Maya Urbanowicz (Maya) : Vous écoutez « Voix de la PI canadienne », un balado où nous discutons de propriété intellectuelle avec des professionnels et des intervenants du Canada et d'ailleurs.
Vous êtes entrepreneur, artiste, inventeur ou simplement curieux? Vous allez découvrir des problèmes concrets et des solutions concrètes ayant trait au fonctionnement des marques de commerce, des brevets, du droit d'auteur, des dessins industriels et des secrets commerciaux dans la vie de tous les jours. Je m'appelle Maya Urbanowicz et je suis votre animatrice d'aujourd'hui.
Les points de vue et les opinions exprimés dans les balados sur ce site Web sont ceux des baladodiffuseurs et ne reflètent pas nécessairement la politique ou la position officielle de l'OPIC.
L'enregistrement original de l'entrevue de Haloo a été fait en anglais. Vous écoutez la version française dans la voix hors champ, réalisée par Sylvie Bélanger, au nom de Julie MacDonell.
Maya : Dans cet épisode, nous rencontrons Julie MacDonell, qui est une avocate principale qui se spécialise en marques de commerce. Julie aide depuis plus d'une décennie, les entrepreneurs et grandes compagnies à enregistrer leurs marques de commerce au Canada et à travers le monde. Dans ces années d'expérience, Julie a dû aussi partager des fois les leçons et les processus plus douloureux où elle a vu des entreprises perdre leur marque et/ou leurs affaires du jour au lendemain parce que la marque qu'ils utilisaient n'était pas protégée.
En tant qu'avocate et agente de marque de commerce, Julie a aussi la formation officielle et les connaissances nécessaires pour enregistrer des marques de commerce. Elle sait que le processus peut être complexe.
Ces dernières années, Julie a bâti Haloo, une nouvelle entreprise basée sur son expérience et son expertise jumelées à l'intelligence artificielle pour effectuer une partie du travail. Dans certains modèles, le système d'intelligence artificielle peut effectuer des tâches en une fraction du temps que cela prendrait à une personne. Certains appellent cela une perturbation de l'industrie juridique et des marques de commerce.
Julie, nous allons parler beaucoup des marques de commerce aujourd'hui, mais avant, j'aimerais que vous nous parliez un peu de vous et votre entreprise, parce que non seulement vous avez une différente idée et approche pour résoudre les vrais problèmes de PI, mais aussi, votre entière entreprise est un peu différente. Pourquoi?
Julie MacDonell (Julie) : Oui, je pense que je comprends exactement où vous voulez en venir avec cette question parce que nous sommes vraiment compétents et fiers à plusieurs égards, en particulier, la façon dont nous construisons notre entreprise autour de la diversité.
Nous pensons fondamentalement qu'il existe un moyen de faire des affaires qui construit le monde auquel nous voulons appartenir. Nous pensons que chaque action que nous entreprenons dans le monde des affaires peut contribuer à un changement positif ou, au contraire, renforcer des systèmes injustes.
La mission d'Haloo, dans l'ensemble, est d'abaisser les barrières d'accès en termes de participation économique, ce qui, selon nous, est au cœur de plusieurs problèmes auxquels nous sommes confrontés dans notre société.
Notre mission et nos convictions en matière de diversité comportent de plusieurs aspects. Je pense que toutes les femmes ont été victimes de préjugés d'une manière ou d'une autre. Par exemple, j'ai plusieurs amies dans le domaine de la technologie qui me parlaient des préjugés auxquels elles étaient confrontées, étant souvent seules dans la pièce. Par exemple, nous avons intentionnellement construit une entreprise et une équipe technique dirigées par des femmes. Notre directrice technique est une femme, ce qui est extrêmement rare pour une startup technologique. Nous avons aussi une femme à la tête de nos scientifiques en intelligence artificielle et 90% de notre équipe produits est sous-représentée. Il y a plus que cela d'un point de vue stratégique. Je crois fermement que cette diversité nous permet de créer de meilleurs produits pour un plus grand nombre de personnes. Je vais expliquer exactement ce que je veux dire par là en utilisant un exemple concret.
