Résumé de la table ronde sur le numérique et les données : le 30 août 2018 — Winnipeg (Manitoba)

Animée par Carole Piovesan
Domaines d'intérêt : Le travail de l'avenir

Points saillants de la discussion

Le travail de l'avenir est un sujet complexe qui peut susciter des inquiétudes quand on pense à l'impact que peut avoir la technologie sur l'emploi. Afin de se préparer à faire face aux répercussions des progrès technologiques et à saisir les possibilités de ces avancées, le gouvernement doit travailler en partenariat avec le secteur privé et le milieu universitaire pour assurer une action prudente et opportune sur le travail de l'avenir. Nous devons tenir compte de l'élément humain et veiller à ce que le soutien aux entreprises et au développement technologique demeure lié à l'amélioration du bien-être et de la sécurité des Canadiens.

Les principaux sujets abordés sont les suivants : compétences; agrément et apprentissage tout au long de la vie; accès et compétences numériques; fiscalité; obstacles culturels à l'innovation; développement économique et développement des compétences des autochtones et marchés publics.

Possibilités, prises en considération et défis clés

Automatisation 
L'automatisation pose un problème difficile à résoudre, à savoir, trouver un juste équilibre entre la compétitivité et le travail de l'avenir qui accorde une place importante à la personne, car de nombreux gouvernements étrangers sont disposés à automatiser impitoyablement et sans égard à la protection des travailleurs au cours de la transition.
L'aversion pour le risque 
On remarque souvent que les entreprises canadiennes sont peu enclines à prendre des risques et sont culturellement conservatrices en ce qui concerne les investissements. La faible densité de la population pourrait expliquer cette raison d'être : bien que le Manitoba soit plus grand que l'Allemagne, il compte 1/80 d'habitants, ce qui signifie nécessairement moins d'accès au capital, une mise à l'échelle difficile et une culture commerciale axée sur la survie et la rétention des clients plutôt que sur la mise à l'échelle et la prise de risques.
Déconnexion entre l'éducation et l'industrie 
Dans les modèles d'avant-garde qui appréhendent le travail de l'avenir à la manière du modèle Industrie 4.0 de l'Allemagne, on accepte plus ouvertement que les étudiants soient dirigés vers une formation en technique et en fabrication. À l'heure actuelle, l'éducation canadienne n'a pas cette approche. Ainsi, il en résulte un fossé entre les étudiants canadiens qui quittent l'université pour entrer sur le marché du travail et les exigences de l'industrie, ce qui a obligé nombre d'entre eux de retourner aux études afin de poursuivre leur formation.
Fiscalité 
Depuis que les États-Unis ont réduit leur taux d'imposition le taux d'imposition des entreprises canadiennes n'est plus un avantage pour attirer les investissements au pays ou de l'étranger.
Déconnexions culturelles 
Les entreprises et les consommateurs canadiens misent trop sur la quantité et l'abordabilité aux dépens de la qualité et de la conception. À l'extérieur du Canada et des États-Unis, les clients ne veulent généralement pas acheter des produits médiocres en vrac, ce qui peut entraîner des difficultés pour les entreprises canadiennes sur les marchés étrangers.
L'exode des cerveaux 
L'importance que le Canada accorde aux ventes sur les marchés américains et l'achat d'entreprises canadiennes par des multinationales américaines font en sorte que les cerveaux ayant fondé et soutenu ces précieuses entreprises d'ici se retrouvent souvent aux États-Unis. Cette situation exacerbe le problème et fait en sorte que le Canada a de la difficulté à développer ses propres entreprises piliers.
Recyclage et perfectionnement 
Les entreprises soulignent de plus en plus la nécessité pour la main-d'œuvre d'avoir une éthique de l'apprentissage et de l'amélioration des compétences tout au long de la vie. Toutefois, les travailleurs âgés adhèrent au paradigme selon lequel le retour aux études est considéré comme un recul qui nuit à la réputation, tandis que les encouragements à poursuivre leurs études sont perçus comme une insulte à leur expérience. Bien que les jeunes travailleurs s'adaptent plus facilement, ils entrent souvent sur le marché du travail avec une dette considérable liée à l'augmentation des frais de scolarité postsecondaires et au fait qu'ils commencent une nouvelle vie (remboursement de dettes, achat de biens immobiliers), rendant du coup leur participation aux programmes d'éducation et de compétences prohibitives. À cela s'ajoute une réticence anecdotique des entreprises canadiennes à payer pour la formation continue des jeunes employés, surtout si cela signifie qu'ils doivent s'absenter du travail.
Accès à l'apprentissage et compétences numériques 
Les jeunes Canadiens doivent avoir accès à l'apprentissage numérique avant d'entreprendre des études postsecondaires. De nombreux jeunes n'ont cependant pas accès à l'Internet à large bande et à haute vitesse, en particulier les jeunes Autochtones et les résidents des collectivités rurales et éloignées.
Les Autochtones 
Les communautés autochtones ont du mal à suivre le rythme de l'économie numérique, souvent en raison du manque d'accès à l'infrastructure numérique et au développement des compétences numériques, en plus des obstacles traditionnels à l'inclusion économique.

