mars 2017
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Table des matières
- 1. Résumé
- 2. Questions sous-jacentes, éléments déterminants et résultats cibles
- 3. Défis relatifs à la mesure du rendement
- 4. Élaborer un cadre national
- 5. Conclusions et recommandations
- Annexe A : Ordre du jour de la rencontre
- Annexe B : Participants
1. Résumé
Au cours des dernières années, les organisations du secteur public reconnaissent de plus en plus le besoin de créer et de mettre en œuvre des systèmes de mesure du rendement afin d'assurer l'obtention de renseignements sur le rendement à la fois actuels, stratégiques, objectifs et fondés sur des faits probants, le tout étant nécessaire pour obtenir de meilleurs résultats et demeurer des organisations à rendement élevé. Compte tenu de cet objectif, le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique (ISDE) a rencontré des représentants de l'écosystème de soutien à l'entrepreneuriat du Canada dans le cadre de trois tables rondes informelles tenues à l'automne 2016, afin de discuter de la façon selon laquelle le gouvernement, les entrepreneurs, les investisseurs et l'industrie peuvent collaborer à l'établissement d'un cadre national de mesure du rendement destiné aux accélérateurs et aux incubateurs d'entreprises (AIE). Lors de ces consultations, les intervenants se sont dits prêts à collaborer à l'échelon national et plus particulièrement à favoriser une discussion nationale sur les pratiques exemplaires de mesure du rendement.
Avec l'aide d'ISDE, un groupe de travail dirigé par l'industrie et composé d'AIE a fait les premiers pas vers l'établissement d'une solution nationale pour assurer la collecte de données et la production de rapports sur le rendement en organisant une discussion d'envergure nationale à Toronto le 10 février. Les dirigeants de 18 organisations ont passé la journée à discuter des activités, des possibilités et des défis relatifs aux AIE, et ont examiné les avantages et les enjeux liés à la création d'un cadre national de mesure du rendement.
En vue de cette discussion, les participants devaient fournir des renseignements au sujet de leurs organisations (soit concernant l'affiliation, la composition des clients, les secteurs technologiques soutenus, etc.) ainsi que décrire leurs activités actuelles relatives à la production de rapports sur le rendement. L'enquête a permis d'acquérir une connaissance de base sur les mesures recueillies à l'heure actuelle ainsi que leurs utilités (éléments déterminants), en plus de faciliter la discussion visant à déterminer la façon selon laquelle un cadre national de mesure du rendement pourrait offrir une valeur ajoutée à la communauté et à ses bailleurs de fonds.
Au cours de la discussion tenue le 10 février, il y avait un large consensus concernant un certain nombre d'enjeux principaux ainsi qu'une volonté collective de déployer les efforts nécessaires pour obtenir les résultats suivants :
- Établir un cadre national de mesure du rendement : Bien que les participants aient exprimé des points de vue distincts sur la façon de concrétiser une solution nationale pour la mesure du rendement, ils étaient pratiquement tous d'accord pour continuer de déployer les efforts nécessaires en vue d'établir un cadre normalisé pour la présentation de rapports comprenant des définitions uniformes pour la création d'emplois, la production de revenus, le taux de survie des entreprises et d'autres mesures relatives au revenu. Il y avait un large consensus sur le fait qu'un cadre national de mesure du rendement permettra de fournir des données fiables et comparables aux AIE afin de prendre des décisions éclairées, ainsi que des renseignements à jour concernant la pertinence, la réussite et la rentabilité des programmes et des activités. Il a également été noté qu'un cadre d'évaluation commun offrira des données probantes à la fois rigoureuses et objectives aux gouvernements et aux autres bailleurs de fonds, ce qui permettra d'évaluer le rendement des AIE et de prendre des décisions éclairées en matière d'affectation des ressources. En tant que résumé des discussions, ce document présente un concept de travail pour un cadre national de mesure du rendement. Cependant, les discussions à venir entre les AIE et les responsables des politiques solliciteront une participation additionnelle et entraîneront forcément des améliorations et des précisions significatives en cours de route.
- Favoriser la collaboration pour l'atteinte d'objectifs communs : Même si les discussions étaient axées sur la création d'une collaboration nationale pour la mesure du rendement, il a été reconnu que les efforts pour travailler ensemble à l'échelle nationale auront plusieurs autres avantages concrets pour les AIE, leurs clients et l'économie en général. Ces avantages incluent la propagation de pratiques exemplaires partout dans les institutions et les administrations, l'établissement d'indicateurs de rendement pertinents pour les différents secteurs et régions, l'augmentation de la participation aux politiques publiques, le positionnement et la mise en valeur du Canada en tant que destination pour des activités de démarrage d'entreprises, ainsi que la diminution du fardeau administratif associé à la collecte de données et à la production de rapports. Autrement dit, les efforts de collaboration visant à créer un système commun pour la mesure du rendement des AIE pourraient annoncer le début d'un nouveau chapitre emballant pour la croissance et l'évolution de l'écosystème des entreprises en démarrage du Canada.
- Travailler ensemble pour relever les principaux défis liés à la mesure du rendement : Les discussions ont permis de cibler un large éventail de défis associés à la création d'une approche normalisée pour la mesure du rendement. Ces défis incluent notamment le besoin de créer un cadre de mesure pouvant être adapté aux services et aux circonstances uniques des différents AIE. Plus précisément, les participants désirent s'assurer que les mesures normalisées à l'échelle nationale tiennent compte de la valeur créée par les entités qui exercent leurs activités dans différents secteurs et régions ainsi qu'auprès de clients issus de différents niveaux de maturité. D'autres défis importants concernent les enjeux associés à l'attribution des incidences économiques aux institutions individuelles et à la prise en compte d'impondérables, tels que la contribution des AIE pour le perfectionnement des aptitudes relatives aux clients et la création de nouvelles grappes d'activité économique.
- Gérer la production de rapports normalisés avec un petit groupe représentatif de dirigeants des AIE et de responsables des politiques : Tirer profit du leadership d'un certain nombre d'AIE permettrait de tester et de préciser le cadre avec un groupe plus restreint avant de le mettre en œuvre partout au pays. Il a été convenu que la phase expérimentale devrait comprendre la participation des dirigeants politiques et des organisations de financement, en plus de refléter la diversité des modèles de programmation et des services offerts par les AIE ainsi que les principaux secteurs et régions économiques du Canada. En plus de la gestion d'une solution pour la mesure du rendement, il a été suggéré qu'un certain nombre de groupes de travail soient chargés de trouver des solutions afin de répondre à quelques-uns des enjeux principaux relatifs à l'écosystème et à la mesure du rendement qui ont été ciblés au cours du dialogue.
