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Moniteur du capital de risque - Deuxième trimestre de 2009
599 Ko, 8 pages
Les petites et moyennes entreprises (PME) canadiennes innovatrices à forte croissance qui commercialisent les résultats de la recherche sont en grande partie tributaires de l'industrie du capital de risque (CR) pour assurer leur financement. C'est pourquoi la vigueur de cette industrie revêt de l'importance pour ce segment des PME. La présente série de bulletins a pour but de fournir de l'information à jour sur l'industrie du capital de risque au Canada. À cette fin, elle fait état des tendances observées au chapitre de l'investissement, rend compte de la recherche sur des sujets touchant le capital de risque et examine les principales grappes technologiques où est investi le capital de risque.
Introduction
Le présent numéro rend compte des tendances du deuxième trimestre de 2009 en matière de mobilisation de fonds et d'investissements en capital de risque canadien. Vous y trouverez aussi un sommaire des initiatives récentes du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux liées au capital de risque au Canada.
Aperçu des activités en matière de capital de risque
Investissement et mobilisation de fonds
Au plus bas depuis le premier trimestre de 1996
L'investissement en capital de risque était à 179 millions de dollars (94 transactions) au deuxième trimestre de 2009, une diminution de 42 % par rapport au deuxième trimestre de 2008 et de 34 % par rapport au premier trimestre de 2009. Cette diminution est grandement attribuable à la baisse du niveau des investissements étrangers qui ont chuté de 85 millions de dollars par rapport au deuxième trimestre de 2008 et de 52 millions de dollars par rapport au premier trimestre de 2009. Le faible niveau des investissements en capital de risque enregistré au deuxième trimestre de 2009 est sans égal depuis le premier trimestre de 1996.
La mobilisation de fonds a reculé jusqu'à 260 millions de dollars, une baisse de 30 % par rapport au deuxième trimestre de 2008 (tableau 1).
T2 de 2008 | T2 de 2009 | Variation (en %) | |
---|---|---|---|
(millions de dollars) | |||
Source : Thomson Reuters Canada, 2009. | |||
Investissement | 309 | 179 | −42 |
Mobilisation de fonds | 373 | 260 | −30 |
Valeur des transactions
La baisse des transactions de grande valeur s'accentue au deuxième trimestre de 2009
La valeur moyenne des transactions était de 1,9 million de dollars au deuxième trimestre de 2009, alors qu'elle était de 2,9 millions de dollars au deuxième trimestre de 2008. Cette réduction va de pair avec la diminution continuelle des transactions de grande valeur au cours des derniers trimestres. En fait, les transactions de plus de 5 millions de dollars représentaient 27 % de toutes les transactions au deuxième trimestre de 2009, alors qu'elles représentaient 34 % des transactions au deuxième trimestre de 2008. La diminution de la valeur des transactions pourrait être attribuable à la plus faible présence d'investisseurs étrangers (principalement américains) au cours du trimestre (figure 1).
Figure 1
Répartition des investissements en capital de risque selon la valeur des transactions, deuxièmes trimestres de 2008 et de 2009

Source : Thomson Reuters Canada, 2009.
Étape du développement
Baisse de l'investissement dans les entreprises à l'étape préliminaire
Les investissements pour les entreprises à l'étape préliminaire de leur croissance ont reculé de 51 % au deuxième trimestre de 2009 par rapport au deuxième trimestre de 2008. Les entreprises en prédémarrage et en démarrage n'ont profité que de 58 millions de dollars en investissement. Les entreprises qui sont à des étapes ultérieures de croissance ont vu leur part dans l'investissement total augmenter à 67 % comparé à 63 % un an plus tôt (figure 2).
Figure 2
Investissement en capital de risque selon l'étape du développement, deuxièmes trimestres de 2008 et de 2009

Source : Thomson Reuters Canada, 2009.
Nouveaux investissements et investissements subséquents
Baisse continue du nombre de nouvelles entreprises qui reçoivent du capital de risque
Même si le nombre de nouvelles entreprises qui reçoivent du capital de risque a augmenté au deuxième trimestre de 2009 par rapport à celui de 2008, la baisse survenue au premier trimestre de 2009 s'est poursuivie. Le nombre de nouvelles entreprises qui reçoivent du capital de risque représentait 29 % de toutes les entreprises, et celles qui ont bénéficié de transactions subséquentes représentaient 71 % des entreprises (tableau 2).
