Rapport sur l'examen de la politique nationale sur les pylônes d'antenne

Section D — Six questions liées à l'orientation de la politique

Question 2. Quels renseignements seraient les plus utiles aux membres du public concernés et quelle est la meilleure façon de leur communiquer ces renseignements?

Il est difficile de répondre à la question 2 en l'absence de contexte. Les recommandations relatives aux renseignements qui seraient les plus utiles aux membres du public concernés et les conseils sur la meilleure manière de procéder ne peuvent être offerts que si l'on sait dans quel contexte les renseignements seront employés. Cette information relative à l'utilisation des renseignements sert de cadre pour déterminer quelle sera l'information la plus utile et comment, quand et par qui elle devrait être fournie.

Pour commencer, il faut reconnaître que les politiques canadiennes actuelles applicables à l'autorisation des antennes énoncées dans la CPC-2-0-03 d'Industrie Canada et d'autres documents politiques, ne réclame aucune forme de participation aux processus de prise de décision par des membres du public concernés. Ces politiques n'exigent pas non plus que l'information soit fournie au public afin de les renseigner au sujet de l'autorisation des antennes en général ou au sujet des bâtis d'antennes à considérer en particulierNote 145. Pour encadrer les recommandations liées à la question 2, on se servira de deux contextes.

Le premier contexte examiné sera une audience publique ou une autre forme de consultation publique, portant sur l'approbation éventuelle d'un bâti d'antenne donné. Il faut noter que la « recommandation 2 » du présent rapport réclame instamment qu'Industrie Canada exige de la part des promoteurs des bâtis d'antenne importants qu'ils consultent directement les membre du public qui seront les plus touchés par cette installation. On discutera ci-après de l'information nécessaire pour tenir une consultation signifiante pour le public et pour le processus de prise de décision.

Le deuxième contexte offert portera sur les renseignements qui sont nécessaires aux membres du public concernés, à condition que cette information ne serve pas à déterminer l'emplacement d'une antenne. À tout moment, le public peut avoir besoin de cette information, mais surtout dans le cas d'une consultation locale au sujet de l'installation d'une antenne, que des membres du public y participent ou non. Ce deuxième contexte concerne l'explication des politiques et du processus de prise de décision particuliers du gouvernement à des membres du public qui sont préoccupés à leur sujet. Quand à savoir qui devrait fournir cette information, on suppose que le gouvernement fédéral a l'obligation d'expliquer ses politiques et son processus de prise de décision à ses citoyens. D'après un récent rapport préliminaire préparé par le Conseil du Trésor du Canada, le gouvernement fédéral a l'obligation de s'expliquer devant les citoyens concernés, ce qu'il s'est engagé à faire - ainsi qu'à écouter leurs réponses :

Le gouvernement du Canada reconnaît que son principal rôle consiste à servir les Canadiens et qu'il faut donc intégrer à ses politiques, à ses programmes, à ses services et à ses initiatives la perspective des citoyens... En insistant davantage sur la consultation et sur l'engagement des citoyens, on répond aux attentes croissantes des Canadiens à l'égard d'une gouvernance plus accessible, plus dynamique et plus responsable. Les Canadiens veulent généralement être consultés par leur gouvernement. De plus en plus, ils souhaitent discuter des valeurs qui sous-tendent les options relatives aux programmes et aux politiques ainsi que les compromis et les choix auxquels sont confrontés les décideursNote 146.

Donc, en combinant les deux contextes, on offrira des recommandations en supposant que (i) les membres du public concernés doivent avoir une occasion de véritablement participer aux décisions relatives à l'emplacement des antennes qui les touchent directement et que (ii) ils ont le droit d'exprimer leurs préoccupations et de recevoir des réponses réfléchies au sujet du choix de l'emplacement des antennes pour lesquelles on ne demande pas une contribution du public et si une telle contribution est présentée, elle ne servira pas à trancher la question.

Malgré le fait que la CPC-2-0-03 ne réclame pas la participation du public aux consultations locales énoncées pour les stations radios de type 1 et de type 2, de nombreuses audiences publiques concernant les bâtis d'antennes ont eu lieu au Canada. Comme on l'a expliqué ailleurs dans le présent rapport, au cours de la période de huit ans antérieure, un certain nombre des gouvernements municipaux de l'Ontario, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique ont négocié des protocoles applicables au choix de l'emplacement des antennes avec les grandes entreprises de services sans fil du Canada. Ces protocoles complètent le contenu de la CPC-2-0-03 et d'autres politiques relatives aux licences. La grande majorité des protocoles prévoient des audiences publiques, ou un autre Type de consultation publiqueNote 147, à tenir lorsque des pylônes d'antennes pour SCP doivent être situés à l'intérieur ou à proximité de zones résidentielles. Essentiellement, l'audience publique est traitée comme un élément du processus de consultation plus complet qui transpire en vertu du protocole conclu entre la municipalité et l'entreprise de service sans fil qui cherche à faire approuver par la municipalité sa proposition relative à une antenne. Il revient à chaque municipalité de déterminer, dans le contexte de son protocole, le degré d'influence accordé à la réaction et aux préoccupations du public au sujet de la proposition relative à une antenne donnée.