Nous disposons d'un outil qui aide les gens à créer des demandes d'enregistrement de marques à sécurité intégrée, et nous le faisons en suggérant automatiquement des descriptions de produits et services correctes. Espérons que la plupart des membres de votre public savent généralement ce que c'est une description de biens et de services acceptable. Comme vous le savez probablement, certains des identifiants manuels sont sexués. Les vêtements, par exemple. Il existe des descriptions de produits pour les vêtements pour femmes, et il y a aussi des descriptions pour les vêtements sans distinction de genre. C'est ce à quoi notre outil donne la priorité. En fait, c'est notre équipe diversifiée qui a attiré notre attention sur ce point et qui nous a dit : "Nous voulons créer un outil vraiment plus inclusif, et nous allons donc enlever la priorité de ces descriptions sexuées, et donner cette priorité aux descriptions plus inclusives.”
Vraiment, chaque choix que nous faisons, qu'il s'agisse d'embauche ou de conception de produits, contribue à notre façon spécifique très particulière, et je pense très différente, de construire une entreprise.
Maya : C'est très intéressant d'entendre votre différente approche et comment celle-ci est incorporée dans votre offre de service. Vous avez beaucoup d'expérience en matière d'aider les entreprises à obtenir leurs droits de PI pour leurs logos, marques et slogans. J'imagine que vous avez aussi vu, personnellement, les effets de ne pas comprendre entièrement les droits et le processus pour obtenir ceux-ci. D'après votre expérience, pourquoi la protection formelle de la PI est si importante?
Julie : C'est vraiment très important parce que la marque est très importante pour une entreprise. La PI est vraiment ce qui fera le succès de votre entreprise, ou malheureusement, vous mènera sur une voie où vous pourriez échouer. Ce qui nous passionne concernant le sujet que vous abordez, c'est la contrefaçon. Nous avons vu beaucoup trop de propriétaires de petites entreprises tout perdre du jour au lendemain, bien souvent parce qu'ils n'avaient tout simplement pas enregistré une marque de commerce. C'était tout à fait évitable et c'est vraiment déchirant de voir ces échecs.
De nombreuses personnes, en particulier des propriétaires de petites entreprises, sont venues me voir pour me parler de cette crise, face à cette violation. Beaucoup d'entre eux pleuraient à chaudes larmes au téléphone parce qu'ils étaient sur le point de perdre tout le travail, le temps et l'argent qu'ils avaient investi dans leurs marques. Malheureusement, je ne pouvais rien faire pour les aider, parce qu'ils n'étaient pas passés par le processus d'enregistrement officiel.
Il y a une histoire qui me touche en particulier. J'y pense très souvent alors que nous mettons au point nos outils pour aider les gens. C'est l'histoire d'une mère célibataire. Elle avait mis toutes ses économies dans une entreprise de faux cils. Elle avait un point de vente physique, ainsi que des produits de marque pour les cils, qu'elle vendait en ligne sur Amazon. Le nom de sa marque était trop similaire à un nom déjà déposé par une grande entreprise de cosmétiques. Elle n'avait aucun moyen de contourner le problème, elle devait y renoncer. La demande de cessation et de désistement qu'elle avait reçue de cette compagnie signifiait qu'elle ne pouvait plus continuer à utiliser la marque de quelque façon que ce soit. Elle venait de dépenser tout l'argent qu'il lui restait. Je pense qu'elle avait dépensé environ 30 000 dollars pour l'inventaire de la marque, et à cause de l'infraction, elle ne pouvait pas le vendre. Elle ne pouvait pas non plus récupérer ce coût. Cela signifiait qu'elle a tout perdu, parce qu'il n'y avait aucun moyen de changer de marque et de recommencer. Financièrement, elle ne pouvait pas se le permettre.
