Épisode 30 : Pourquoi la PI est-elle importante? Perspectives d'un conseiller en PI

Maya Urbanowicz (Maya) : Vous écoutez « Voix de la P.I. canadienne », un balado où nous discutons de propriété intellectuelle avec des professionnels et des intervenants du Canada et d'ailleurs. Vous êtes entrepreneur, artiste, inventeur ou simplement curieux? Vous allez découvrir des problèmes concrets – et des solutions concrètes – ayant trait au fonctionnement des marques de commerce, des brevets, du droit d'auteur, des dessins industriels et des secrets commerciaux dans la vie de tous les jours. Je m'appelle Maya Urbanowicz et je suis votre animatrice d'aujourd'hui.

Les points de vue et les opinions exprimés dans les balados sur ce site Web sont ceux des baladodiffuseurs et ne reflètent pas nécessairement la politique ou la position officielle de l'OPIC.

Selon les recherches de Statistique Canada, environ la moitié des petites et moyennes entreprises canadiennes sont conscientes des différents droits de propriété intellectuelle, tels que les brevets, les marques de commerce. Mais lorsqu'on leur demande s'ils possèdent une propriété intellectuelle formelle, même pas une entreprise canadienne sur 10 n'affirme en posséder. Fait intéressant, plus de la moitié des entreprises qui possèdent une propriété intellectuelle affirment que cela peut augmenter la valeur de leur entreprise, faciliter l'obtention de financement et est lié à des exportations plus élevées.  Dans l'ensemble du système d'innovation, les parties prenantes conviennent qu'une sensibilisation accrue à la propriété intellectuelle et une augmentation de sa détention seraient bénéfiques pour les entreprises, pour l'économie régionale et pour l'économie canadienne. L'Office de la propriété intellectuelle du Canada, ou l'OPIC, a pour mandat important de fournir aux Canadiens des services gratuits d'éducation et de sensibilisation à la propriété intellectuelle, ainsi que de proposer des cours en ligne, des webinaires, des outils et des ressources sans frais. L'OPIC offre également des rencontres gratuites avec ses conseillers en propriété intellectuelle. Mais ces produits et services ne représentent qu'une partie de la solution. Bien sûr, de l'argent est nécessaire pour la création et la protection de la propriété intellectuelle en tant que telles. Mais un autre défi pour accroître la sensibilisation à la propriété intellectuelle est l'état d'esprit. André Gallant, l'un de nos conseillers en propriété intellectuelle à l'OPIC, a parlé à des milliers d'inventeurs et de créateurs au fil des ans et sait comment changer cette façon de penser. Bienvenue dans notre balado, André.

André Gallant (André) : Merci de m'avoir invité, Maya.

Maya : Une partie du personnel de l'OPIC est composée d'examinateurs, mais nous répondons également aux questions générales sur la propriété intellectuelle. Pouvez-vous nous expliquer comment les gens communiquent avec l'OPIC pour la sensibilisation et l'éducation en matière de P.I.?

André : Les 2 premiers points de contact avec l'OPIC pour les clients, tout d'abord, on a les agents d'information au centre du service à la clientèle, et ensuite on a les membres du programme de sensibilisation et d'éducation à la propriété intellectuelle, dont les conseillers en propriété intellectuelle. Pour les agents d'information, ils vont recevoir des questions des gens qui savent déjà que nous existons. Ils ont des questions spécifiques sur la possibilité de déposer une demande ou à propos de leur demande existante. C'était mon premier rôle à l'OPIC. Je recevais typiquement de 20 à 40 appels téléphoniques par jour, de partout à travers le monde. Des appels qui duraient entre quelques minutes à 1 heure environ, tout dépendamment du nombre et de la nature des questions. Quand j'étais dans cette équipe, nous étions entre 5 à 8 agents d'information. Pour le deuxième point de contact, encore plus les conseillers en propriété intellectuelle, l'emphase est seulement sur les Canadiens, surtout pour ceux et celles qui ne savent pas que nous existons ou qui ont une vague idée, mais croient que les droits de propriété intellectuelle ne sont pas pertinents pour eux.

