Document de consultation : Élaboration d'une stratégie pancanadienne en matière de génomique

La période de consultation est maintenant terminée. Le gouvernement du Canada tient à remercier toutes les personnes qui ont pris part aux discussions visant à favoriser la commercialisation et l’utilisation des innovations et des technologies génomiques au pays.

Table des matières

Introduction

La génomique est l'étude de l'ensemble de l'information génétique d'un organisme codée dans l'ADN et d'autres molécules, ce qui inclut la structure, la fonction, l'évolution, la cartographie et l'édition du génome. La génomique, associée à d'autres disciplines (p. ex. l'intelligence artificielle, la bioinformatique et la biologie synthétique), est considérée comme une technologie clé permettant de relever les défis mondiaux et nationaux comme les changements climatiques, la mise en œuvre de la santé de précision, les pandémies, la protection de l'environnement, la sécurité alimentaire et énergétique, ainsi que la reprise économique. Nombreux sont ceux qui ont également reconnu le rôle important de la génomique et de ses applications pour aider le Canada à lutter contre la pandémie de COVID‑19 (p. ex. suivi et séquençage des variants de la COVID‑19, dispositifs de diagnostic, vaccins et traitements à base d'ARNm).

Au cours des vingt dernières années, le Canada s'est doté d'une force de classe mondiale en matière de recherche en génomique et il est bien placé pour demeurer un chef de file dans ce domaine, vu les avantages que lui confèrent son solide écosystème de recherche, son système de santé publique bien établi, la diversité de ses écosystèmes et l'abondance de ses ressources naturelles et de ses secteurs agroalimentaires. Le gouvernement du Canada a également joué un rôle important dans le soutien de la recherche et du développement (R-D) en génomique à toutes les étapes de la filière d'innovation, de la recherche fondamentale à la commercialisation, dans le cadre de diverses initiatives.

L'intérêt mondial pour la R‑D en génomique s'est considérablement accru, comme en témoignent les importants investissements et activités entrepris dans d'autres pays (p. ex. les États-Unis, le Royaume‑Uni et la France). Malgré les investissements du gouvernement du Canada dans la recherche liée à la génomique, le Canada continue de connaître un déficit d'innovation dans le transfert des connaissances issues de la recherche aux étapes de commercialisation et d'adoption. La mise en place de la filière d'innovation en génomique peut prendre plus d'une décennie et entraîner des coûts initiaux élevés, sans garantie d'un rendement du capital investi. Les entreprises canadiennes, qui sont surtout des petites et moyennes entreprises, n'ont peut-être pas la capacité de propulser la génomique vers la commercialisation et l'adoption, surtout lorsque les besoins du marché sont indéterminés.

Dans l'ensemble, le Canada risque de prendre du retard par rapport à ses pairs, qui sont bien placés pour attirer et générer des talents, des investissements, des innovations et des entreprises liés à la génomique à l'avenir. L'intensité de la R-D en biotechnologieNote de bas de page 1 du Canada dans le secteur des entreprises (0,0537 % en 2019) et sa part des brevets en biotechnologie (2,1 % en 2018) se classent constamment aux rangs inférieurs des pays du G7Note de bas de page 2. Malgré la hausse du nombre d'entreprises canadiennes de biotechnologie (de 375 entreprises en 2001 à environ 900 en 2020Note de bas de page 3) et d'appels publics à l'épargne (de 735 millions de dollars en capitaux propres en 2018 à plus de 1,5 milliard de dollars en 2020Note de bas de page 4), le taux d'utilisation de la biotechnologie dans l'ensemble de l'économie canadienne demeure faible (1,6 % en 2017; 1,1 % en 2019Note de bas de page 5). Pour être en mesure de rivaliser avec ses pairs et de concrétiser les avantages scientifiques, commerciaux, socioéconomiques et environnementaux qui pourraient être générés, le Canada devrait profiter de l'intérêt mondial actuel et tirer parti de sa propre excellence en recherche en génomique pour mieux stimuler la commercialisation et l'adoption des technologies et des innovations en génomique.