Certains de ces protocoles de consultation offrent de bonnes réponses aux questions portant sur les besoins d'information des citoyens préoccupés qui doivent participer directement aux décisions relatives à une antenne proposée et à la Question de savoir comment il faudrait répondre à ces besoins. Si Industrie Canada accepte la « recommandation 2 » du présent rapport, l'examen d'un échantillon de ces protocoles permettra d'éclairer les éléments d'une nouvelle politique de consultation publique.

A. Information reliée à la consultation

L'avis circulant parmi les membres du public concernés devrait fournir aux citoyens suffisamment d'information au sujet de la consultation publique, pour les aider à déterminer : 

  • s'ils vont y assister et y participer;
  • où, quand et comment participer;
  • comment une personne qui ne peut assister à la consultation publique peut faire des présentations;
  • la forme sous laquelle se tient la consultation publique (p. ex. assemblée générale ou portes ouvertes);
  • les détails relatifs à la proposition relative à l'antenne et aux objectifs de la consultation publique.
  • Cet avis devrait aussi informer les citoyens des étapes et délais se rattachant au processus ainsi que de l'autorité habilitée à prendre la décision finale.
  • Un protocole récemment créé par la Ville de Colwood, en Colombie-Britannique fournit un bon exemple des exigences applicables aux avis relatifs à une consultation publique. Ce protocole spécifie ce qui suit :

7. D. L'entreprise devrait entreprendre le processus suivant de consultation communautaire en tenant au moins une rencontre publique, comme suit :

  1. L'entreprise devrait avertir les personnes suivantes de la réunion :
    • tous les résidents et propriétaires de terrains situés dans un rayon de 500 mètres à partir de la base du bâti proposé,
  2. L'avis concernant la rencontre sera envoyé par courrier ou livré en personne au plus tard 10 jours avant la date de la rencontre. L'avis devra renfermer les renseignements suivants : 
    • date, heure et lieu de la rencontre et ordre du jour,
    • information relative au lieu, au Type et à l'envergure du bâti d'antenne proposé
    • l'émission de l'installation en rapport avec le Code de sécurité 6,
    • les nom et numéro de téléphone d'une personne-ressource de l'entreprise
    • les nom et numéro de téléphone d'une personne-ressource pour Industrie Canada, Bureau de gestion du spectre de Victoria
    • un avis selon lequel toute l'information requise par Industrie Canada peut être consultée à l'hôtel de ville de ColwoodNote 148.

B. Information relative à un impact local potentiel

Pour que le public fasse confiance au processus de prise de décision, il doit avoir un aperçu de tous les critères de décision qui seront appliqués. Ensuite, il doit savoir quels sont les rapport entre sa participation et ces critères. Le fait de clarifier le rôle du public permet de rendre plus efficace et pertinente sa participation et lui permettra de mieux accepter le résultat finalNote 149.

Dans l'édition actuelle de la CPC-2-0-03, il est Question de donner suite aux préoccupations relatives à l'utilisation du sol, de réduire l'impact sur les environs, de donner suite de manière responsable aux préoccupations de la communauté [Type 2] et de veiller à ce que le bâti d'antenne soit adapté à son environnement [Type 2] pour décrire les objectifs de la consultation locale. Or, la CPC-2-0-03 ne demande pas que les consultations locales fassent intervenir le public. Dans la plupart des protocoles relatifs à l'emplacement des antennes utilisés dans le secteur du sans-fil au Canada, il est Question d'évaluer l'« impact visuel  » de l'installation proposée, mais certains protocoles vont plus loin et mentionnent la sensibilité régionale, l'impact environnemental et la compatibilité avec l'utilisation du solNote 150. Ils prévoient souvent des audiences publiques si les pylônes d'antenne proposés sont destinés à des zones résidentielles, mais il est rare que le rôle du public dans cette prise de décision soit bien expliqué.

Dans le cas où des membres du public concernés interviennent dans le processus de consultation locale, on avance que leur rôle principal consiste à mieux faire comprendre l'impact potentiel du bâti d'antenne proposé sur la zone voisine immédiate. Comme ils habitent dans la région, ils sont bien placés pour expliquer les commodités, sensibilités, vulnérabilités et autres caractéristiques pertinentes de la région. Leurs contributions peuvent offrir à la fois de l'information utile et inciter fortement le promoteur de l'antenne et le responsable de l'utilisation du sol à travailler ensemble pour trouver un endroit qui permette d'éviter des impacts négatifs, ou sinon, d'envisager d'autres arrangements pour ce qui est du choix de l'emplacement.