Investissements | T2 de 2008 | T3 de 2008 | T4 de 2008 | T1 de 2009 | T2 de 2009 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Source : Thomson Reuters Canada, 2009. | ||||||
Nouveaux | Toutes | 22 | 46 | 46 | 31 | 28 |
Prédémarrage/ démarrage | 8 | 14 | 13 | 9 | 8 | |
Autres étapes préliminaires | 2 | 6 | 3 | 7 | 4 | |
Étapes ultérieures | 12 | 26 | 30 | 15 | 16 | |
Subséquents | Toutes | 85 | 77 | 86 | 64 | 66 |
Prédémarrage/ démarrage | 15 | 10 | 12 | 10 | 8 | |
Autres étapes préliminaires | 21 | 27 | 29 | 26 | 23 | |
Étapes ultérieures | 49 | 40 | 45 | 28 | 35 |
Type d'investisseur
Fort recul des activités d'investissements des fonds étrangers
Ce trimestre a été caractérisé par un fort recul du volume de capital de risque en fonds étrangers investi au Canada, ce qui représente la plus forte proportion de l'ensemble du déclin des investissements. La baisse fait partie d'une tendance qui a commencé au début de l'année 2008. Les investissements des sociétés à capital de risque de travailleurs (SCRT) et des fonds de détail ont aussi été moindres au deuxième trimestre de 2009 par rapport au même trimestre de 2008, alors que les fonds indépendants privés ont été relativement stables avec des investissements de près de 60 millions de dollars (figure 3).
Figure 3
Répartition des investissements en capital de risque selon le type d'investisseur, deuxièmes trimestres de 2008 et de 2009

Source : Thomson Reuters Canada, 2009.
Mobilisation de fonds
La mobilisation de fonds bondit par rapport au trimestre précédent
La mobilisation de fonds a atteint 260 millions de dollars au deuxième trimestre de 2009, une hausse de 81 millions de dollars par rapport au trimestre précédent. Malgré cette hausse, la mobilisation de fonds était en baisse de 60 % par rapport aux 373 millions de dollars du deuxième trimestre de 2008. Les fonds indépendants privés ont atteint 190 millions de dollars, tandis que les SCRT et les fonds de détail ont mobilisé le reliquat. Comme il a été souligné dans les numéros précédents du Moniteur de capital de risque, la baisse continue en mobilisation de fonds de capital de risque est un indicateur de la tendance future vers une diminution de la taille de l'industrie canadienne du capital de risque.
Répartition régionale
Forte baisse des investissements en capital de risque en Ontario et en Colombie-Britannique
La baisse des investissements en capital de risque n'a pas touché toutes les provinces de la même façon. Le volume d'investissements en capital de risque a fortement chuté en Ontario et en Colombie-Britannique au deuxième trimestre de 2009 par rapport au même trimestre de 2008 (respectivement 67 % et 58 %), alors que le Québec a enregistré une baisse plus faible de 19 % (figure 4). La même tendance a été constatée pour ce qui est du nombre d'entreprises financées en Ontario et en Colombie-Britannique, alors que le Québec a enregistré une hausse du nombre d'entreprises recevant du capital de risque (tableau 3).
Figure 4
Répartition régionale des investissements en capital de risque au Canada, deuxièmes trimestres de 2008 et de 2009

Source : Thomson Reuters Canada, 2009.
Province | T2 de 2008 | T2 de 2009 | Variation (en %) |
---|---|---|---|
Source : Thomson Reuters Canada, 2009. | |||
Colombie-Britannique | 17 | 10 | -41 |
Alberta | 4 | 5 | 25 |
Saskatchewan | 1 | 1 | 0 |
Manitoba | 1 | 4 | 300 |
Ontario | 43 | 25 | −42 |
Québec | 34 | 43 | 26 |
Nouveau-Brunswick | 2 | 4 | 100 |
Nouvelle-Écosse | 5 | 2 | −60 |
Île-du-Prince-Édouard | 0 | 0 | 0 |
Terre-Neuve-et-Labrador | 0 | 0 | 0 |
Territoires | 0 | 0 | 0 |
Répartition selon le secteur
Déclin prononcé en technologies énergétiques et environnementales
Tous les secteurs, à l'exception des secteurs traditionnels, ont vu une diminution des niveaux d'investissements en capital de risque au deuxième trimestre de 2009 par rapport au même trimestre de 2008. Les technologiesénergétiques et environnementales n'ont reçu que 26 % de ce qu'elles ont reçu au deuxième trimestre de 2008. Le secteur des technologies de l'information est encore le plus choyé, profitant de près de la moitiéde tous les engagements en matière de capital de risque au Canada (figure 5).