Il existe différentes façons de rejoindre ces individus, ainsi que diverses manières d'augmenter le niveau d'éducation et, espérons-le, l'utilisation de ces droits. Pour mon nouveau poste avec l'OPIC, je suis le conseiller en propriété intellectuelle pour le Canada atlantique. J'ai des collègues qui couvrent les autres parties du pays.

Maya : L'un des principaux défis pour accroître la sensibilisation à la propriété intellectuelle est l'état d'esprit. Vous avez parlé à des milliers d'entrepreneurs et de créateurs de la propriété intellectuelle. Quelles sont leurs perceptions à ce sujet?

André : C'est une question très importante, Maya, surtout lorsqu'une personne est mise au courant des différentes statistiques, dont celles que tu viens de soulever. Mais premièrement, en étant convaincu de l'importance d'augmenter les connaissances et l'obtention des droits formels et informels en propriété intellectuelle, un bon endroit à commencer est de creuser davantage dans les perceptions des Canadiens.

Une des façons d'en connaître davantage sur leur perception est de tout simplement leur demander, en utilisant différentes méthodes. Une autre façon est de demander aux différents individus et intervenants qui ont un rôle d'éducation auprès de ces clients, que ce soit au sein de différentes équipes de l'OPIC, mais également au sein des différents autres joueurs de l'écosystème de l'innovation, tels que les universités, les collèges, les incubateurs, les associations d'affaires, les laboratoires d'innovation, les autres ministères fédéraux, provinciaux, et ainsi de suite.

Maintenant, au sujet de ta question sur les perceptions. Une première idée erronée pour plusieurs est qu'ils n'ont pas besoin ou ne bénéficieraient pas d'une certaine forme de protection formelle en propriété intellectuelle. Nous pouvons discuter de ce point plus en détail un peu plus tard. Une autre idée erronée, selon moi, est que nous n'avons pas besoin de consulter un professionnel en propriété intellectuelle pour déposer un brevet ou une marque de commerce. Par exemple, tel qu'un agent inscrit de brevet ou un agent inscrit de marque de commerce.

L'OPIC recommande aux demandeurs d'embaucher de tels professionnels pour préparer leurs demandes et les représenter durant le processus de demande. Les demandes suivent des processus légaux impliquant plusieurs règles substantives et autant de règles procédurales. Pour les brevets, il existe différentes règles qui exigent l'embauche d'un agent inscrit de brevet dans plusieurs cas. Je pourrais élaborer davantage ici aussi, plus tard. Il existe aussi diverses autres idées erronées entourant les différents droits de propriété intellectuelle. À titre d'agents d'information et de conseillers en propriété intellectuelle, nous avons entendu plusieurs de ces idées erronées au cours des années, de différents angles et variations avec de multiples scénarios. Notre collègue, Caroline, aborde certaines d'entre elles dans le balado numéro 12, tout comme d'autres invités dans d'autres balados de l'OPIC.

Maya : Alors, comment convaincre quelqu'un que la propriété intellectuelle est importante?

André : Ah! Un magicien ne révèle pas ses secrets, Maya! Mais bien qu'on peut expliquer que c'est une bonne idée de formaliser ces droits en propriété intellectuelle, nous ne pouvons pas l'exiger auprès des clients. L'une des bonnes manières de convaincre les gens est d'avancer davantage d'arguments dans cette direction, tout en demeurant réaliste, objectif, neutre et impartial. Nous pouvons soulever certains pour et contre sur les différentes questions abordées. Si nous soulevions seulement les points positifs, nous serions moins crédibles auprès des clients.