Le dialogue national sur les AIE du 10 février représente en fait un premier pas vers une collaboration accrue entre les différents AIE du Canada et la création d'un cadre national de mesure du rendement. Les AIE, les responsables des politiques et les autres intervenants auront d'autres occasions de prendre part au dialogue actuel et de faire preuve de leadership pour la création d'une solution nationale en matière de mesure du rendement convenant à la fois à la communauté des AIE et à ses partenaires gouvernementaux.
Le présent document donne un aperçu des principaux points de discussion et résultats issus de la séance du 10 février. Il a pour but d'aider la communauté des AIE et ses partenaires gouvernementaux à entreprendre la prochaine étape pour la création d'une solution nationale en matière de mesure du rendement.
2. Questions sous-jacentes, éléments déterminants et résultats cibles
2.1 Encadrer la discussion : Questions clés et résultats cibles issus de la séance
Aux yeux de plusieurs participants à la séance du 10 février, la discussion nationale représentait une première occasion pour les dirigeants des AIE de partout au Canada de se réunir avec leurs pairs. Même si les 18 organisations des AIE présentes dans la salle ne représentaient qu'une fraction du nombre total d'accélérateurs et d'incubateurs du Canada, la diversité de la communauté canadienne des AIE sur le plan des régions, des secteurs et des services offerts était généralement bien représentée. En effet, la diversité en matière d'attentes, d'expériences et de points de vue relatifs aux enjeux de l'heure était claire, et ce, dès le début de la discussion.
En tant que collectivité, le groupe a dû réfléchir aux questions clés suivantes :
- Quels sont les problèmes qu'une collaboration nationale sur la mesure du rendement peut aider à régler pour les AIE et l'ensemble de l'écosystème des entreprises en démarrage?
- Quelle devrait être la nature de la collaboration de l'industrie en matière de mesure du rendement et quels sont les éléments les plus importants pour une collaboration nationale?
- Quelles sont les mesures clés nécessaires à l'élaboration d'une norme nationale?
- Comment un cadre national peut-il concilier l'importance d'une solution en matière de production de rapports à la fois simple, instructive et rentable avec le besoin de tenir compte de la diversité des modèles des AIE et des secteurs du Canada?
- Quels sont les défis/obstacles qui devront être surmontés afin d'assurer le succès de la collaboration au sein de l'industrie?
- Les AIE sont-ils prêts à mettre en œuvre un projet pilote pour valider le potentiel d'une solution nationale en matière de mesure du rendement?
Les cinq résultats cibles de la journée étaient les suivants :
- Comprendre les divers modèles de fonctionnement qu'utilisent les participants sur le plan du financement, de la prestation des services et des types de clients.
- Établir une liste préliminaire des paramètres communs utilisés et des priorités de collecte de données afin d'évaluer dans quelle mesure ceux-ci sont actuellement similaires.
- Comprendre les éléments qui incitent à une collaboration en matière de mesure du rendement, y compris les utilisations plus vastes de la collecte de données sur le rendement à l'aide d'un cadre national.
- Susciter une appréciation mutuelle de la valeur que les autres attribuent à un cadre national et à une collaboration en matière de mesure du rendement.
- Cibler les défis potentiels qu'il faudra surmonter pour mettre en œuvre un cadre national de mesure du rendement.
Le reste du document présente les principales constatations pour chacun des cinq résultats cibles, et porte une attention particulière aux objectifs 2 à 5. Pour un aperçu plus détaillé des différents modèles de fonctionnement qu'utilisent les participants, veuillez consulter le document portant sur l'analyse de l'étude relative aux AIE ci-joint. Le présent rapport sur la discussion nationale se conclut par une série de recommandations pour les prochaines étapes devant être réalisées par le groupe de travail dirigé par l'industrie et ses partenaires gouvernementaux.
2.2 Éléments déterminants qui incitent à la création d'un cadre national
Les résultats de l'enquête préalable à la séance démontraient que la majorité des AIE prenant part au dialogue national procédaient déjà à la collecte de données sur le rendement, en plus de produire des rapports annuels pour leurs bailleurs de fonds, leurs partenaires et leurs intervenants. Cependant, l'enquête et le dialogue subséquent ont également démontré que les AIE mesurent actuellement leur rendement à l'aide d'un éventail de mesures variées et (souvent) incohérentes, le tout associé à des niveaux de réussite considérablement variables pour l'obtention de données auprès de leurs clients. Au cours du dialogue national, le consensus suivant (bien que non universel) a été établi : un cadre national pour la production de rapports entraînerait plusieurs avantages clés pour les AIE, leurs clients et l'ensemble de l'écosystème des entreprises en démarrage. Les avantages prévus par le groupe comprennent ce qui suit :
- Améliorer l'analyse sur les incidences économiques : Une approche nationale cohérente pour la mesure du rendement permettrait aux AIE de mieux évaluer leur incidence sur le rendement des clients et l'économie en général, et ce, autant à l'échelle locale que nationale. En tant qu'effort mené par l'industrie, un cadre national permettrait aussi de faire en sorte que les mesures utilisées pour évaluer le rendement visent les résultats voulus (soit les résultats qui créent le plus de valeur pour les clients des AIE et les intervenants) et soient bien adaptées aux services offerts par les AIE ainsi qu'au contexte dans lequel lesdits services sont offerts.
- Stimuler la collecte de données : Un partenariat avec ISDE, l'Agence du revenu du Canada et Statistique Canada au sujet du cadre national pourrait permettre l'utilisation de données fiscales officielles afin d'obtenir des renseignements sur le rendement des clients. Bien qu'une telle approche ne remplace pas les enquêtes annuelles auprès des clients, elle améliorerait grandement la fiabilité et l'exhaustivité des données économiques et contribuerait à la résolution d'autres défis concernant le double comptage des résultats économiques, comme la création d'emplois.
- Accroître la transparence : L'amélioration de la collecte de données et de la production de rapports sur les incidences économiques permettrait de mieux informer les entreprises dans leur quête de soutien ainsi que de fournir la transparence requise par les bailleurs de fonds publics et privés afin d'affecter les ressources de manière efficace, en plus de permettre aux AIE de comparer leur propre rendement à celui de leurs pairs.
