Moment Factory – Histoire de PI

L'objectif de Moment Factory est simple : inciter les gens à sortir de chez eux pour vivre une expérience collective. Le studio multimédia montréalais, cofondé par Sakchin Bessette et Dominic Audet, se spécialise dans la conception et la production d'environnements immersifs en combinant la vidéo, l'éclairage, l'architecture, le son et les effets spéciaux. Depuis sa création en 2001, Moment Factory a conçu plus de 500 productions et possède aujourd'hui des bureaux à Montréal, Paris, Tokyo, New York et Singapour.

C'est en 2012 que Moment Factory s'est fait connaître à l'échelle mondiale lors du spectacle de la mi-temps du Super Bowl mettant en vedette Madonna et ensuite lors de la création de leur premier spectacle de son et de lumière projeté sur la façade de la Sagrada Familia à Barcelone.

Choix et protection de propriété intellectuelle en fonction du produit créé

L'expertise de Moment Factory ne se limite plus à l'industrie du spectacle. La compagnie crée aussi des expériences permanentes dans divers lieux tels que les places publiques dans les villes, les musées et les lieux patrimoniaux. Il est important pour Moment Factory d'investir et de devenir propriétaire de ses créations.

C'est la demande du parc de la Gorge de Coaticook d'illuminer son pont et la forêt environnante qui a été l'événement déclencheur et a mené le studio à protéger sa propriété intellectuelle (PI). Moment Factory a donc conçu son parcours nocturne illuminé et l'a nommé « Foresta Lumina ». C'est à ce moment que « Foresta Lumina » a été enregistré sous la forme d'une marque de commerce et d'un droit d'auteur. Il y a eu un grand intérêt pour ce type d'expériences, et d'autres « Lumina » ont été conçus ailleurs au Québec, au Canada puis à l'étranger. Moment Factory venait de créer un produit qui s'exporte, le « Lumina ».

Moment Factory, Foresta Lumina
© Moment Factory, Foresta Lumina

« On protège surtout les marques de ces expériences-là. Celles qui s'exportent et qui font des petits. Il y a maintenant près de 20 Lumina dans le monde » explique Marie-Pier Veilleux, directrice des relations publiques, affaires internationales et gouvernementales chez Moment Factory. Le volet PI est alors devenu très important et le studio multimédia a continué à protéger les produits issus de la création de ces expériences.

Le droit d'auteur et l'industrie du multimédia

Au Canada, la Loi sur le droit d'auteur s'applique pour toutes les œuvres originales de nature littéraire, dramatique, musicale et artistique. La Loi protège l'expression d'une idée et non l'idée elle-même.

L'industrie du multimédia est relativement jeune et la PI est un sujet controversé dans ce domaine. Certaines expertises sont plus difficiles à protéger. « Les formes d'arts plus traditionnelles, telles que la musique, la littérature et les arts visuels, ont toutes un système de protection des droits d'auteurs. Par exemple, on sait très bien comment protéger le droit d'auteur d'un auteur-compositeur de musique, mais est-ce que le travail d'un éclairagiste peut être protégé par ce même droit ? Le domaine du multimédia est-il considéré comme de l'art ou non? » se questionne Marie-Pier.

L'illumination du pont Jacques-Cartier, développée par Moment Factory et ses collaborateurs, est un bon exemple d'une œuvre inédite protégée par un droit d'auteur. Certains en sont étonnés, car il s'agit d'une infrastructure urbaine. Si Moment Factory s'aperçoit qu'une image du pont illuminé est utilisée à des fins promotionnelles, l'agence ou l'individu en question sera avisé qu'il s'agit de contenu unique et exclusif. Il devra ainsi payer des redevances. « Si quelqu'un veut utiliser nos images pour des raisons publicitaires ou commerciales, nous nous basons sur la grille tarifaire en arts visuels de l'organisme Canadian Artists' Representation/Le Front des artistes canadiens » (CARFAC), car il n'y a pas d'équivalent dans le domaine du multimédia. Cette grille pour les arts visuels est celle qui se rapproche le plus de ce que nous faisons. », explique Marie-Pier.

Moment Factory, Foresta Lumina
© Moment Factory Pont Jacques-Cartier

Le droit d'auteur en entreprise

Les studios de Moment Factory ne seraient pas les mêmes sans les esprits créateurs de leurs employés, artistes et pigistes occasionnels. C'est en combinant leurs idées et expertises que les productions et destinations de l'entreprise voient le jour.

Selon la Loi, le premier titulaire du droit d'auteur est l'auteur de l'œuvre créée. Si une œuvre est créée dans le cadre d'un emploi, le droit d'auteur appartient à l'employeur. Cependant, cette règle ne s'applique pas aux consultants ou aux travailleurs autonomes qui font affaire avec une entreprise de façon sporadique. Les entreprises utilisent généralement le contrat de travail pour contourner cette règle et incluent une clause de cession du droit d'auteur pour s'assurer d'en devenir le titulaire.

Étant donné la nature de l'entreprise qu'est Moment Factory, ses employés occasionnels signent évidemment ce type de contrat lors de leur embauche. « Les pigistes de studios externes signent des contrats. Ils vont souvent réutiliser leurs œuvres dans leurs portfolios personnels, mais ce qui est créé et les droits d'auteurs appartiennent à Moment Factory, effectivement », précise Marie-Pier.

L'importance de l'établissement des marchés

Les droits de PI ont joué un rôle déterminant dans la croissance et le succès de Moment Factory. L'objectif du studio est de continuer de créer, d'innover et de protéger ses droits de PI. Ses efforts sont concentrés sur les expériences qu'il développe et exporte qui possèdent un système de génération de revenus. Il est essentiel pour Moment Factory de protéger ses droits de PI à l'étranger puisque 90 % de ses projets sont maintenant à l'international. Marie-Pier termine l'entrevue en abordant un point important sur la PI : « Pour une entreprise en croissance, il est très important d'établir et de préciser les marchés. La PI est nationale et il ne faut pas oublier que votre PI est enregistrée ici au Canada, chez vous seulement. Il est impossible d'être partout à l'étranger, il faut donc cibler quels sont vos territoires prioritaires et vous assurer d'y être protégés. »

Ressources de l'Office de la propriété intellectuelle du Canada (OPIC)

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