La crédibilité est clé pour gagner la confiance des autres. Par exemple, il pourrait y avoir des situations où le secret commercial serait plus approprié qu'un brevet dans certaines circonstances. Encore une fois, nous soulevons les différentes possibilités, sans toutefois émettre d'opinion ou d'avis juridique. J'ajouterai que les agents de l'information et les conseillers en propriété intellectuelle ne sont pas payés par commission basée sur les ententes de financement ou sur le nombre de demandes de brevets ou de marques de commerce qui seraient par la suite déposées. Notre travail est de s'assurer que nos clients comprennent les prochaines étapes. En d'autres mots, si après notre discussion, le client ne dépose pas de demande, je reçois toujours mon salaire. L'OPIC me paye quand même, n'est-ce pas Maya?

Maya : Je confirme cela, André, oui.

André : Super, je suis rassuré. Mais blague à part, nous sommes dans une position unique et nous sommes fiers d'offrir à titre gratuit de l'information non biaisée. Notre mandat est d'offrir de l'information et des options à nos clients, afin qu'ils prennent des décisions informées basées sur leurs objectifs commerciaux et réalistiquement [sic] leur budget. Je considère avoir accompli mon travail.

Maya : Alors, comment convaincre concrètement quelqu'un que la propriété intellectuelle est importante?

André : Une des façons de convaincre des clients potentiels est de creuser davantage les différents points positifs et négatifs des différents droits en propriété intellectuelle en question. Nous pouvons élaborer avec les clients sur, numéro un, l'importance de minimiser les différents risques légaux. Il y aurait aussi l'impact de formaliser nos différents droits en propriété intellectuelle auprès des investisseurs, des fournisseurs et des clients. L'utilité d'utiliser les différentes ressources en propriété intellectuelle comme collecte de renseignements sur nos compétiteurs actuels et futurs. Une autre raison de l'importance, c'est aussi le lien qui existe entre éduquer votre entreprise sur la propriété intellectuelle et stimuler davantage d'innovation au sein de l'entreprise. Si vous n'investissez pas en propriété intellectuelle, contrairement à vos compétiteurs, vous pourriez rencontrer davantage d'embûches. Afin d'élaborer sur les différents avantages et risques qu'apporte la propriété intellectuelle, nous nous basons entre autres sur différentes théories et la pratique dans différents domaines, dont entre autres le droit, que ce soit les différents principes juridiques ou même l'art de persuasion, l'économie traditionnelle, l'économie comportementale, les principes de psychologie et de marketing, juste pour nommer ceux-là. On se base aussi sur des données quantitatives. Par exemple, les données statistiques que tu as mentionnées précédemment. Il existe différentes autres données à travers le monde sur ces questions. Il y a aussi les données qualitatives. Par exemple, les différentes expériences d'interaction avec les agents d'information et les conseillers en propriété intellectuelle avec de nombreux clients au cours des années. Selon un sondage récent de la firme Léger, j'aimerais même rajouter qu'il y a d'autres éléments à considérer. C'est la firme Léger qui a sondé des entrepreneurs dans les 3 plus grandes provinces canadiennes en termes de population, le Québec, l'Ontario et la Colombie-Britannique, pour le compte du Conseil de l'innovation du Québec. Ce que le sondage a révélé, entre autres, c'est qu'environ 35 % des entreprises sondées ont mentionné ne pas avoir besoin d'innover. Puis comme tu le sais, Maya, l'innovation vient avant la propriété intellectuelle. Ainsi, afin d'augmenter le taux de formalisation de la propriété intellectuelle, il faut aussi que les différents intervenants trouvent différentes manières d'augmenter l'innovation.

Maya : Vous avez mentionné que les gens sous-estiment également la complexité de la propriété intellectuelle. Comment les agents d'information et les conseillers en propriété intellectuelle peuvent-ils souligner que les règles et les procédures de propriété intellectuelle peuvent être assez complexes pour un non professionnel et qu'il est judicieux de faire appel à un professionnel de la P.I.?