À l'époque, elle a dit quelque chose qui m'a frappé profondément. Elle s'est plainte : « Pourquoi ils ne vous parlent pas des marques déposées lorsque vous achetez un domaine ? Parce que le domaine était disponible. Je pense que cela signifiait que le nom était disponible. Lorsque j'ai enregistré mon domaine, je pensais que cela signifiait que je possédais ma marque. » Ce commentaire-là était un signal d'alarme pour moi. C'est vraiment ce qui m'a fait penser que l'intelligence artificielle avait le potentiel de diminuer le coût et la complexité du processus d'enregistrement des marques. Nous nous sommes dit : essayons de créer un Go Daddy, mais pour l'enregistrement des marques, de sorte que, lorsque vous démarrez une entreprise, vous pensiez à l'enregistrement des domaines, bien sûr, parce que tout le monde doit vendre en ligne maintenant, mais que vous pensiez aussi à l'enregistrement des marques, et à posséder réellement ce que vous construisez.
Maya : C'est une histoire qu'on entend trop souvent! C'est complexe. Bien que quiconque peut soumettre une demande pour une marque de commerce sur le site Web de l'OPIC, par exemple, la majorité des demandes sont, en fait, déposées avec l'aide d'un agent, comme vous, qui connait les règlements de qu'est-ce qui peut et ne peut pas être enregistré. Ce n'est pas toujours simple. Pouvez-vous expliquer à nos auditeurs qu'en fait, quand on parle de marques de commerce, les pommes sont, en fait, des oranges, dans un sens?
Julie : Oui. Je vais prendre un peu de recul sur cette question, parce que c'est quelque chose que je trouve vraiment utile d'expliquer aux gens. Fondamentalement, la mission de l'OPIC est de faire respecter le système qui protège les consommateurs. Pour ce faire, l'OPIC applique un certain nombre de règles très logiques concernant ce qui peut et ce qui ne peut pas être détenu en tant que marque.
En tant que consommateurs, nous pouvons tous comprendre cela. Vous voulez être certain que le produit que vous achetez est de la qualité à laquelle vous vous attendez. Les marques de commerce marquent littéralement un produit ou un service d'une particularité qui vous envoie des signaux sur la qualité et d'autres éléments. Lorsque vous voyez une chaussure marquée du mot Nike, cela vous donne des informations sur cette chaussure, et c'est ce qui vous aide à prendre une bonne décision quand vous l'achetez. Il existe toutes sortes d'autres règles qui protègent les consommateurs de manière similaire, des règles concernant les marques de commerce offensantes ou obscènes, des règles concernant les termes descriptifs. Personne ne souhaite que Starbucks soit la seule entreprise à posséder le mot café, par exemple, car nous perdrions alors toute concurrence. D'autres commerçants sur le marché du café pourraient ne pas être en mesure de décrire qu'ils offrent du café. Ces règles sont tellement logiques lorsqu'on les envisage sous l'angle de la protection des consommateurs.
L'exemple de Nike que je vous ai donné illustre la raison d'être de l'une des règles les plus importantes, à savoir que vous ne pouvez pas enregistrer une marque similaire à la marque de quelqu'un d'autre. Ceci est aussi lié à la question précédente sur la contrefaçon. Il serait déroutant pour les consommateurs de voir deux marques semblables pour le même produit ou service, ce qui explique pourquoi les entreprises font respecter et défendent leurs marques par des lettres de cessation et de désistement (CND). Ça explique aussi la raison pour laquelle l'OPIC applique ces règles pour interdire les marques trop similaires sur son registre de marques de commerce.
Ce sont toutes des règles très logiques, mais elles sont compliquées à évaluer avant de déposer une demande et beaucoup trop de gens essaient de déposer leurs marques sans vraiment comprendre comment évaluer ces règles et échouent dans leur demande. Ce que nous nous sommes donné comme mission, c'est de rendre cette partie consultative, d'offrir de l'aide pour comprendre le système et les règles, de l'aide que vous obtiendriez traditionnellement de la part des agents de marques de commerce, et je sais que c'est une très bonne option que l'OPIC encourage, mais Haloo a créé une option différente, pour donner cette aide aux requérants qui déposent eux-mêmes leur demande.