Figure 5
Investissement en capital de risque selon le secteur d'activité, deuxièmes trimestres de 2008 et de 2009

Source : Thomson Reuters Canada, 2009.
Activités gouvernementales
Au deuxième trimestre de 2009, la Banque de développement du Canada (BDC) a investi, avec d'autres investisseurs, 46 millions de dollars dans onze entreprises. La part de la BDC dans ces investissements était de 8,9 millions de dollars (tableau 4).
BDC | Co-investisseurs | Total | Nombre de transactions | |
---|---|---|---|---|
(millions de dollars) | ||||
Source : Banque de développement du Canada, 2009. | ||||
Prédémarrage/ démarrage | 2,8 | 15,2 | 18,0 | 3 |
Étapes ultérieures | 6,1 | 21,9 | 28,0 | 8 |
Total | 8,9 | 37,1 | 46,0 | 11 |
Une mosaïque cohérente de politiques publiques canadiennes qui soutiennent le capital de risque
Comme pour d'autres secteurs de l'économie, l'industrie canadienne du capital de risque a affronté de nombreux défis. Récemment, le gouvernement du Canada a mis en place de nouveaux types d'investissements afin de continuer d'appuyer l'implantation d'une industrie du capital de risque autosuffisante. Dernièrement, les gouvernements provinciaux ont aussi annoncé des politiques importantes en matière de capital de risque. On reconnaît qu'un marché du capital de risque mûr et fonctionnel, s'il atteint ses objectifs, jouera un rôle essentiel dans la stimulation des entreprises à fort potentiel qui ont les capacités de transformer les idées et la recherche en de nouveaux produits et services, et de façonner l'avenir de l'économie canadienne.
Un survol des politiques en matière de capital de risque annoncées récemment
Le 15 juin 2009, le gouvernement du Canada a annoncé son intention d'investir 350 millions de dollars sur trois ans dans les activités de capital de risque de la BDC. La BDC investira une première tranche de 260 millions de dollars dans les entreprises les plus prometteuses de son portefeuille, et dans de nouvelles entreprises technologiques en démarrage. Cet argent servira aussi à appuyer des entreprises de technologie mieux établies qui ne font pas partie du portefeuille de la BDC, mais qui arrivent difficilement à obtenir de nouvelles tranches de financement. La BDC accordera aussi, sur trois ans, 90 millions de dollars à des fonds privés canadiens de capital de risque. Ce montant vient s'ajouter à l'investissement de 75 millions de dollars, déjà réservé dans le Budget 2008 du gouvernement du Canada, destiné à la mise en place du nouveau Tandem Fonds d'expansionNote de bas de page 1, dirigé par le secteur privé. Ce fonds fera des investissements directs dans des entreprises canadiennes qui sont à l'étape de la croissance.
Le 1er septembre 2009, le gouvernement du Canada a aussi annoncéNote de bas de page 2 que la nouvelle Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l'Ontario (FedDev Ontario) fournira une somme additionnelle de 50 millions de dollars à la BDC qui sera répartie comme suit : 35 millions de dollars en capital serviront à des investissements directs dans des entreprises en début de croissance du Sud de l'Ontario et 15 millions de dollars seront investis dans des fonds ontariens de capital-risque qui mettent l'accent sur des projets en Ontario.
Le gouvernement de l'Ontario a aussi annoncé des investissements en vue de renforcer les capacités du secteur du capital de risque ontarien afin qu'il puisse appuyer les entreprises novatrices à forte croissance. Le nouveau Fonds ontarien de capital de risqueNote de bas de page 3 de 205 millions de dollars est un fonds de fondsNote de bas de page 4 géré par le secteur privé et constitué d'investissements réalisés par des investisseurs institutionnels, le gouvernement de l'Ontario et la BDC. L'Ontario a aussi créé le Fonds de technologies émergentesNote de bas de page 5 de 250 millions de dollars, un fonds de co-investissements qui doublera les investissements réalisés par des investisseurs qualifiés dans des entreprises ontariennes en démarrage qui œuvrent principalement dans les secteurs de la haute technologie.
Le gouvernement du Québec, conjointement avec des investisseurs des secteurs institutionnel et privé, a créé le Fonds Teralys CapitalNote de bas de page 6, le plus important fonds de fonds canadien dont les ressources financières devraient atteindre 825 millions de dollars. Québec, en partenariat avec d'autres investisseurs, a aussi annoncé la mise sur pied de trois nouveaux fonds destinés aux entreprises en prédémarrageNote de bas de page 7. Pour terminer, le gouvernement du Québec a annoncé qu'il accordera 60 millions de dollars en nouveau financement au Programme Fonds d'intervention économique régional - FIERNote de bas de page 8.