Élaboration d’une stratégie pancanadienne en matière de génomique

La Stratégie pancanadienne en matière de génomique (SPCG), dotée d'un budget de 400 millions de dollars, a été annoncée dans le budget de 2021 afin de faire progresser la commercialisation et l'adoption de la génomique et des technologies connexes, de renforcer le leadership mondial du Canada et de positionner le Canada pour qu'il connaisse un succès à long terme dans la bioéconomie mondiale, tout en améliorant la cohérence et la coordination entre les principaux acteurs. La SPCG comprendra la gamme complète des activités du gouvernement du Canada liées à la génomique, y compris les investissements dans la nouvelle approche axée sur les défis de Génome Canada, ainsi que d'autres initiatives liées à la SPCG, par l'intermédiaire de l'écosystème de la génomique.

Afin de faciliter la mise au point des objectifs de la SPCG, le gouvernement du Canada cherche à collaborer avec certains intervenants afin de mieux comprendre les défis et les possibilités auxquels fait face l'écosystème canadien de la génomique en vue de commercialiser les technologies et les innovations en génomique et de les intégrer aux politiques et aux pratiques. Dans le cadre de cet exercice de consultation, le gouvernement du Canada cherche à obtenir les commentaires des intervenants sur les orientations thématiques proposées par la SPCG, ainsi que sur les mesures et les interventions qui pourraient être envisagées pour saisir les occasions et relever les défis. Le présent document de consultation présente une série de cinq thèmes, assortis de questions à examiner.

Le paysage de la génomique au Canada – occasions et défis

Contexte

Le paysage canadien de la génomique s'étend dans tout le pays, et les niveaux d'expertise et de collaboration varient au sein des gouvernements, de l'industrie, du milieu universitaire et des organismes à but non lucratif. La répartition des capacités en génomique du Canada présente à la fois des occasions et des défis pour l'avancement de la génomique au pays. Parmi les exemples de forces régionales dans ce domaine, mentionnons l'agriculture et l'agroalimentaire dans les Prairies, en Ontario et en Colombie-Britannique; les pêches et l'aquaculture dans les provinces de l'Atlantique, en Colombie-Britannique et au Québec, et la foresterie en Colombie-Britannique et au Québec.

Comme la génomique et les domaines connexes continuent d'évoluer, on peut faire davantage pour améliorer le paysage de la génomique au Canada. Il pourrait s'agir de mieux coordonner le soutien à la génomique, d'assurer l'échange des données entre administrations, de faire la génomique des populations dans le domaine de la santé, de protéger l'environnement et de promouvoir la durabilité, d'augmenter les activités en aval, ainsi que d'améliorer l'adoption de la génomique par les secteurs privé et public.

Questions à examiner

  1. Quels sont les possibilités, les lacunes et les défis particuliers du paysage de la génomique au Canada en ce qui concerne l'adoption et la commercialisation? Comment peut-on les aborder, que ce soit dans le cadre de la SPCG ou d'autres mécanismes?
  2. Les régions ont acquis une spécialisation en fonction de leurs forces industrielles et de leur environnement naturel. Quelles sont les forces régionales en génomique au Canada? Comment la SPCG peut-elle aider à tirer parti de l'expertise régionale dans une approche pancanadienne pour faire progresser les priorités nationales communes et la position du Canada dans la bioéconomie mondiale?
  3. Comment les intervenants de l'écosystème canadien de la génomique peuvent-ils mieux travailler ensemble pour favoriser l'adoption et la commercialisation de la génomique au Canada et dans le reste du monde?
  4. Quelles sont les forces et les faiblesses de l'infrastructure canadienne en génomique? Quels sont les défis et les possibilités d'accès et d'utilisation de l'infrastructure et des outils liés à la génomique dans les secteurs et les régions?