Maya : Merci d'expliquer que les règlements visent réellement à protéger le consommateur. C'est dans l'intérêt de tous de délivrer un droit de qualité au titulaire quand il dépose une demande pour une marque de commerce. Comme nous avons discuté et vous avez très bien expliqué, les règles pour obtenir cette protection formelle peuvent être complexes à naviguer, et donc nous avons des agents de marques de commerce et des examinateurs de marques de commerce, qui doivent compléter une formation considérable avant qu'ils puissent déposer ou examiner ces droits.
Vous nous avez parlé de cette solution de haute technologie qui peut aider dans ce processus. Je suis très curieuse, quelle est cette solution, et comment a-t-elle évolué avec le temps?
Julie : Vous avez tout à fait raison, les règles sont incroyablement complexes. Les personnes qui les comprennent vraiment et qui sont en mesure de traiter convenablement une demande ont suivi une formation importante et doivent avoir des années d'expérience.
Chez Haloo, à l'aide de nos outils, nous voulons aider les gens qui pourraient avoir de la difficulté à naviguer dans le système, en particulier à travers toutes ces règles. Nous voulons les aider à surmonter ces obstacles. Il peut s'agir d'obstacles financiers pour accéder aux agents de marques, par exemple. Il s'agit souvent de vendeurs Amazon et de jeunes entrepreneurs. Ces derniers temps, nous avons reçu un nombre vraiment extraordinaire de très, très jeunes entrepreneurs, l'un d'eux avait moins de 18 ans. Ils sont beaucoup plus habitués à utiliser des outils en ligne qu'à faire appel à des services juridiques.
Il peut aussi y avoir des barrières linguistiques. Nous avons un grand nombre de nouveaux immigrants, au Canada, qui trouvent plus facile d'utiliser un site Web parce qu'ils peuvent utiliser des outils de traduction et demander à des amis de les aider à comprendre. Il y a également des gens qui ont besoin de travailler en dehors des heures normales de travail, des parents par exemple, ce qui est un scénario très courant. Il s'agit d'entreprises qu'ils essaient de lancer en dehors de leurs heures de travail, ou encore, ils vendent sur des plates-formes de commerce électronique.
Essentiellement, ce que nous avons fait, c'est que nous avons mis le cerveau d'un expert en marques dans un outil en ligne. Nous avons créé un conflit, qui est cet exemple de Nike que j'ai expliqué, mais aussi toutes les autres règles concernant les marques offensantes ou obscènes, les marques descriptives, les marques officielles ou d'autres interdictions et règles concernant ce qui peut et ne peut pas être enregistré. En plus de cela, nous avons construit un outil d'application à sécurité intégrée. Il vous aide à ne pas faire d'erreurs dans votre demande, ce qui est un autre problème, et vous permet de vous préparer à réussir sans avoir à affronter tous ces obstacles auxquels certaines personnes sont confrontées. Ce que nous voulons, c'est que les gens protègent leurs marques dès qu'ils démarrent une entreprise. Si l'aide de qualité est simple, pratique et bon marché, nous pensons pouvoir la rendre aussi accessible et abordable que l'enregistrement d'un domaine, de façon à ce que les gens puissent protéger leurs marques lorsqu'ils le doivent, soit dès le premier jour.
Maya : Vous aussi avez utilisé le système de PI. Vous avez quelques marques de commerce, et maintenant vous avez cette solution avec de l'intelligence artificielle. Je pensais aux exemples que vous avez mentionnés plus tôt, de quelqu'un qui a investi beaucoup de temps, le besoin de protéger, et de l'importance de protéger la propriété intellectuelle. De la perspective d'une présidente d'entreprise, comment est-ce que vos actifs de PI s'alignent avec les objectifs de votre entreprise?