- Favoriser la collaboration : Les AIE pourraient également mettre en valeur leurs domaines de compétitivité (que ce soit par secteur, par stade de croissance ou par connexion), ce qui pourrait favoriser la collaboration entre les AIE et les autres participants de l'écosystème, y compris les investisseurs et les fournisseurs de services gouvernementaux.
- Favoriser l'apprentissage et l'amélioration continue : La production de rapports publics concernant les résultats permettra aux AIE de partager des pratiques exemplaires et de comparer leur rendement à celui d'organisations chefs de file (à l'échelle nationale et internationale), favorisant ainsi l'apprentissage et l'amélioration continue.
- Positionner et faire valoir le Canada en tant que destination pour des activités de démarrage d'entreprises : Un tableau de bord national mettant en évidence les activités et les réalisations des AIE du Canada pourrait contribuer à la présentation d'une histoire significative dans le monde entier, ce qui permettrait d'attirer des participants internationaux dans l'écosystème, y compris des fondateurs, des investisseurs et des entreprises partenaires.
- Accroître la participation relative aux politiques publiques : Une collaboration nationale pourrait aussi aider la communauté des AIE à renforcer sa capacité de façonner le système de soutien à l'innovation et à l'entrepreneuriat du pays en prenant un engagement collectif avec les responsables des politiques publiques.
- Diminuer le fardeau administratif : Enfin, l'écosystème canadien est complexifié par la multitude de bailleurs de fonds qui le compose, ainsi que par la prolifération subséquente de demandes distinctes pour des données distinctes. Le fardeau relatif à la production de rapports exerce une forte pression sur les ressources des AIE canadiens. Un cadre national pourrait simplifier et rationaliser la production de rapports sur le rendement pour les AIE en créant un ensemble cohérent de mesures en fonction desquelles les rapports doivent être produits et (dans certains cas) une solution unifiée en matière de production de rapports afin de présenter une série de résultats annuels à tous les intervenants pertinents.
3. Défis relatifs à la mesure du rendement
Même si les participants au dialogue national se sont montrés enthousiastes à propos des avantages potentiels d'un cadre national, ils éprouvaient aussi beaucoup de prudence à l'égard de certains défis perçus concernant la création d'une approche normalisée pour la mesure du rendement. Les enjeux suivants faisaient partie des principaux défis soulevés par les participants :
- Flexibilité : Le principal défi soulevé par les participants concerne la création d'une approche flexible pour la mesure du rendement pouvant être adaptée selon les services et les circonstances propres aux différents AIE. Autrement dit, il n'existe aucun cadre universel pouvant être mis en œuvre de façon générique pour tous les AIE du pays. Qui plus est, l'un des points les plus marquants soulevés lors du dialogue national était la diversité considérable représentée dans la salle sur le plan des services offerts par les AIE et du contexte dans lequel lesdits services sont offerts (p. ex. les types d'entreprises et les secteurs servis, la maturité de l'écosystème, etc.). Tel qu'il est en question plus en détail dans la prochaine section, ces différences doivent avoir une incidence sur les types de mesures utilisées pour évaluer le rendement ainsi que pour interpréter les résultats des AIE. Les indicateurs de rendement qui sont pertinents pour certains intervenants ne le sont pas pour d'autres, ou peuvent l'être pour des périodes de temps très différentes, et ce, à différents degrés. Par conséquent, un cadre national de mesure du rendement doit inclure des catégories générales de mesures du rendement pouvant être adaptées selon les programmes uniques offerts par les différents AIE.
- Autonomie : Les dirigeants des AIE étaient sans équivoque au moment d'exprimer leur désir de protéger leur autonomie relative à la prise de décisions de gestion stratégiques concernant la façon dont ils investissent leurs ressources et offrent leurs services aux clients. Autrement dit, ils veulent des mesures harmonisées avec leurs indicateurs de réussite et ne veulent pas un cadre de mesure national qui, volontairement ou non, dicterait les choix qu'ils font concernant la meilleure façon de servir leurs clients dans un environnement où les technologies, les marchés et les besoins des clients évoluent rapidement. Par exemple, des préoccupations ont été soulevées au sujet d'éventuelles mesures trop contraignantes qui nécessiteraient certains types d'interventions et de services qui ne correspondent pas nécessairement à l'évolution des marchés et des besoins des clients. Il a été suggéré que la meilleure façon pour assurer l'autonomie est que le cadre national précise des résultats économiques généraux à atteindre par les AIE tout en permettant une certaine liberté concernant la façon d'atteindre et de mesurer ces résultats.
- Attribution : En plus de la flexibilité et de l'autonomie, un thème récurrent tout au long de la séance était l'enjeu concernant l'attribution des incidences économiques aux AIE. Il n'existe souvent pas de lien clair entre les services offerts par un AIE et l'activité et les résultats ultimes de ses entreprises clientes (et des particuliers). Les résultats sont affectés par plusieurs facteurs qui ne relèvent pas du contrôle ou de l'influence des AIE individuels. Il en va de même pour l'écosystème d'innovation global, où un AIE n'est qu'un acteur parmi tant d'autres qui aident les entreprises dans leur processus de croissance, et ce, depuis leurs tout premiers pas. En raison du grand nombre de partenaires et d'acteurs généralement impliqués dans ce processus, il est actuellement difficile d'attribuer clairement la réussite des entreprises à un seul AIE. Cependant, les participants ont noté qu'une recherche qualitative par sondage pourrait contribuer à éclaircir la question de l'attribution dans la mesure où les fondateurs d'entreprises peuvent évaluer de façon subjective à quel point un accélérateur était essentiel ou non à la croissance de leur entreprise. L'utilisation de la satisfaction des clients, du taux de recommandation net et de mesures connexes a été proposée comme solution potentielle.
- Double ou triple comptage de la réussite : Les participants ont noté qu'un autre enjeu d'attribution survient lorsque les entreprises interagissent avec plus d'un AIE au cours d'une brève période de temps (ce qui est souvent le cas). Par exemple, une équipe fondatrice peut amorcer le développement d'un produit dans un incubateur et, six mois plus tard, se joindre un programme d'accélération afin d'obtenir de l'aide pour récolter des fonds et commercialiser son produit. Chacune des organisations peut avoir contribué à la réussite de l'entreprise, et chacune d'entre elles peut réclamer une partie des retombées économiques associées. Cependant, les incidences économiques globales de ces organisations seraient gonflées si elles attribuaient toutes la totalité des emplois, de la croissance des revenus et de l'investissement de l'entreprise au cours de cette période à leurs propres déclarations d'incidence économique. S'il n'existe aucune donnée fiable et reconnaissable au niveau de l'entreprise, il est difficile de savoir lorsque de tels cas de double ou de triple comptage surviennent ainsi que de déterminer la fréquence de cette problématique au sein des données collectées par les AIE.