Idées et résultats

Réforme fiscale 
Afin d'attirer et de retenir les talents haut de gamme, le Canada devrait envisager de réduire le taux d'imposition des sociétés afin de reprendre l'avantage dont le Canada jouissait auparavant sur les États-Unis à cet égard. Enfin, le Canada devrait revoir les règles fiscales qui encouragent les entreprises canadiennes à céder leurs entreprises et à les faire croître au Canada.
Approvisionnement — « Acheter canadien » 
Les innovateurs et les entrepreneurs vont là où se trouvent les clients. Si les entreprises canadiennes ne peuvent pas vendre leurs produits technologiques de pointe au Canada, elles iront là où elles peuvent les vendre. Le Canada devrait attirer les entreprises innovatrices en assouplissant les règles d'approvisionnement et en agissant comme premier acheteur de technologies canadiennes novatrices. De plus, les Canadiens ont tendance à considérer nos propres produits comme étant de qualité inférieure et à acheter des produits étrangers. Une campagne « Acheter canadien » serait conforme aux programmes mis en place dans nos pays concurrents et encouragerait les entreprises canadiennes à fabriquer des produits de haute qualité pour le marché intérieur, tout en incitant les consommateurs canadiens à appuyer les produits et l'innovation à l'échelle locale.
Sortir le Canada de l'isolement 
Les Canadiens ont tendance à aller à l'école, à s'établir et à travailler relativement près de l'endroit où ils ont grandi et ils sont moins disposés à se déplacer pour le travail que leurs collègues américains et étrangers. Il faudrait inciter les Canadiens à poursuivre leur travail et leur éducation à l'étranger ou ailleurs au Canada, afin de les sensibiliser aux différentes idées et façons de faire des affaires, ce qui les rendrait du coup plus novateurs.
Large bande 
L'accès à une large bande de haute qualité est une condition préalable au développement des compétences et des aptitudes numériques nécessaires pour réussir dans ce domaine. Le gouvernement doit jouer un rôle de premier plan pour faire en sorte que le plus grand nombre possible de Canadiens aient accès à des services à large bande abordables et de haute qualité.
Les Autochtones 
Le potentiel de la population autochtone du Canada en tant que participants à notre régime économique et en tant que bénéficiaires de ce régime est énorme, en particulier au Manitoba. Les communautés autochtones sont généralement jeunes et leur taux de natalité est élevé, contrairement à la plupart des autres régions du pays. Cependant, ces communautés sont aussi généralement sous-qualifiées et sous-utilisées. Si le gouvernement peut mieux appuyer le développement économique et le perfectionnement des compétences des Autochtones, non seulement les collectivités autochtones, mais le Canada dans son ensemble en bénéficieront.
Compétences et apprentissage intégré au travail 
L'apprentissage intégré au travail (AIT) tend actuellement à mettre l'accent sur l'expérience de travail à la fin des études, mais il devrait plutôt être accessible tout au long de l'éducation afin que les étudiants puissent mettre à l'épreuve leur carrière éventuelle et se « réorienter » ou ajuster leur parcours pour appliquer leurs talents là où ils sont le mieux en mesure de le faire et les plus enclins à le faire. Reconnaissant la nécessité pour les étudiants qui entrent sur le marché du travail de s'adapter à différents emplois, les programmes d'AIT devraient mettre l'accent sur l'enseignement de compétences transférables comme la résolution de problèmes et inculquer une culture de l'apprentissage continu. Le gouvernement doit également jouer un rôle en incitant le secteur privé à investir dans le développement des compétences par le biais de l'éducation et de la sensibilisation, ainsi que par des subventions.