Julie : Oui, bien sûr. Il y a cette merveilleuse citation de Steven Forbes, qui dit que « votre marque est l'investissement le plus important que vous puissiez faire dans votre entreprise » et c'est quelque chose que nous croyons vraiment chez Haloo. Cela fait référence aux outils que nous offrons bien sûr, mais cette vision nous a servi dans notre entreprise à bien des égards. Comme tout propriétaire d'entreprise, nous consacrons constamment du temps et investissons de l'argent à la conception de notre marque. C'est vraiment la façon dont les gens vont s'engager avec notre entreprise et la comprendre.
Notre propre marque doit être aussi accessible et intelligente que possible, pour donner envie aux gens de s'occuper de la leur, tout en leur montrant que nos outils sont accessibles et intelligents. Parce que nous avons pris le temps de réfléchir et de protéger notre marque, nous pouvons aussi faire connaître davantage l'importance de l'image de marque pour nous aider à développer notre entreprise de plus en plus.
Beaucoup d'entrepreneurs passent à côté de ce concept. Vous voulez une marque vraiment, vraiment unique, pas une marque descriptive. Vous voulez une marque qui aura du succès, qui sera sur toutes les lèvres et qui aura le potentiel de croissance pour devenir un nom connu. Vous devez réfléchir à la manière dont vous allez atteindre cet objectif avec votre marque. L'un des éléments les plus importants est de vous assurer que vous en êtes le propriétaire exclusif. Cela vous permet de conclure des partenariats, d'accorder des licences, par exemple, et pour nous, cela signifie que nous avons pu conclure des partenariats avec de très grandes marques, des marques que nous aspirons à devenir. Nos outils seront intégrés dans leurs plates-formes alimentées par Haloo. Cela nous donne ces grands canaux de distribution pour atteindre beaucoup plus de PME et d'entrepreneurs. Ils connaîtront tous le nom et la marque Haloo, et l'associeront à cette réflexion que nous avons fait pour nous assurer que nos outils et notre marque étaient accessibles et intelligents.
Maya : Merci pour l'explication, et merci d'avoir partagé certaines stratégies que vous avez en tête. Je crois que c'est très utile pour quiconque qui considère démarrer une entreprise, et ces marques qui semblent plus à la portée, quelques-unes viennent en tête, mais qui ne sont pas nécessairement celles qui peuvent être protégées.
Le Canada a adhéré à quelques traités internationaux, alors il est vraiment maintenant plus facile de recevoir et soumettre des demandes dans d'autres pays. C'est un temps intéressant de travailler avec les marques de commerce, puisque le commerce de marchandises, évidemment, est en croissance dans le monde. Et à l'échelle mondiale, nous voyons presque une augmentation annuelle de 6% dans les dépôts de marques de commerce. Nous observons aussi d'autres formes d'actifs incorporels, comme les jetons non fongibles, aussi connus sous le nom de NFT en anglais, qui ont des liens avec la chaîne de blocs ou le « blockchain », et ainsi de suite. Je sais que vous avez une plate-forme de haute technologie et un regard sur l'avenir. J'aimerais vraiment entendre vos réflexions sur le futur de la propriété intellectuelle.
Julie : Oui, cela rejoint un peu la dernière question que vous avez posée. J'ai mentionné l'intégration de notre technologie dans certaines des plus grandes plates-formes, des plus grands bureaux d'enregistrement de domaines et des plus grandes places de marché du commerce électronique. Mais nous établissons également des partenariats et nous lions notre technologie à des entreprises axées sur le Web 3, en particulier les marchés des NFTs. Laissez-moi vous expliquer pourquoi. Au départ, le Web 1, la première itération du Web, ne concernait que la lecture. Vous pouviez lire sur le Web. Le Web 2, c'est la lecture et l'écriture. Vous pouviez publier du contenu sur le Web. Ce sont les médias sociaux, par exemple. Le Web 3, c'est la lecture, l'écriture, mais aussi la propriété, et fondamentalement, la propriété signifie la propriété intellectuelle. Vous êtes propriétaire de la propriété intellectuelle. De mon point de vue, l'avenir sera fait de gens ordinaires qui posséderont, à certains niveaux, la PI de la même manière que les gens ordinaires possèdent des biens matériels.