- Analyse de l'écosystème : Au cours de la discussion concernant l'attribution et la causalité, de longues réflexions ont porté sur le fait que les cadres de mesure peuvent accorder trop d'importance à l'évaluation du rendement d'institutions individuelles par rapport au rendement de l'écosystème global dans lequel elles évoluent. L'un des participants a d'ailleurs mentionné qu'il faut « tout un écosystème pour assurer la prospérité d'une entreprise ». Sans toutefois éliminer la responsabilité des AIE individuels vis-à-vis de leurs résultats, la mesure du rendement d'un écosystème éliminerait la création de valeur associée aux activités des AIE dans une région donnée et contribuerait à promouvoir la collaboration au sein des institutions situées au même endroit. Cela mettrait aussi l'accent sur l'identification de facteurs qui soutiennent la productivité d'écosystèmes uniques et qui permettent aux responsables des politiques ainsi qu'aux intervenants de mieux cibler les lacunes potentielles des écosystèmes. Plusieurs participants ont également suggéré que certains des enjeux concernant le double comptage peuvent être résolus en optant pour une approche écosystémique pour la mesure du rendement, ce qui permettrait aux intervenants d'évaluer l'incidence économique cumulative de plusieurs AIE selon un contexte régional au lieu de mesurer chacune des organisations de façon distincte.
- Échec réussi : Une autre lacune digne de mention des cadres de mesure conventionnels et des évaluations quantitatives en général est qu'elles ne tiennent pas compte des « échecs réussis ». Comme l'un des participants a mentionné, il se peut que la durée de vie d'une entreprise en démarrage ne soit que de quelques mois. Cependant, si son expérience avec un accélérateur démontre rapidement que l'idée n'est pas viable, l'entreprise peut conserver ses ressources pour d'autres projets. Cette situation n'est pas prise en compte avec les mesures actuelles, mais l'accélérateur et l'entreprise en démarrage peuvent considérer un tel scénario comme un résultat précieux. Du point de vue de l'accélérateur, cela a permis à l'entreprise en démarrage et aux investisseurs d'éviter de s'engager sur une voie non rentable. Qui plus est, l'accélérateur pourrait consacrer des ressources pour aider l'entreprise en démarrage à revoir son projet ou à créer un nouveau projet plus efficace. Puis, du point de vue de l'entreprise en démarrage, l'accélérateur a contribué à l'identification des lacunes qui auraient mené à l'échec de l'entreprise et qui auraient pu entraîner d'importantes conséquences financières.
- Contributions au perfectionnement des compétences : Plusieurs participants ont suggéré que les AIE soient impliqués dans le développement des compétences et du capital humain, soit des résultats qui sont très importants, mais difficilement quantifiables. Comme ils sont très formateurs pour les entrepreneurs, les contacts directs et fréquents avec des fondateurs et des investisseurs d'expérience, ainsi que d'autres professionnels pertinents, sont un aspect essentiel de la plupart des programmes des incubateurs et des accélérateurs. Par ailleurs, la plupart des accélérateurs ainsi que de nombreux incubateurs fournissent également des programmes structurés qui incluent tous les éléments nécessaires, allant des conseils fiscaux et juridiques à l'art de concevoir la parfaite présentation d'entreprise. De telles expériences ont généralement une incidence positive sur les fondateurs, car elles les aident à apprendre rapidement, à créer un réseau puissant et à devenir de meilleurs entrepreneurs. Même si les diplômés d'un programme d'accélération ou d'incubation finissent par échouer en tant qu'entrepreneurs, ils peuvent tout de même utiliser leurs nouvelles compétences ainsi que leurs réseaux personnels d'autres façons qui seront tout aussi utiles à la société. Diriger un programme d'innovation efficace dans une grande entreprise ou devenir un précieux employé dans l'entreprise en démarrage d'une autre personne ne sont pas nécessairement des résultats négatifs pour un diplômé d'un programme d'accélération, surtout pour l'individu en question. Cependant, il ne s'agit pas des résultats pour lesquels les AIE ont été mesurés et reconnus de façon générale.
- Établir de nouvelles grappes d'activité économique ainsi qu'une culture d'entrepreneuriat : Les AIE jouent aussi le rôle de noyaux autour desquels les réseaux entrepreneuriaux se forment, soit des réseaux qui attirent des intervenants variés et complémentaires qui, ensemble, peuvent stimuler les résultats et sont plus puissants. La formation de grappes qui entraînent de nouvelles possibilités entrepreneuriales pourrait jouer un rôle capital dans l'économie des régions du Canada qui voient leur fondement économique traditionnel se détériorer. Les AIE engendrent également des histoires de réussite qui aident à convaincre plus de gens de lancer des entreprises. Autrement dit, ils contribuent à créer une « culture d'entrepreneuriat » convoitée par les investisseurs et les gouvernements en région. Dans un contexte économique où plus de jeunes devront créer leurs propres emplois, avoir le courage et les aptitudes pour l'entrepreneuriat est nécessaire, bien qu'à eux seuls ces ingrédients ne soient pas suffisants pour garantir une réussite sur le plan économique.
- Mesurer la vitesse : Enfin, l'enjeu concernant la vitesse (ou vélocité) était un autre défi principal relatif à la mesure du rendement soulevé par le groupe. Il a été noté que la vitesse à laquelle les jalons sont atteints par les entreprises (p. ex. le temps requis pour atteindre un certain seuil de revenu ou pour obtenir un financement de série A) est un indicateur clé utilisé par plusieurs des AIE convoqués au dialogue. Autrement dit, ils mesurent leur propre réussite en fonction de leur habileté à aider leurs clients à atteindre des jalons clés plus rapidement. Il a été suggéré que le cadre de mesure du rendement tienne compte de la vitesse en plus des indicateurs statiques, comme les revenus générés ou le capital obtenu au cours d'une année donnée. Cependant, les participants ont aussi fait valoir que l'interprétation des critères de réussite au moment de mesurer la vitesse à laquelle les entreprises mûrissent ou atteignent certains jalons varient selon plusieurs facteurs, tels que le secteur et l'emplacement géographique (voir la prochaine section). Les pistes de solutions proposées comprenaient des outils pour assurer le suivi de la performance économique des cohortes de clients au fil du temps et pour analyser le temps requis pour atteindre des objectifs particuliers en matière de revenu, d'attraction des investisseurs et de création d'emplois.
