des travailleurs au niveau du G20 a travaillé sur une série de propositions visant à s'attaquer aux problèmes des inégalités susceptibles d'exacerber la fracture numérique.
Culture
Bien que le Canada envoie les bons signaux sur l'importance de la transformation numérique et de la transformation des données, de nombreuses entreprises, notamment celles qui ne font pas partie de l'industrie de la technologie, n'en comprennent pas encore pleinement les répercussions et la nécessité. Le Canada a une culture de l'aversion pour le risque, préférant attendre des exemples éprouvés avant d'en mettre en œuvre. Les Canadiens sont également peu agressifs lorsqu'ils lancent des produits sur le marché ou qu'ils prennent de l'expansion sur des marchés étrangers. Enfin, la crainte et l'incertitude sont ressenties chez les employés qui s'interrogent sur les répercussions de la technologie sur leur emploi. Bon nombre de ces préoccupations pourraient être atténuées par des programmes de formation et des mesures de soutien qui favoriseraient l'adoption de ces technologies et qui atténueraient les bouleversements. Le Canada doit en outre diversifier ses marchés en regardant au-delà des États pour se tourner vers l'Europe et d'autres continents qui pourraient avoir besoin de ses ressources dans le contexte géopolitique actuel.

Idées / résultats

Cybersécurité
En 2017, l'État de New York a adopté une nouvelle réglementation selon laquelle les compagnies d'assurance, les banques et autres services financiers doivent instaurer et maintenir des programmes de cybersécurité. Les infrastructures et les services financiers essentiels sont ainsi protégés grâce à l'élaboration d'une politique de cybersécurité qui peut être mise à l'épreuve. Le Canada pourrait envisager de mettre en place des politiques qui obligeraient les organisations à mettre en œuvre des politiques et des mesures de cybersécurité semblables.
Protection de la propriété intellectuelle
Il peut être coûteux pour les entreprises, en particulier les PME, de lutter contre la contrefaçon de brevets et la violation de la propriété intellectuelle (PI). Le Canada pourrait fournir expertise et financement aux entreprises en croissance afin de lutter contre ces risques et conserver les droits canadiens de PI.
Utilisation intelligente des programmes de financement actuels
Les programmes de financement du gouvernement ne peuvent miser que sur les PME pour assurer la croissance; elles doivent également miser sur les entreprises à forte croissance. Les programmes doivent maintenir un financement équilibré (p. ex. le financement de jeunes entreprises technologiques en démarrage par rapport au capital versé à un stade ultérieur) en appliquant des mesures directes et indirectes, comme les incitatifs fiscaux à la recherche scientifique et au développement expérimental). Le gouvernement devrait également continuer à élargir la portée du Programme d'aide à la recherche industrielle (PARI).

Liste des participants

  1. Tehama
  2. Congrès du travail du Canada
  3. Conseil stratégique des dirigeants principaux de l'information (DPI)
  4. Institut Innovation Gatineau
  5. Mindbridge Analytics Inc.
  6. Université d'Ottawa
  7. Wesley Clover
  8. Accenture