Titres de compétences et agrément 
Le besoin de souplesse et de compétences transférables est de plus en plus nécessaire, mais les entreprises doivent quand même s'assurer qu'elles embauchent une main-d'œuvre qualifiée et de bonne réputation. Pour tenir compte de ce constat, le gouvernement devrait coordonner les programmes de microaccréditation par l'entremise des polytechniques où les travailleurs n'ont pas à suivre un programme complet pour être reconnus dans un secteur de compétence générale et être rapidement accrédités dans un domaine précis où les besoins sont criants. Dans le secteur privé, les entreprises devraient essayer de repérer les « intrapreneurs » au sein de leur organisation et les aider à accéder à ces programmes pour développer leurs compétences.
Bassin de compétences et de talents 
Les entreprises qui cherchent à investir au Canada doivent s'assurer que le Canada possède le bassin de talents nécessaire pour soutenir leur investissement. Étant donné le taux de natalité naturel du Canada, il est peu probable que les citoyens nés au Canada puissent satisfaire cette demande. Par conséquent, le gouvernement doit veiller à ce que la politique d'immigration appuie la croissance économique et à ce que les immigrants participent pleinement à l'économie canadienne. Bien que la Stratégie en matière de compétences mondiales soit un bon point de départ, il est tout aussi essentiel de veiller à ce que les immigrants canadiens reçoivent la formation linguistique nécessaire pour travailler dans les milieux de travail canadiens et soient en mesure d'obtenir rapidement et facilement une accréditation et une reconnaissance professionnelle.
Collaboration fédérale-provinciale 
Un manque de coordination entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux peut entraîner des problèmes pour les entreprises en raison des taxes qui se chevauchent et qui sont contreproductives, des mesures de soutien aux entreprises qui vont à contre-courant, et des écarts en matière d'éducation entre les provinces. Les Canadiens bénéficieraient d'une approche fédérale-provinciale du soutien à l'innovation, aux compétences et à l'éducation mieux coordonnée.

Liste des participants

  1. University of Winnipeg
  2. West Canitest R&D Inc. (WestCaRD)
  3. Research Manitoba
  4. Aboriginal Council of Winnipeg
  5. Gouvernement du Manitoba
  6. Economic Development Winnipeg
  7. Prairie Agricultural Machinery Institute (PAMI)
  8. Micropilot
  9. Horizon Three
  10. North Forge Technology Exchange
  11. Information and Communication Technologies Association of Manitoba (ICTAM)
  12. Consortium en aérospatiale pour la recherche et l'innovation au Canada (CARIC)
  13. New Media Manitoba
  14. Manitoba Technology Accelerator
  15. Society of Manufacturing Engineers
  16. Manitoba Insititute of Trades and Technology
  17. NetSet Communications
  18. Women's Enterprise Centre
  19. BioScience Association of Manitoba
  20. Bold Innovation Group