En dépit des défis associés à la création d'un cadre national, la grande majorité des participants s'entendait sur le fait que les avantages potentiels d'une collaboration nationale sont significatifs pour l'ensemble des intervenants et, ce faisant, ils ont exprimé leur volonté, voire leur empressement, à travailler ensemble pour trouver les solutions adéquates aux défis présentés ci-dessus.
Avantages | Défis | Atténuer les difficultés |
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4. Élaborer un cadre national
Que représente la réussite pour les organisations venant en aide aux entreprises en démarrage? De quelle façon le cadre national doit-il mesurer cette réussite? La plupart des participants au dialogue national étaient d'avis que les principales mesures de la réussite pour les AIE sont liées à la croissance et à la compétitivité des entreprises accélérées/incubées. Si les AIE réussissent à sélectionner et à soutenir des idées commerciales prometteuses, les entreprises incubées devraient, de manière générale, survivre plus longtemps, croître plus rapidement, avoir un plus grand nombre d'employés et attirer plus d'investissements que les entreprises non incubées.
Cependant, si le cadre de mesure du rendement tient compte de ces résultats, il est évident que les divers intervenants qui participent et contribuent à l'écosystème de soutien entrepreneurial ont des objectifs distincts et vont donc prioriser différents résultats et mesures.
Par exemple, les investisseurs s'intéressent principalement au flux d'affaires et aux retraits à valeur élevée. Dans ce cas, les accélérateurs efficaces sont ceux où une proportion significative des entreprises obtient des investissements consécutifs et/ou deviennent d'attrayantes cibles d'acquisition au moment de leur graduation. Les organismes de financement gouvernementaux s'intéressent principalement aux incidences économiques globales, telles que l'attraction des investissements et la création d'emplois. Dans ce cas, les accélérateurs efficaces sont ceux dont les diplômés n'attirent pas que des investissements issus du secteur privé, mais qui réinvestissent également dans la recherche et le développement et qui génèrent des emplois durables et de qualité dans leurs territoires. De par leur nature, les AIE sont naturellement investis dans la réussite de leurs clients, mais ils accordent aussi de la valeur aux objectifs de fonctionnement, comme la compétitivité de leur processus de sélection, la qualité de leurs programmes et la viabilité financière à long terme. Pour être efficaces, les AIE doivent notamment attirer un grand nombre de candidats très prometteurs, offrir des programmes de qualité supérieure à leurs participants, élaborer une liste de mentors expérimentés et générer suffisamment de revenus pour couvrir leurs dépenses.
Pris dans leur ensemble, ces divers résultats offrent un point de départ raisonnable pour définir la réussite. La plupart de ces mesures s'harmonisent entre elles, quoique ce ne soit pas toujours le cas. Par exemple, il existe une tension potentielle entre le désir qu'ont les investisseurs de se retirer rapidement (ce qui signifie bien souvent une acquisition) et le désir qu'ont les représentants élus et les responsables des politiques de conserver les entreprises à forte croissance au sein de leur territoire et de stimuler la création d'emplois à long terme. Cependant, aucune raison méthodologique n'explique pourquoi ces résultats distincts ne pourraient pas être incorporés dans un cadre de mesure du rendement cohérent.
Ce qui suit est une tentative pour décortiquer les commentaires formulés lors du dialogue national en un concept de travail pour l'élaboration d'un cadre national de mesure du rendement. Les suggestions présentées ci-dessous offrent un point de départ pour les discussions à venir qui entraîneront sans doute plusieurs précisions et améliorations en cours de route.
4.1 Considérations pour la création d'un cadre de mesure national
En plus des défis généraux liés à la mesure du rendement présentés ci-dessus, des considérations particulières ont été abordées au moment de cibler des mesures pouvant être normalisées à l'échelle nationale. Les principales considérations sont les suivantes :
- Comparaison et contexte : Bien que les participants aient reconnu l'utilité des indicateurs et des comparaisons relatifs au rendement au sein de l'écosystème, ils invitent à la prudence pour s'assurer que les données sont collectées et interprétées selon une approche nuancée et sophistiquée tenant compte du contexte. La pondération relative accordée aux mesures du rendement ainsi qu'à leur interprétation (de même qu'aux comparaisons du rendement des AIE dans tout le pays) devrait tenir compte de certaines différences, telles que :
- les différences régionales, y compris la densité de la population (et des entrepreneurs), les modèles de financement et la proximité avec des services de soutien complémentaires offerts aux entreprises;
- les différences relatives à la taille;
- les différences relatives au stade de croissance (soit à la maturité des entreprises);
- les différences relatives aux secteurs.
- Activités et résultats : Les participants ont noté une nette préférence pour les mesures axées sur les résultats (p. ex. les investissements, les revenus et les emplois) par rapport à celles axées sur les activités (p. ex. le nombre d'entreprises soutenues, de produits conçus, d'investisseurs présents aux journées de démonstration, de démonstrations destinées aux clients, etc.). Ils ont également noté que les activités ne sont généralement pas un bon indicateur d'incidences économiques significatives et que les mesures axées sur les activités sont généralement trop contraignantes, ce qui fait qu'elles ne laissent pas suffisamment place à l'innovation en matière de prestation de services.
- Volume et incidence : Les participants ont noté que les exigences actuelles et passées en matière de production de rapports ont souvent priorisé le volume par rapport à l'incidence réelle. Par exemple, les AIE devaient produire un rapport sur le nombre total d'entreprises soutenues au lieu de tenir compte de mesures plus significatives de la qualité et de l'incidence économique attribuable à un groupe d'entreprises. Les participants ont suggéré que le cadre national mette l'accent sur des mesures qui indiquent clairement l'incidence et non le volume.
- Mesures statiques et longitudinales : De plus, il y avait un large consensus concernant l'importance d'intégrer des délais adéquats dans le cadre de mesure, et les participants ont exprimé une préférence pour l'utilisation de mesures longitudinales de la réussite par rapport aux mesures statiques. La plupart (voir la totalité) des mesures indiquées ci-dessous peuvent être mesurées de façon longitudinale, ce qui signifie que les indicateurs du rendement des clients feront l'objet d'un suivi au fil du temps (idéalement de 5 à 7 ans). Les mesures longitudinales sont particulièrement importantes lorsque des incidences économiques significatives associées aux interventions des AIE ne se manifestent pas avant plusieurs années, ce qui est le cas dans la plupart des secteurs (quoique cette situation soit plus fréquente dans certains secteurs en particulier). Les mesures longitudinales des mêmes entreprises à l'aide des mêmes indicateurs au fil du temps permettront également aux AIE d'évaluer la vitesse/vélocité à laquelle leurs clients atteignent des objectifs définis en matière d'investissements, de revenus et de création d'emplois.