Ce que cela signifie sur le plan des affaires est vraiment intéressant, parce que je crois que le Web 3 fait tomber les barrières fiscales en matière de création d'entreprise, de devenir un entrepreneur. Littéralement, toute personne disposant d'une connexion Internet et d'un appareil quelconque pourra démarrer ce que j'appelle un stand de limonade numérique. Il y a des limites à cela dans le monde physique. Pour démarrer votre stand de limonade dans le monde actuel du Web 2, vous vendez souvent des biens physiques ou des services qui doivent être livrés, et cela coûte de l'argent. Vous devez créer l'infrastructure nécessaire. Il faut concevoir un produit ou le faire fabriquer, étiqueter, marquer et expédier, etc.
Ce que l'économie du Web 3 permet, ce sont les actifs numériques. C'est pourquoi les NFTs ont pris leur essor à un tel rythme. Toute personne ayant accès à un ordinateur et à une connexion Internet peut créer un actif numérique, et c'est exactement ce que nous avons observé. Nous avons vu des créateurs commencer une collection de NFTs, les NFTs construisent une communauté autour d'eux, ils deviennent très connus, ils deviennent convoités. Les NFTs eux-mêmes sont des sortes de biens numériques. Puis, dans le Web 3, il y a l'octroi de licences pour ces biens numériques ou actifs numériques. Vous verrez des collections célèbres comme Bored Ape Yacht Club.
Si vous n'en avez pas entendu parler, vous pouvez le rechercher sur Google. Bored Ape Yacht Club a en fait 38 marques déposées en association avec cette collection. C'est un nombre extraordinaire de marques de commerce.
Les entreprises des marques les plus célèbres, comme L'Oréal par exemple, recherchent une tonne de marques chaque année, mais n'en déposent qu'un très petit nombre par rapport au nombre de recherches qu'elles effectuent. Elles pourraient déposer, disons, environ 140 marques de commerce à mon avis. Bored Ape Yacht Club est un créateur qui a déposé environ le tiers de ce volume de marques.
Ce que cela indique pour moi en tant qu'experte et praticienne de la propriété intellectuelle, c'est que la détention de la PI, soit l'enregistrement formel, est d'une importance fondamentale pour le type d'activité économique, soit la commercialisation que nous voyons avec les NFTs. Dans ce cas, à titre d'exemple, Bored Ape Yacht Club est en mesure d'octroyer une licence à Disney, potentiellement, afin que les personnages de singes NFT puissent apparaître dans les films. Ils collaborent avec Adidas. Nous l'avons vu aussi avec une collection appelée RTFKT qui a été acquise par Nike.
Les créateurs individuels ont très peu d'obstacles à l'entrepreneuriat, à la création d'une image de marque. Comme je le disais, toute personne disposant d'une connexion Internet est sur un pied d'égalité avec n'importe laquelle des grandes marques dans ce sens. Tout ce qu'ils ont à faire est de créer, puis de lancer leur campagne de publicité. À partir de là, tout est question de licence et de propriété intellectuelle. Le Web 3, pour moi, c'est tout simplement passionnant.
Maya : Merci Julie. Ce fût un réel plaisir d'avoir pu vous parler, et merci d'avoir partagé votre parcours où vous éduquez les gens sur comment utiliser la PI de façon plus efficace, et aussi d'avoir partagé vos propres connaissances et points de vue. Merci.
Julie : Ça m'a fait plaisir. Merci de m'avoir invité.
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Maya : Vous venez d'écouter Voix de la PI canadienne, un balado où nous parlons de propriété intellectuelle. Dans cet épisode, vous avez rencontré Julie MacDonell. Julie est avocate, agente de marque de commerce et Présidente de Haloo, une entreprise qui offre des services d'enregistrement de marques de commerce qui opèrent avec de l'intelligence artificielle. Si vous êtes curieux et voulez en apprendre plus sur les marques de commerce et quelles sont les règles concernant ce qui peut et ne peut pas être enregistré, visitez opic.gc.ca/mc-guide.
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