Développer, retenir et attirer les talents

Contexte

L'adoption et la commercialisation des technologies et des innovations en génomique exigent la capacité et l'expertise d'un personnel hautement qualifié. Bien que le Canada soit reconnu pour son développement des compétences et des talents dans l'écosystème de la R-D et qu'il bénéficie d'un afflux constant d'immigrants qualifiés, il pourrait continuer à éprouver des difficultés à rivaliser pour attirer et conserver les meilleurs talents canadiens et mondiaux. De plus, comme la génomique et les disciplines connexes sont en constante évolution, le personnel hautement qualifié au Canada peut également être confronté à des obstacles pour maintenir son expertise à mesure que de nouvelles avancées et tendances se dessinent.

Questions à examiner

  1. Quels sont les principales occasions à saisir et les principaux défis à relever pour développer, retenir et attirer les talents en génomique au Canada?
  2. Quels sont les éventuels besoins en matière de formation spécialisée dans certains secteurs ou domaines afin de favoriser l'adoption et la commercialisation de la génomique au sein de l'économie?
  3. Que peut-on faire pour veiller à ce qu'à mesure que l'écosystème canadien de la génomique se développe, il soit de plus en plus représentatif de notre diversité et qu'il assure l'équité et l'inclusion?

Optimiser la gestion, la normalisation et l’utilisation des données génomiques

Contexte

Comme la génomique continue de générer de grandes quantités de données, l'optimisation de ses effets exige la capacité de stocker, de consulter, d'échanger, d'intégrer et de gérer les données génomiques dans divers systèmes d'information, dispositifs et applications de manière coordonnée et normalisée, à l'intérieur et au-delà des frontières organisationnelles, régionales et nationales.

Le déploiement et l'intégration d'autres technologies émergentes (p. ex. l'intelligence artificielle et l'analyse avancée des données) présentent des débouchés pour les données génomiques. L'écosystème canadien de la génomique devra faire preuve d'agilité pour suivre le rythme des tendances internationales, tant sur le plan des progrès technologiques que des normes et protocoles de données, y compris les préoccupations relatives à la protection de la vie privée et à la sécurité, afin de tirer pleinement parti des données génomiques disponibles pour permettre la commercialisation et l'adoption de la génomique.

Questions à examiner

  1. Quelles sont les forces et les faiblesses de l'infrastructure canadienne des données liées à la génomique? Dans quelle mesure répond-elle aux besoins actuels des intervenants en matière de données?
  2. Quels sont les plus grandes occasions à saisir et les plus grands défis à relever pour optimiser la gestion, la normalisation et l'utilisation des données en génomique dans le contexte canadien et mondial?
  3. Comment les intervenants de l'écosystème canadien de la génomique peuvent-ils mieux soutenir l'échange et la gestion des données, ainsi que l'élaboration ou l'application de normes en la matière?
  4. Vu les grandes avancées dans le développement de la technologie, notamment la réduction des coûts et du temps de séquençage et de traitement des échantillons génomiques au cours des vingt dernières années, que peut faire le gouvernement du Canada pour tirer davantage parti des données en génomique et en optimiser l'utilisation? 

Favoriser la commercialisation et l’utilisation des technologies et des innovations canadiennes en génomique

Contexte

La R-D en génomique au Canada continue de se buter à des obstacles pour passer à l'étape de commercialisation et d'adoption. La génomique est complexe et coûteuse, surtout aux premiers stades de développement, et elle exige l'accès à une infrastructure et à des processus de pointe. Afin de réduire davantage les risques et d'amener les technologies et les innovations fondées sur la génomique à la commercialisation et à l'utilisation, le soutien du gouvernement (tant fédéral que provincial ou territorial) a été nécessaire, tout comme d'autres sources d'expertise en recherche, d'infrastructure et de capitaux du secteur privé. Le Canada fait également face à une capacité d'absorption limitée en raison des faibles dépenses intérieures brutes traditionnellement consacrées à la R-D, du manque d'entreprises de plus grande taille et de l'accès limité au capital par rapport à d'autres pays.