- Prescription et adaptation : Tout au long du dialogue, les participants ont exprimé qu'ils souhaitaient ardemment que le cadre de mesure national ne soit pas trop contraignant et qu'il respecte les principes de flexibilité et d'autonomie mentionnés précédemment. Autrement dit, les dirigeants des AIE désirent un cadre national conciliant la volonté d'uniformisation avec la réalité voulant qu'un cadre utile doive absolument être associé à une approche de mesure pouvant être adaptée aux circonstances et aux services uniques offerts par les divers AIE du pays.
4.2 Cadre national : Un concept de travail
En tenant compte des considérations mentionnées précédemment, le concept de travail élaboré ci-dessous présente un certain nombre de catégories de résultats économiques pour lesquels les AIE devraient, ou devront, assurer un suivi. Chacune des catégories de résultats économiques comprend un certain nombre de mesures suggérées, et cette liste sera sans aucun doute améliorée et précisée au fil du temps. Les AIE devraient adopter les mesures qui correspondent le mieux à la position actuelle qu'ils occupent au sein de l'écosystème, les programmes et les services qu'ils offrent ainsi que les clients qu'ils servent. Cette approche est axée sur les résultats et non sur les activités, se prête à une analyse longitudinale et permet au contexte d'orienter le processus de mesure grâce à la personnalisation des mesures adoptées par les AIE pour l'analyse et la production de rapports concernant leur incidence économique.
Les catégories de résultats économiques ciblées par les participants incluent ce qui suit :
- Création et survie des entreprises : Mesures du nombre d'entreprises créées au cours d'une période donnée et de l'état de fonctionnement d'anciennes entreprises au fil du temps.
- Investissement : Mesures de la valeur et du type d'investissement consécutif et du capital d'investissement obtenu par les entreprises clientes, ainsi que du rendement du capital investi.
- Revenus : Mesures de toute hausse de clients ou de revenus, y compris le détail des sources nationales et internationales.
- Création d'emplois : Mesures du nombre total d'emplois créés et préservés, y compris des mesures plus précises des types d'emplois ayant été créés (p. ex. postes à temps plein, à temps partiel ou contractuels).
- Marchés, produits et propriété intellectuelle : Mesures du potentiel du marché des entreprises clientes, des produits conçus et du nombre de demandes de brevets déposées et approuvées.
- Création de compétences (personnes et entreprises) : Mesures qualitatives des compétences entrepreneuriales perfectionnées par les personnes et les équipes fondatrices participant aux programmes des AIE.
- Incidence sur la société : Mesures des incidences sociales et environnementales associées aux produits et aux processus commercialisés par les entreprises clientes.
Catégorie de résultats économiques | Mesures applicables potentielles |
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Création et survie des entreprises |
|
Investissement |
|
Revenus et rentabilité |
|
Emplois |
|
Marchés et produits |
|
Propriété intellectuelle |
|
Création de capacités |
|
Répercussions sociales et environnementales |
|
Mesures relatives aux programmes et aux AIE | Mesures applicables potentielles |
---|---|
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4.3 Questions et enjeux pour poursuivre la discussion
Au cours de la discussion relative aux mesures, plusieurs questions ont été soulevées et sont toujours sans réponse, car elles requièrent de plus amples discussions. Ce qui suit fait partie des principaux enjeux et questions pour poursuivre la discussion :
- Indicateurs précoces (avancés), indicateurs tardifs (sous-indicateurs) et taux de rendement : Parmi les nombreuses mesures ciblées par le groupe, lesquelles représentent les meilleurs indicateurs précoces de réussite et lesquelles devraient être considérées comme des indicateurs tardifs? Existe-t-il des mesures pour identifier et mesurer les indicateurs précoces de perturbations ou de produits et d'entreprises révolutionnaires? Quelles sont les mesures les plus efficaces pour évaluer le taux de rendement du capital investi dans les AIE et les entreprises clientes?
- Modélisation, comparaison et interprétation de données : De quelle façon les AIE et les intervenants devraient-ils interpréter les données sur le rendement afin de tenir compte des différences relatives aux secteurs et aux régions? La communauté est-elle en mesure d'établir une référence qui permettrait une analyse comparative à la fois équitable et efficace de l'incidence des AIE? Quel est le niveau de précision adéquat pour la mesure : la personne, l'entreprise, la cohorte, l'institution, l'écosystème ou toutes ces réponses?
- Synthèse des données, validation et production de rapports : Si les AIE acceptent d'inclure leurs données dans une plateforme nationale partagée, qui serait responsable de valider, de synthétiser et de regrouper les données, en plus de produire des rapports? Cette responsabilité sera-t-elle déléguée à une organisation au sein de l'industrie ou à une tierce partie? Des outils d'analyse pour les données partagées seront-ils conçus afin de permettre une modélisation et une production de rapports plus sophistiquées au sein de la communauté des AIE?
- Attribution, causalité et corrélation : Comment l'industrie peut-elle démêler de façon optimale les enjeux liés à l'attribution, à la causalité et à la corrélation en ce qui concerne la représentation de l'incidence des services des AIE sur la performance économique de leurs clients et la croissance du PIB local, régional et national? Comment ces enjeux devraient-ils être abordés dans le contexte du cadre national?
- Taux de réponse des clients : Comment les AIE ayant généré des taux de réponse élevés ont-ils conservé un haut niveau d'engagement envers leurs anciennes entreprises? Comment les autres AIE peuvent-ils augmenter leurs taux de réponse? Est-il possible d'obliger les clients des AIE à faire des rapports aux termes d'un contrat, ou de collecter des données sur les résultats économiques à partir de documents gouvernementaux officiels?
- Coûts administratifs de la collecte de données et de la production de rapports : Étant donné que plus d'importance est accordée à la collecte de données et à la production de rapports de qualité supérieure, les fonds dédiés à ces tâches devraient-ils être prévus dans les contrats de financement du gouvernement avec les AIE? Dans quelle mesure le financement sera-t-il requis pour soutenir la collaboration nationale actuelle, y compris la création et le maintien de biens communs, tels qu'un tableau de bord national et des outils pour l'analyse et la visualisation des données?
