Table ronde visant à assurer la croissance des entreprises et à accélérer la croissance propre

Entrevues menées depuis juillet 2016 — Cambridge, au Royaume-Uni
Assurer la croissance des entreprises et accélérer la croissance propre
Présenté par Sarah Lubik

Domaine d'intérêt

Que peut faire le Canada pour créer des entreprises de plus d'un milliard de dollars? Que peut apprendre le Canada d'autres pays afin de mieux contribuer à l'expansion des entreprises?

Faits saillants

Tant pour un pays que pour une entreprise, l'expansion exige de la bravoure, de la patience et la capacité d'accepter l'échec, de composer avec celui-ci et d'en tirer des leçons. Même l'échec de grandes entreprises peut avoir une incidence positive en « libérant » des talents en entrepreneuriat. Il faut aussi investir dans les gens et dans l'infrastructure financière et matérielle, notamment dans l'accès aux marchés intérieurs et extérieurs. Le talent est l'élément crucial sur deux plans : perfectionner et attirer des employés talentueux, ainsi que renforcer les compétences de dirigeants capables d'effectuer l'expansion de leurs entreprises.

Pour pouvoir combler les lacunes permettant d'améliorer la situation, il faut recueillir des données pour savoir ce qui fonctionne et pouvoir appuyer ceux sont prêts à s'attaquer à ce défi.

L'expansion du secteur de la technologie propre nécessitera des modifications à la fois radicales et progressives. Il faudra une solide accélération du marché comportant des impératifs commerciaux. Le gouvernement peut envisager l'adoption d'une politique en matière d'innovation sociale ou la création de « grands projets » ou bien offrir des subventions qui faussent les conditions du marché. Le fait de cibler des problèmes propres à un pays ou d'envergure mondiale a aussi été efficace. Les entreprises qui connaissent du succès envisagent les problèmes traditionnels dans une perspective novatrice en établissant des ponts entre des secteurs n'ayant auparavant aucun lien.

Résumé de la discussion

Le Royaume-Uni fait face à des problèmes similaires à ceux du Canada pour ce qui est d'un marché de capital de risque de faible envergure et une vaste dispersion des investissements. Cette situation ne contribue pas à la croissance véritable de l'infrastructure industrielle. Les investissements dans de nombreuses entreprises œuvrant dans le même secteur d'activité peuvent favoriser une saine concurrence. Le rapport sur l'expansion de Sherri Coutu met l'accent sur cinq défis principaux du Royaume-Uni : attirer les bons talents, accroître les compétences des chefs de file, avoir accès aux clients, avoir accès à la bonne combinaison d'infrastructures financières et habilitantes (y compris l'accès à des installations de recherche et développement). Une solution en matière d'accès à l'infrastructure est de partager de l'espace avec des entreprises bien établies. Pour y arriver, il faut déployer des efforts auprès des intervenants au niveau local.

Le gouvernement israélien fournit un soutien continu et non remboursable aux entreprises en expansion. Les accélérateurs financés par le gouvernement ont permis de créer de nouvelles entreprises et de redonner au secteur privé les capitaux propres nécessaires pour diriger les entreprises. D'autres accélérateurs financés par le gouvernement sont confiés à des intervenants externes. Un modèle privé d'accélération qui a connu du succès, soit le Programme des accélérateurs en technologie financière de Citibank, est reconnu pour sa capacité à attirer les meilleurs talents au monde en Israël afin qu'ils puissent diriger son programme.

Aux Pays-Bas, l'entreprise néerlandaise DSM qui fabrique des produits chimiques s'est associée au gouvernement pour financer des entreprises en démarrage pouvant répondre à ses besoins techniques. Ce modèle permet un meilleur appariement entre des problèmes véritables et des solutions possibles attribuables à de nouvelles technologies ou applications et à des marchés équilibrés.

Le fort rendement des É.-U. sur le plan de l'expansion des entreprises peut être attribué à leurs investissements militaires dans les technologies en développement (particulièrement les fonds consacrés à la recherche novatrice des petites entreprises (subventions SBIR) qui exigent que les entités gouvernementales d'une certaine taille (comme le DoE) investissent un pourcentage établi de leur budget dans des initiatives scientifiques et technologiques allant des subventions à la validation du principe jusqu'à la signature d'un contrat en bonne et due forme), à une solide culture de l'entrepreneuriat et à leur vaste marché intérieur. Une forte population d'immigrants y contribue. L'industrie canadienne a l'occasion de s'associer à des organismes américains pour accéder plus facilement aux technologies et aux marchés.

Si nous voulons appuyer l'expansion de nos entreprises, nous devons penser à mettre en place l'infrastructure et les locaux qui permettront aux entreprises de 30 à 500 employés de croître plus facilement.

Principales considérations et principaux défis à la mise en œuvre

Approche écosystémique : Dans le cas des entreprises en croissance ou en progression d'échelle, on doit prévoir un écosystème efficace de soutien et, plutôt que de considérer individuellement les facteurs « gagnants » qui entrent en jeu, on doit examiner systématiquement chaque point d'inflexion de la courbe de croissance. Il s'agit aussi de regarder tous les plateaux et les points de régression qui se présenteront naturellement dans l'évolution d'une entreprise. Qu'une entreprise ne fasse plus partie de la « liste des entreprises en pointe de croissance » ne veut pas dire qu'elle a cessé d'avoir du succès, c'est qu'on doit alors insister sur un horizon d'observation à plus long terme. On a aussi considéré que le manque de coordination entre les intervenants et les régions posait un problème.