Le gouvernement de l'Alberta a mis en place l'Alberta Enterprise Corporation, doté d'un financement de 100 millions de dollars, qui investira, à titre d'associé commanditaire, des fonds de capital de risque dans des entreprises des secteurs prioritaires et sous financés.
En 2008, la Colombie-Britannique a instauré le Renaissance Capital Fund, un fonds de fonds de 90 millions de dollars.
Certains gouvernements canadiens soutiennent les fonds d'investissement de travailleurs en offrant des créditsd'impôt aux investisseurs privés. Les provinces du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve-et-Labrador, du Québec et de la Saskatchewan ont récemment augmenté la taille de ces crédits. Certaines de ces provinces ont aussi augmenté le montant du crédit annuel pour les particuliersNote de bas de page 9.
Objectifs gouvernementaux pour le capital de risque
Les récents investissements publics en capital de risque par les gouvernements fédéral et provinciaux, présentés plus haut et résumés au tableau 5, illustrent la gamme d'outils visant à soutenir le capital de risque au Canada. À l'exception des politiques présentées au tableau 5, le gouvernement du Canada accorde aussi près de 125 millions de dollars en crédit d'impôt pour les investisseurs qui injectent de l'argent dans les SCRTNote de bas de page 10, montant qui vient s'ajouter aux crédits d'impôt accordés par les gouvernements provinciaux. Par ailleurs, certaines provinces accordent d'autres types de crédits d'impôt pour des investissements dans des entreprises privées admissibles. Toutes ces mesures gouvernementales constituent un important soutien au capital de risque au Canada.
Gouvernement fédéral | Colombie-Britannique | Alberta | Ontario | Québec | Soutien gouvernemental total | Soutien prévu par tous les partenaires limités | |
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Note ** du tableau 5 : Exclut les investissements gouvernementaux faits dans le cadre des programmes de crédit d'impôt à l'investissement et des fonds de travailleurs. Note ** du tableau 5 : Inclut l'investissement de 60 millions de dollars fait par le gouvernement du Québec dans le cadre du programme régional FIER. | |||||||
Démarrage | 60 M$ | 250 M$ | 50 M$ | 360 M$ | 435 M$ | ||
Subséquent | 275 M$ | 275 M$ | 500 M$ | ||||
Soutien aux fonds privés de CR | 90 M$ | 90 M$ | 100 M$ | 90 M$ | 260 M$ Référence de la note ** du tableau 5 | 690 M$ Référence de la note ** du tableau 5 | 1 430 M$ Référence de la note ** du tableau 5 |
Règle générale, les politiques gouvernementales orientées vers l'industrie du capital de risque ont pour objectifs globaux de favoriser l'autosuffisance et d'attirer les investisseurs étrangers ainsi qu'une masse critique d'investisseurs institutionnels dans cette classe d'actifs. Les spécialistes de l'industrie estiment que pour atteindre ces objectifs, certaines conditions doivent être réunies, notamment les suivantes :
- Le rendement sur le capital de risque doit être conforme aux normes internationalesNote de bas de page 11 ou les excéder.
- L'industrie doit disposer d'une masse critique de gestionnaires en capital de risque qui ont une solide expérience et des contacts internationaux, et qui ont une connaissance approfondie des produits et du marché associés au capital de risque.
- Les fonds en capital de risque doivent être suffisamment importants pour permettre aux entreprises qui reçoivent des fonds de profiter du niveau de financement nécessaires pour se doter d'une stratégie de sortie fructueuse.
- Le pays doit pouvoir compter sur une masse critique d'entrepreneurs expérimentés.
- Des occasions d'affaires susceptibles de recevoir des investissements doivent exister en nombre suffisant.
Notes
La présente publication fait partie d'une série de documents publiés par la Direction générale de la petite entreprise. Cette direction analyse le marché financier et l'incidence des tendances observées sur l'accès des petites entreprises au financement. La recherche actuelle met l'accent sur les entreprises à forte croissance,sur les aspects du capital de risque et de l'environnement commercial en général au Canada qui influent sur le succès de ces entreprises, ainsi que sur les principaux intervenants du marché du capital de risque (par exemple, les sociétés de capital de risque et les investisseurs providentiels).
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