André : Je réfère d'abord nos auditeurs à notre premier balado, soit balado numéro un, qui fournit une réponse à la question : « Pourquoi faire appel à un agent de propriété intellectuelle? » Ayant comme mandat l'éducation et la sensibilisation et n'étant pas payé à la commission, comme je l'ai mentionné plus tôt, je peux encore une fois confirmer que la position officielle de l'OPIC est que nous recommandons à nos clients d'embaucher un professionnel en propriété intellectuelle.

Nous comprenons que nos clients tentent de sauver de l'argent, surtout dans les tout débuts. Toutefois, un professionnel en propriété intellectuelle pourrait vous offrir différentes stratégies alternatives qui pourraient vous sauver du temps et de l'argent, maintenant et plus tard dans votre cheminement. Certaines de ces stratégies seraient moins dispendieuses, par exemple. Dans certains cas, vous pourriez même (vous) qualifier pour une certaine forme d'aide financière pour acquérir certains droits en propriété intellectuelle. Puis maintenant, je vais vous donner 2 différents exemples pour illustrer comment il est difficile de déposer une bonne demande soi-même.

Le premier exemple impliquant le dépôt d'une demande de brevet canadien et l'autre concernant le dépôt d'une demande de marque de commerce canadienne. Je vais commencer avec l'exemple du brevet. Pour les brevets, par exemple, plus de 90 % des demandes déposées au Canada le sont par le biais d'un agent. Dans plusieurs cas, le droit canadien des brevets exige un agent. Par exemple, si la liste de demandeurs n'est pas exactement la même que la liste des inventeurs, ou s'il y a eu un transfert des droits des inventeurs à une autre personne ou une autre entité, le droit canadien des brevets exige qu'il y ait un agent inscrit au dossier. C'est obligatoire. C'est la première chose que j'explique au client, puis le restant de l'exemple aussi. Je passe à travers l'exemple avec le client, parce que nous on passe souvent à l'autre 10 %. On parle aussi du premier 90 %, mais on passe souvent à l'autre 10 % qui désirent se représenter eux-mêmes ou qui croient n'avoir pas le choix. Le monde des brevets est difficile pour nous-mêmes, c'est même difficile pour les agents, c'est difficile pour les avocats et c'est difficile pour les juges.

Donc c'est un point que j'essaie de faire avec les clients aussi, que c'est même difficile nous nous tous, les experts, ceux qui voient ça chaque jour et qui sont spécialistes. Après ça, je passe à travers les 3 grandes règles pour qu'une invention soit brevetable. Je commence avec ça, puis je bâtis avec plus de complexité. Fait que les 3 règles de base, il faut être le premier au monde. La règle numéro 2, l'invention doit être utile; il faut que ça soit fonctionnel ou avoir une fonction utile. Puis, numéro 3, l'invention ne peut pas être évidente pour quelqu'un dans le domaine de l'invention. C'est beaucoup plus compliqué que ça, ces 3 règles. Il y a aussi plusieurs règles sur le format des documents à soumettre, la procédure et les délais très stricts à rencontrer.

Afin d'illustrer la complexité, j'ai tendance à guider les clients vers des manuels détaillés de plus de 400 pages avec 34 chapitres. Pas au début là, mais… Ça s'appelle le Recueil des pratiques du Bureau des brevets de l'OPIC ou, mieux connu sous l'acronyme en anglais, le MOPOP. Parce que le MOPOP, ça sonne mieux que l'acronyme en français qui est le R.F.B.B. Donc, moi j'appelle ça le MOPOP. Dans le premier chapitre du manuel, par exemple, l'OPIC élabore sur les règles par rapport au dessin qui doit être soumis. Dans un autre chapitre, nous élaborons sur la description détaillée qui doit être soumise. Dans ce chapitre, il y a un élément qui est assez révélateur pour les clients, lorsque je les apporte à cette partie spécifique. C'est la partie qui mentionne si l'on peut ou quand on peut soumettre des modifications à notre description, après que celle-ci a été soumise à l'OPIC. Puis, encore plus révélateur, c'est que le MOPOP est seulement le bout [sic] de l'iceberg, même s'il fait plus de 400 pages. Toute la jurisprudence canadienne sur les brevets, au sujet des différentes règles des brevets, ça ne se retrouve presque pas dans ce manuel-là et on n'a même pas encore abordé toutes les considérations d'ordre international. Ces considérations d'ordre international pourraient être le sujet de leur propre balado.