La sensibilisation des éventuels utilisateurs finaux constitue également un défi. De nombreux domaines présentant un potentiel de commercialisation et d'adoption, notamment dans les secteurs traditionnels du Canada comme l'agriculture, la foresterie, les océans et les mines, ainsi que dans le domaine de la protection de l'environnement, ne sont peut-être pas conscients des avantages d'intégrer la recherche et les technologies fondées sur la génomique dans leurs processus d'innovation. Afin de mieux faire connaître ces avantages et de dissiper les idées fausses du public sur la génomique et les sciences connexes, qui sont souvent des domaines complexes qui évoluent rapidement, il pourrait falloir redoubler d'efforts pour sensibiliser et informer davantage les éventuels utilisateurs finaux.

Questions à examiner

  1. Quels sont les plus grandes occasions à saisir et les plus grands défis à relever pour commercialiser les technologies et les innovations en génomique dans le contexte canadien?
  2. Comment la SPCG peut-elle aider à maximiser les avantages socioéconomiques et environnementaux pour le Canada de la commercialisation et de l'utilisation des technologies et des innovations en génomique au Canada et à l'étranger?
  3. Comment les intervenants de l'écosystème canadien de la génomique peuvent-ils mieux harmoniser leur soutien pour favoriser la commercialisation et l'utilisation des technologies et des innovations en génomique? Comment pourrait-on tirer parti des installations des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux?
  4. Sur quoi le gouvernement du Canada et l'écosystème canadien de la génomique devraient-ils se concentrer pour mieux soutenir la commercialisation, l'adoption et l'utilisation des technologies et des innovations en génomique?

Adoption de la génomique dans les secteurs clés – santé, environnement, technologie propre, alimentation et ressources naturelles

Contexte

Bien que la santé demeure le principal centre d'intérêt de la génomique au Canada et ailleurs dans le monde, le Canada bénéficie d'une approche multisectorielle qui applique la R-D en génomique aux ressources naturelles (p. ex. la foresterie, l'énergie et les mines), aux aliments (p. ex. l'agriculture et l'agroalimentaire, l'aquaculture et les pêches), aux technologies propres et à la protection de l'environnement. Il est essentiel de favoriser l'adoption et la mise en œuvre de la génomique dans les politiques et les pratiques au Canada afin de soutenir les futures percées transformatrices dans les secteurs d'importance stratégique.

Questions à examiner

  1. Comment l'écosystème canadien de la génomique peut-il mieux collaborer, notamment dans le cadre de politiques et de programmes de soutien, afin de veiller à ce que les technologies et les innovations en génomique, à mesure qu'elles se concrétisent, soient adoptées par les secteurs clés et le grand public au Canada?
  2. Quels sont les secteurs clés qui sont prêts à adopter la génomique ou qui offrent le plus grand potentiel pour ce faire? Quelles sont les prochaines étapes à franchir pour exploiter ce potentiel?
  3. Quels sont les secteurs clés qui ne sont pas encore prêts et que faut-il faire pour qu'ils le soient?

Conclusion

Une stratégie nationale inclusive qui décrit l'approche du Canada pour soutenir la commercialisation et l'adoption de la génomique, dans le cadre d'une collaboration entre les secteurs et les régions, permettra de positionner davantage le Canada comme chef de file des technologies et des innovations en génomique, ce qui se traduira par de meilleurs résultats socioéconomiques et environnementaux pour les Canadiens.

En conclusion, nous demandons aux intervenants de réfléchir à ce que devrait être la principale priorité du Canada en vue de la SPCG.

Nous tenons à remercier tous les participants à la consultation sur la SPCG pour leur temps et leur contribution. La rétroaction et les commentaires fournis permettront ultimement d'éclairer et de façonner la SPCG afin d'améliorer la vie des Canadiens, de donner au Canada un avantage concurrentiel en génomique et dans les domaines connexes, ainsi que de stimuler la croissance économique.

À la suite des consultations, nous analyserons les commentaires reçus afin d'élaborer la stratégie finale. Un résumé de ce qui a été entendu au cours du processus de mobilisation des intervenants sera également préparé et transmis aux intervenants. S'il reste des questions à aborder ou des aspects à approfondir, les intervenants sont invités à soumettre leurs commentaires au moyen du portail Web.