Certaines de ces questions sont plutôt simples à répondre. Toutefois, pour d'autres questions, il se peut que la communauté n'obtienne jamais un consensus clair. Par exemple, il y a eu un débat considérable afin de déterminer quelles sont les mesures qui procurent des indicateurs précoces (avancés) de réussite. Pour certains, le capital obtenu est le meilleur indicateur précoce, car il procure une validation de la part d'une tierce partie et précède souvent la production de revenus. En mentionnant le fait que plusieurs entreprises rentables à forte croissance ne recourent jamais à un capital externe, d'autres ont soutenu que la production de revenus est le véritable indicateur précoce de la viabilité de l'entreprise, car les revenus (ainsi que la croissance soutenue du revenu) procurent des données claires de la présence établie sur le marché. Il est impossible d'en arriver à une seule bonne réponse dans ce débat, car les données qui constituent le meilleur indicateur de réussite précoce varient inévitablement en fonction des types d'entreprises et de secteurs soutenus par un AIE donné.
Bien que simplifié, cet exemple procure une indication de la nuance et de la complexité de certaines des questions auxquelles la communauté des AIE devra répondre afin de créer un cadre national. Néanmoins, il existe une forte volonté pour la tenue de débats et de discussions plus poussés concernant ces questions, et l'une des prochaines étapes du groupe de travail mené par l'industrie est de former de plus petits groupes de travail qui pourront étudier ces questions plus en détail et faire un suivi auprès de l'ensemble de la communauté.
5. Conclusions et recommandations
Le fait que les responsables des politiques, les investisseurs et les dirigeants de programme collaborent afin de créer un système commun pour la mesure du rendement des AIE annonce le début d'un nouveau chapitre emballant pour la croissance et l'évolution de l'écosystème des entreprises en démarrage du Canada. Tout au long de ce processus, les principes et les actions clés ci-dessous seront primordiaux :
- Établir un accord concernant les mesures, les outils de mesure et les plateformes normalisés : La première étape est de poursuivre le dialogue avec les intervenants de l'industrie afin d'élaborer un cadre de présentation de rapports normalisé qui présente des définitions cohérentes pour la création d'emplois, la production de revenus, le taux de survie des entreprises et d'autres mesures axées sur les résultats. Bien que le cadre doive être assez flexible pour s'adapter aux divers modèles de programmation du Canada (y compris aux divers secteurs et stades de croissance), une telle normalisation est essentielle afin de permettre un regroupement et une comparaison de données fiables dans l'écosystème.
- Gérer la production de rapports uniformisée avec un petit groupe représentatif de dirigeants des AIE et de responsables des politiques : Tirer profit du leadership d'un certain nombre d'AIE permettrait de tester et de préciser le cadre avec un groupe plus restreint avant de le mettre en œuvre partout au pays. Cette phase expérimentale devrait comprendre la participation des dirigeants politiques et des organisations de financement afin d'assurer la viabilité de la solution. Le groupe pilote devrait également représenter les principaux secteurs et régions économiques du Canada, en plus de refléter la diversité des modèles de programmation et des services offerts par les AIE.
- Adapter les mesures du rendement aux différents niveaux de maturité des entreprises : La phase expérimentale sera utile pour faire en sorte que les mesures normalisées à l'échelle nationale tiennent compte de la valeur créée par les entités qui exercent leurs activités dans différents secteurs et régions ainsi qu'auprès de clients issus de différents niveaux de maturité. D'un côté, les entités ou les programmes axés sur les entreprises plus matures devraient être évalués en fonction des principales mesures de la croissance des entreprises identifiées ci-dessus, soit le revenu, l'investissement et la création d'emplois. D'un autre côté, les entités ou les programmes qui soutiennent les entreprises en démarrage devraient mettre l'accent sur des progrès mesurables vers l'atteinte de jalons précis et approuvés par les bailleurs de fonds et les participants au programme.
- Centraliser la collecte de données et la production de rapports : Une fois la phase expérimentale terminée, les AIE et le gouvernement pourront collaborer afin de simplifier la mesure du rendement, soit en centralisant la collecte de données et la production de rapports annuels au moyen d'une plateforme en ligne unique. La création d'une plateforme partagée unique pour produire des rapports sur les résultats permettrait de réduire davantage le fardeau liée à la production de rapports qui incombe aux AIE ainsi que d'améliorer grandement l'accès aux données ainsi que leur interprétation par les responsables des politiques, les chercheurs, les investisseurs, les entreprises et les autres intervenants.
- Intégrer des exigences en matière de production de rapports dans les contrats de financement et de soutien : Ajouter des exigences en matière de partage de données dans les contrats de service entre les accélérateurs et les entreprises soutenues pourrait améliorer la collecte longitudinale de données pour les différentes mesures ciblées dans le cadre de mesure. De même, les organismes de financement du Canada devraient inclure des exigences en matière de divulgation et de production de rapports dans leurs contrats avec les AIE, et ces exigences devraient respecter les normes nationales établies par le groupe de travail de l'industrie.
- Faire preuve de plus de rigueur pour la mesure du rendement avec des données statistiques officielles : D'abord et avant tout, il est possible de faire preuve de plus de rigueur en tirant parti des données officielles des entreprises sur les emplois, la croissance des revenus et la rentabilité en partenariat avec Statistique Canada et l'Agence du revenu du Canada. Cela permettra d'accroître la fiabilité, en plus d'éviter le problème de double ou de triple comptage. De plus, la création d'un groupe de contrôle pour les entreprises non incubées permettrait aux évaluateurs d'estimer avec plus de certitude l'écart entre la performance économique des entreprises qui reçoivent du soutien et celles qui n'en reçoivent pas.
- Au moment d'évaluer les investissements des AIE, il faut reconnaître que les différents types d'organisations venant en aide aux entreprises en démarrage ne font pas tous le même travail : Comme il a été mentionné, il existe une diversité considérable au sein des structures et des approches utilisées pour soutenir les entreprises en démarrage et les PME du Canada. De plus, les diverses réalités économiques présentes au sein des différents secteurs et régions signifient qu'il est juste d'évaluer les résultats en fonction d'objectifs pouvant raisonnablement être atteints dans un contexte donné. Les responsables des politiques et les évaluateurs doivent tenir compte de cette diversité au moment de comparer le rendement et d'établir des objectifs à partir desquels la réussite des AIE sera évaluée. Plus la collecte de données au sein de la grande diversité d'organisations est systématique, plus les atteintes en matière de succès seront adaptées aux différents secteurs et régions ainsi qu'aux divers types d'organisations qui existent au Canada.