Pour passer à l'exemple des marques de commerce, l'exemple touche en partie ce qui n'est pas acceptable comme marques de commerce en vertu du droit canadien en marques de commerce, soit parce qu'il a été déterminé qu'il serait injuste entre compétiteurs ou pour protéger les consommateurs. Une des grandes règles en marques de commerce, c'est la règle de confusion. Par exemple, c'est l'exemple qu'on donne dans notre guide des marques de commerce pour essayer d'illustrer cette règle : si jamais il y avait une compagnie qui s'appellerait Pôle Sud, comme en bas de la planète Terre, et que Pôle Sud vendait des produits d'eau congelée. Par la suite, une autre entreprise qui voudrait vendre de la crème glacée, pas nécessairement exactement le même produit, mais similaire, cette deuxième entreprise-là voudrait s'appeler Pôle Nord. L'OPIC refuserait cette demande de la deuxième entreprise pour Pôle Nord, même si ce n'est pas exactement les mêmes mots. Il a les mots « nord » et « sud » qui ne sont pas les mêmes, mais le mot « pôle » est similaire, ou même s'il n'est pas épelé de la même façon, la règle de confusion pourrait être un problème entre compétiteurs.

Donc, la vraie question qu'on se pose à prime abord, puis ça va encore plus en détail, c'est : « Est-ce que les marques ont une apparence ou un son similaire, lorsqu'on le prononce, le son à l'oreille? » Suggère-t-il [sic] des idées similaires? Sont-ils utilisés en association avec des produits ou des services similaires? Pour vraiment supporter mon point que ça peut être compliqué, j'amène encore une fois les clients vers un manuel détaillé, le Manuel d'examen des marques de commerce. Il n'est pas aussi détaillé que celui pour les brevets, mais il est quand même au-delà de 60 pages de long, avec plus de 5 pages juste sur la confusion. Puis encore une fois, ce manuel, c'est seulement le bout [sic] de l'iceberg. Encore la jurisprudence et toutes les analyses à ce niveau-là, au niveau juridique… On pourrait se demander : « Pourquoi est-ce si compliqué? » C'est en partie en raison de toutes les différentes disputes légales entre parties privées, entreprises privées. C'est aussi, encore une fois, pour protéger les consommateurs et pour protéger les compétiteurs entre eux.

Puis j'aimerais aussi donner plus de détails par rapport à nos statistiques pour essayer de convaincre de l'importance d'embaucher un professionnel, dans ce cas-ci, un agent inscrit en marque de commerce. Dans l'année financière 2020-2021, sur une période de 12 mois, la Commission des oppositions des marques de commerce, c'est un tribunal, a reçu 462 oppositions. À cette époque, la Direction des marques de commerce avait reçu un peu plus de 76 000 demandes. Il y a quand même une différence. Mais il ne faut pas oublier aussi tous les appels devant les différents niveaux de tribunaux judiciaires. Puis, en plus, tous ces chiffres-là ne donnent pas le portrait complet de la réalité. Des histoires que nous entendons de tous ces clients qui téléphonent en devenant impliqués dans des disputes avec des compétiteurs, puis des disputes légales ou même le changement de marque ou introduire une nouvelle image de marque d'entreprise à la suite d'une dispute, ça peut être coûteux, ça aussi. Les demandeurs qui sont représentés par des professionnels en propriété intellectuelle ont aussi habituellement une plus grande probabilité d'atteindre l'étape d'enregistrement avec succès, en passant par les 2 étapes légales du processus : l'étape de l'examen et l'étape de l'opposition avec succès. Cela a été confirmé, entre autres, dans une étude récente publiée en 2021 dans une revue juridique américaine, soit la Southern California Law Review. L'enregistrement devrait, en théorie, réduire le risque d'être impliqué dans des problèmes juridiques après l'étape d'enregistrement. Il est vrai qu'une personne ne peut pas réduire le risque à 0 %, même avec un professionnel en propriété intellectuelle, mais vous devriez réduire au moins le risque de façon générale. J'ai vécu la même expérience dans mon autre carrière comme avocat-notaire-fiscaliste, lorsque j'ai analysé les contribuables se représentant seuls dans des disputes sur l'impôt. J'ai été exposé à des études similaires, entre autres des États-Unis, à propos des probabilités de succès en se représentant soi-même. Ces études sont corroborées également par le bon sens et par l'intuition, selon moi.