On se doit également de regarder les grappes et les écosystèmes locaux pour reconnaître les entreprises extensibles et faire de la progression d'échelle un des objectifs à atteindre, mais il faut pour cela reconnaître que les entreprises à forte croissance non seulement appartiennent nettement à des secteurs de technologie, mais qu'elles ne sont pas nécessairement des entreprises nouvelles et peuvent prendre leur envol en dehors des grappes établies ou des grandes villes. Aussi importe-t-il moins de regarder les aspects géographiques que d'identifier les entreprises ayant les caractéristiques recherchées.

Partenariats public-privé : Les conditions liées au financement fédéral des partenariats public-privé sont souvent sensibles au temps et ne correspondent pas aux réalités d'une entreprise commerciale, ce qui peut venir influencer directement les partenaires du secteur privé dans l'adoption d'une perspective à plus court terme.

Mobilisation des talents : Il y a véritablement une concurrence mondiale pour la mobilisation des talents. L'avantage concurrentiel dont jouit un pays dans ce cas a à voir avec sa fiscalité et son régime d'octroi de visas. L'extensibilité dont nous avons parlé exige que l'on mette l'accent sur les compétences et qu'on se donne des dirigeants qui peuvent faire œuvre utile dans ce domaine, faisant naître une base de clientèle assez grande dans un pays avant de passer à un autre. On a retenu publiquement une suggestion du Royaume-Uni pour que l'éducation occupe le plus haut rang dans le monde et pour veiller à ce que les établissements d'enseignement créent des liens et exposent les élèves à la progression d'échelle pour les entreprises locales.

Finances : Financer selon le bon dosage joue un grand rôle dans la progression d'échelle. Les banques seront moins enclines à prêter de l'argent aux sociétés novatrices et aux grands fonds de capitaux propres qui ne se trouvent pas au Canada. Quand le capital vient de l'étranger, le problème de la relocalisation peut se poser. Au Royaume-Uni, on a créé le Business Growth Fund et la British Business Bank pour assurer un capital à la croissance. Ces deux organes doivent présenter un rapport sur leurs activités après plusieurs années.

Principales idées et principaux résultats

Délais et données : Il y a lieu de songer à des investissements et des objectifs à court, moyen et long terme, ainsi qu'à des systèmes pour en suivre la réalisation et fournir de l'information aux secteurs public et privé au fil des ans. Une tranche du financement public pourrait être affectée à cette fonction (et planifiée pour sa poursuite).

Capitaux : Le capital doit être patient et se donner une perspective à long terme. Il faut aussi qu'il y ait suffisamment de capitaux disponibles pour d'utiles placements en suivi et pour que le capital ne soit pas dilué au point de devenir moins utile. Pour ce qui est de la volonté de composer avec les défaillances ou les reculs de grandes entreprises, le Canada pourrait envisager des fonds ou des banques axés sur la croissance et dotés d'un « fonds de survivance », c'est-à-dire d'un petit fonds d'investissement permettant aux entreprises en difficulté de traverser des périodes de tourmente ou d'échec. Les investisseurs peuvent aussi jouer un rôle très perturbateur dans une société et les décisions en matière de participation au capital doivent se prendre d'une manière équilibrée. On peut tout autant inciter les sociétés à travailler avec des entreprises en démarrage dans les domaines qui ont de l'importance pour elles.

Réseaux : On peut considérer que les réseaux collaboratifs de soutien formés de gens ou d'organismes nationaux ou internationaux et qui s'articulent autour d'une certaine technologie ou famille technologique sont de nature à abaisser les divers niveaux de risque et à élever la valeur globale d'une collectivité, tout comme la création de réseaux articulés autour de questions d'intérêt général (vieillissement, énergies non polluantes, santé mentale, etc.). Les fonds peuvent aussi jouer ce rôle en investissant dans des entreprises qui peuvent entretenir utilement des liens de collaboration avec des sociétés de portefeuille existantes.

Approvisionnements : Les approvisionnements ne doivent pas profiter uniquement aux grandes sociétés; les gouvernements devraient adopter un régime ouvert de compétitivité favorable à la croissance et à l'innovation dans la petite et moyenne entreprise. Les processus et les exigences de déclaration doivent toutefois être réalistes et aider la petite et moyenne entreprise à réussir. Les gouvernements pourraient également investir dans la R-D s'occupant des problèmes du secteur public. Les administrations locales et nationales pourraient être mesurées à l'échelle de leurs approvisionnements auprès d'entreprises canadiennes en progression d'échelle.

Extensibilité : L'extension de la technologie et l'extension de l'activité commerciale ne sont pas la même chose, et il en va de même de l'extension de l'emploi dans le cas, par exemple, d'une entreprise qui se donne une haute valeur sur le marché pour ensuite se vendre. Dans ce cas, le gouvernement doit comprendre et reconnaître les objectifs utiles pour une mesure efficace de la réussite.

Talents : C'est la vision de l'extensibilité qui est offerte aux entreprises atteignant l'échelle nécessaire pour pouvoir recruter plus rapidement des talents nécessairement rares. Les entités gouvernementales pourraient être mesurées à l'efficience de leur aide dans ce domaine. Des liens de mentorat pourraient également aider. Les élèves devraient aussi être conscients des domaines où les compétences sont en demande, recevoir une aide en formation et une exposition à l'entreprise dans chaque discipline. Des employés à maturité pourraient enfin être reformés au travail à accomplir en matière de progression d'échelle.