- Repérer les principaux facteurs de réussite et partager les pratiques exemplaires : Même si cela ne fait pas partie du cadre ci-dessus, il convient de penser à la manière selon laquelle la collaboration nationale pourrait améliorer la compréhension des facteurs de réussite des organisations à rendement élevé. Comme les modèles novateurs à potentiel élevé continuent d'évoluer (souvent avec des modèles hybrides et/ou un créneau plus spécialisé), il est important de mieux comprendre les facteurs qui distinguent les organisations des AIE les plus efficaces. La réussite est-elle attribuable aux capacités, à l'emplacement, à un processus de sélection de clients compétitifs, à des partenariats avec des investisseurs, des universités de recherche et des sociétés commerciales, ou à une combinaison d'autres facteurs? Dans le cadre de la collaboration nationale, les dirigeants des AIE devraient tenter de déterminer s'il existe des caractéristiques ou des choix conceptuels communs qui influencent la réussite de manière positive et/ou qui sont associés à un faible rendement. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une science exacte, une combinaison de modélisations de données et d'entrevues qualitatives pourrait générer de précieux renseignements au sujet des principaux facteurs de réussite et, par conséquent, des structures et des pratiques exemplaires qui doivent être reproduites dans l'ensemble de l'écosystème.
- Inclure de la recherche qualitative dans le processus de mesure : Alors que les approches quantitatives sont toutes indiquées pour évaluer l'incidence des AIE sur les emplois, les investissements et la croissance, les recherches qualitatives procurent une subtilité nécessaire à l'analyse du rendement qui peut faire la lumière sur les tendances, les possibilités et les défis. Les enquêtes, les groupes de discussion et les entretiens individuels aideront les dirigeants des AIE et les responsables des politiques à mieux comprendre les données, en plus de représenter des outils essentiels pour identifier des contributions immatérielles à la performance économique et pour formuler des recommandations visant à renforcer l'écosystème entrepreneurial du Canada.
Annexe A : Ordre du jour de la rencontre
- VOLET 1 : Présentations et mise en contexte
- Mot d'ouverture
- Présentations à tour de rôle
- Examen des résultats de l'enquête
- Qu'est-ce que les résultats ont révélé? Discussion de groupe
- VOLET 2 : Évaluation de la possibilité d'une collaboration pour l'élaboration d'un cadre national de mesure du rendement
- Discussion de groupe et questions
- Quels sont les problèmes qu'une collaboration nationale sur la mesure du rendement peut aider à régler pour les AIE et l'écosystème des entreprises en démarrage?
- Quelle serait la valeur ajoutée découlant de la collaboration pour les AIE du Canada?
- Dans quelle mesure l'industrie doit-elle collaborer pour la mesure du rendement?
- Quelles sont les plus importantes caractéristiques d'une collaboration nationale?
- Quels sont les défis/obstacles qui devront être surmontés afin d'assurer le succès de la collaboration au sein de l'industrie?
- Discussion de groupe et questions
- VOLET 3 : Élaborer une solution nationale pour la mesure du rendement
- Discussion de groupe et questions
- Quelles sont les options les plus souhaitables/viables afin d'élaborer une solution nationale pour la mesure du rendement?
- Quelles sont les mesures clés nécessaires à l'élaboration d'une norme nationale?
- Comment une solution nationale peut-elle mettre en adéquation la volonté de simplicité avec le besoin de tenir compte de la diversité des modèles des AIE et des secteurs du Canada?
- Les AIE sont-ils prêts à mettre en œuvre un projet pilote pour valider le potentiel d'une solution nationale en matière de mesure du rendement?
- Discussion de groupe et questions
- VOLET 4 : Discours de l'honorable Bardish Chagger, ministre de la Petite Entreprise et du Tourisme
- VOLET 5 : Concepts en action et prochaines étapes
- Discussion de groupe et questions
- Quelles sont les prochaines étapes logiques?
- Qui fera quoi et d'ici quelle échéance?
- De quelle façon le groupe souhaite-t-il poursuivre le dialogue?
- Discussion de groupe et questions
- Résumé et conclusion
Annexe B : Participants
Organisation | Province | Nom et titre |
---|---|---|
Accelerator Centre | Ontario | Paul Salvini, PDG |
AccelRX | Colombie-Britannique | Natalie Dakers, présidente |
BC Tech Association | Colombie-Britannique | Bill Tam, PDG |
Centre for Social Innovation | Ontario | Barnabe Geis, directeur de l'incidence et des accélérateurs |
Communitech | Ontario | Avvey Peters, v.-p., Partenariats |
FounderFuel | Québec | John Stokes, cofondateur |
Inno-Centre du Québec | Québec | Pierre Nelis, directeur général |
Innovate Calgary | Alberta | David Chavez, vice-président, Développement des entreprises et des entrepreneurs |
Investir Ottawa | Ontario | Jon Milne, directeur général, Innovation |
L-Spark | Ontario | Patrick White, directeur général |
MaRS | Ontario | Karen Greve Young, v.-p., Partenariats |
PEI BioAlliance | Île-du-Prince-Édouard | Rory Francis, directeur général |
Planet Hatch | Nouveau-Brunswick | Meaghan Seagrave, présidente, Planet Hatch |
Propel ICT | Nouvelle-Écosse | Anita Punamiya, PDG |
Ryerson DMZ | Ontario | John MacRitchie, directeur principal, Développement des entreprises et planification stratégique |
TEC Edmonton | Alberta | Chris Lumb, président et PDG |
Venn Centre | Nouveau-Brunswick | Doug Robertson, président et PDG |
Wavefront | Colombie-Britannique | James Maynard, PDG |
ISDE | Fédéral | Chris Padfield, directeur général, Direction générale de la petite entreprise |
ISDE | Fédéral | Shane Dolan, gestionnaire, Élaboration des politiques, Direction générale de la petite entreprise |
ISDE | Fédéral | Christine McKay, conseillère principale, Direction générale de la petite entreprise |
CNR | Fédéral | David Lisk, vice-président, PARI |
Think Stiletto | Ontario et Nouveau-Brunswick | Laura O'Blenis, fondatrice et stratège en chef |
DEEP Centre Inc. | Ontario | Anthony Williams, président et cofondateur |
MaRS | Ontario | Joe Greenwood, directeur de programme, Catalyseur de données MaRS |
MaRS | Ontario | Cory Mulvihill, cadre principal, Politique et affaires publiques, District de la découverte MaRS |
TEC Edmonton | Edmonton | Karen Wichuk, v.-p., Relations avec le gouvernement et le secteur public |