Maya : Vous fournissez des services éducatifs gratuits à la fois par le biais de présentations et de rencontres individuelles avec des clients. Quelle est la différence?

André : Dans certains de mes bulletins au primaire, lors des rencontres parents-enseignants, mes enseignants mentionnaient que je parlais trop en classe. Donc, j'imagine que c'est encore le cas à différents niveaux, qu'on peut le voir. Donc je vais donc tenter d'être bref dans ma réponse ici pour démontrer que je suis capable d'apprendre. Avec les présentations, nous pouvons transmettre différents messages, tels que ceux dans le présent balado, à différents groupes de Canadiens. La dynamique de groupe dans une présentation peut aider dans l'apprentissage de tous. Tout le monde peut bénéficier des questions d'ordre général posées par les autres participants. Avec les rencontres un à un, nous pouvons creuser davantage dans les situations des clients, d'une manière confidentielle, et offrir des rencontres un à un subséquentes à ces mêmes clients, toujours gratuitement, pour continuer la conversation et la relation. Même s'ils ont des agents, nous pouvons aider quand même. On peut aider à réduire un peu la facture si l'on peut toujours jouer le rôle d'éducation, au moins en partie. Puis en théorie, on espère que ça peut aussi réduire le risque de mauvaise communication entre l'avocat et son client ou l'agent et son client. Et si l'on réduit le risque de mauvaise communication, on pourrait réduire en théorie aussi les risques légaux.

Maya : Vous êtes également un créateur et en tant qu'expert en propriété intellectuelle, je me demandais si vous pouvez partager comment vous avez protégé votre propriété intellectuelle?

André : Étant moi-même un créateur, ça m'aide beaucoup dans mes conversations avec d'autres créateurs, que ça soit mes compositions au piano, les articles ou les chapitres que j'ai écrit. Certains sont appartenus par moi, d'autres par mes employeurs avec des éditeurs impliqués. Je demeure l'auteur pour toutes ces créations, cependant. Si l'on prend l'exemple des compositions au piano, ce que je peux raconter aux clients. Je leur dis qu'à l'époque, j'avais consulté un avocat-notaire en droit d'auteur parce que je ne me faisais pas confiance. J'étais allé à l'époque parce que j'étais avocat-notaire-fiscaliste dans un autre domaine. Donc, j'ai moi-même consulté. Et à l'époque, j'ai aussi obtenu l'enregistrement dans mon premier album, amateur, de composition de piano. Ça démontre un peu que j'ai vécu aussi le processus et j'ai pris ça au sérieux pour mes propres créations. Je vois ça comme une extension de mes œuvres. Ce n'est quand même pas trop dispendieux pour ces étapes-là. Puis aussi, ayant créé différentes œuvres dans le passé, ça m'aide également à comprendre davantage nos clients, que ce soit leurs aspirations, leurs rêves ou même leurs préoccupations.

Maya : Avez-vous un outil préféré dans notre boîte à outils de P.I. que vous aimeriez partager avec les entreprises et entrepreneurs?

André : Personnellement, mon outil favori sur le site Web dans son ensemble est le présent balado! En fait, peut-être pas étant donné que j'entends ma propre voix tellement souvent, soit en parlant aux autres ou avec ces conversations avec soi-même que nous avons tous. Mais, j'aime personnellement les différents balados et vidéos où nous pouvons entendre différentes perspectives, le partenaire interne et externe. Nous pouvons ainsi étirer nos connaissances en propriété intellectuelle, au moins quelque peu, et souvent beaucoup. Je considère également que tous nos différents outils sur notre site Web peuvent être utiles, tout dépendamment des objectifs de nos clients ou comment je peux utiliser ces outils pour supporter certains de mes arguments. Nous en avons vu plusieurs, quelques-uns aujourd'hui, à la façon dont j'utilise certains de nos documents pour convaincre les clients de certains de ces arguments, et qu'on entend aussi dans d'autres balados. Ce que j'aime aussi à propos de notre site Web, c'est qu'il y a un effort pour garder l'information à jour tout en développant de nouvelles façons de sensibiliser, d'éduquer, de soulever des drapeaux rouges, de pointer à différentes opportunités. En d'autres mots, en tant qu'organisation au centre de l'innovation, nous tentons également d'innover nous-mêmes.

Maya : André, avez-vous une dernière pensée ou des réflexions que vous voulez partager?

André : Étant donné que j'ai le micro, je soulèverais 2 autres points additionnels qui sont, selon moi, reliés à notre discussion dans le présent balado. Le premier est l'équilibre qu'on tente d'atteindre. De un, faire part aux clients avec tous les risques et, d'autre part, inspirer les clients à savoir comment prendre de l'avance sur nos compétiteurs dans l'arène internationale de la propriété intellectuelle. Nous avons vu des exemples des 2 côtés de cette balance dans nos différents balados, y compris durant notre discussion d'aujourd'hui. Le deuxième point est le fait que l'OPIC et d'autres partenaires tentent en effet d'offrir une certaine forme d'accès à la justice par le biais de l'éducation et de la sensibilité [sic] à la propriété intellectuelle. Mon intérêt vis-à-vis l'accès à la justice, qui inclut la classe moyenne et les petites et moyennes entreprises, date jusqu'à mon temps à l'école de droit que j'ai mis en application pour la première fois avec les lois fiscales et en fiscalité. Ceci aide à expliquer en partie pourquoi je suis tant passionné à travailler à l'OPIC. Une autre grande source d'inspiration pour moi, on peut être témoin de l'ingéniosité, la passion et le courage de nos clients. Je considère apprendre davantage d'eux qu'ils apprennent de moi. Ils sont tellement généreux de leur confiance dans nous tous.

Maya :  André, merci d'avoir pris part dans notre balade aujourd'hui, merci pour la conversation et d'avoir partagé vos connaissances et expériences avec nous aujourd'hui. 

André : Merci à vous tous, merci à l'OPIC, puis merci Maya.

Maya : Vous venez d'écouter « Voix de la P.I. canadienne », un balado où nous discutons de propriété intellectuelle. Dans cet épisode, nous avons rencontré André Gallant, ancien avocat-fiscaliste qui travaille maintenant à l'OPIC en tant que conseiller en propriété intellectuelle. Il rencontre des créateurs et des inventeurs canadiens pour leur expliquer l'importance de protéger leurs propriétés intellectuelles. Certains des défis auxquels André est confronté dans son travail sont liés aux perceptions de la PI et à la nécessité pour lui et ses collègues d'approfondir les critères, les procédures et les lois en matière de P.I. afin de dissiper certains mythes et d'expliquer à leurs clients pourquoi la protection de la PI est une question sérieuse qui requiert l'expertise et les compétences d'un professionnel qualifié de la PI, comme un agent de brevet ou de marque de commerce. Si vous souhaitez rencontrer un conseiller en pays de l'OPIC, visitez le lien canada.ca/conseillers-pi pour contacter le conseiller en pays près de chez vous.