Pour présenter des commentaires utiles au sujet de l'impact éventuel d'un bâti d'antenne proposé sur les commodités, les sensibilités ou les vulnérabilités de la région, les membres du public concernés doivent avoir accès, à l'avance, à une grande partie de l'information relative au choix de l'emplacement considéré. Encore une fois, certains des protocoles existants répondent bien à la nécessité d'obtenir des détails sur l'emplacement. Ils réclament que le promoteur de l'antenne présente au responsable de l'utilisation du sol des diagrammes, des plans ou des photos montrant ces détails, notamment les suivants :

  • utilisation résidentielle de la région;
  • emplacement de la végétation existante et autres critères de sélection;
  • perspective sur une longue ou une courte distance;
  • utilisation institutionnelle ou récréative visible à partir du site;
  • proximité des voies publiques;
  • zones environnementales importantes à proximité;
  • conception et couleur de l'éclairage sur le bâti.

Quelques protocoles exigent que le promoteur fasse circuler une image à l'échelle de l'antenne proposée et du bâti de soutien superposée à une photographie du site de manière à permettre de mieux apprécier son impact visuelNote 151.

En général, au Canada, les entreprises de service sans fil ou les municipalités présentent rarement de l'information détaillée sur le site au public. Il est intéressant de noter que Telus, Bell et Rogers ont récemment collaboré à la production d'une trousse d'information standard destinée aux citoyens préoccupés qui habitent à proximité des emplacements proposés des pylônes d'antennes pour le service sans fil. Cette information, qui résume le contenu de la CPC-2-0-03, n'invite pas les citoyens à participer. Elle montre plutôt que le processus de consultation vise à permettre à la municipalité, « à titre de représentant du bien public »Note 152 de commenter les propositions importantes relatives à des antennes.

Pour résumer, les membres du public concernés qui vont participer activement à une consultation locale au sujet d'un bâti d'antenne proposé ont besoin d'information spécifique au sujet de la consultation elle-même (p. ex. heure, lieu, présentation, objet, rôle du public, identité du décideur, etc.) et d'information relative au choix de l'emplacement envisagé pour l'installation (p. ex. emplacement, Type et hauteur du bâti de soutien, couleur, etc. et les détails relatifs à l'environnement, comme le zonage, les paysages, le patrimoine et les aspects écologiques, etc.).

C. Autres renseignements nécessaires

Du point de vue juridique, les points au sujet desquels un responsable de l'utilisation du sol peut exiger une consultation de la part du promoteurNote 153 d'un bâti d'antenne radio sont limités a) aux aspects mentionnés dans la CPC-2-0-03, b) au contenu des protocoles de consultation qui ont été négociés entre le responsable de l'utilisation du sol et les promoteurs de l'antenne et c) les aspects (accessoires) liés au choix de l'emplacement, qui peuvent relever des compétences provinciales (et territoriales) en vertu des lois constitutionnelles du CanadaNote 154. Par contre, la liste des aspects liés au choix de l'emplacement des antennes qui pourraient préoccuper le public n'est pas si limitée. Si on considère les consultations publiques qui ont eu lieu au Canada au sujet de l'emplacement des antennes, les questions qui vont au-delà des exigences des consultations, incluses dans les lois, politiques et protocoles actuels seraient les suivantes :

  • si le service de radiocommunication était vraiment nécessaire;
  • si un brouillage électromagnétique risque de se produire et comment il serait éliminé;
  • le caractère adéquat (ou le choix) des paramètre prévus dans le Code de sécurité 6 sur l'exposition des humains aux champs de radiofréquence;
  • les exigences relatives au balisage et à l'éclairage du bâti de soutien pour assurer la sécurité de la navigation aérienne;
  • la possibilité d'un impact négatif sur la valeur des propriétés les plus rapprochées du site proposé.

Toutes les préoccupations susmentionnées relèvent du deuxième contexte annoncé dans l'introduction de la présente sous-section du rapport. En général, il ne s'agit pas de questions au sujet desquelles le promoteur de l'antenne ou le responsable de l'utilisation du sol consulte le public. Pendant la collecte des données pour le présent examen de la politique, de nombreux promoteurs ont dit être prêts à ne fournir que des renseignements rudimentaires sur ces points. Les représentants de quelques entreprises de service sans fil ont affirmé que ce n'était pas à eux de répondre aux préoccupations du public au sujet de l'exposition aux RF, d'un brouillage éventuel ou de la sécurité des balises et de l'éclairage de sécurité aéronautique. Ils invoquaient que lorsqu'ils avaient tenté de fournir davantage d'information à ce sujet, ils avaient constaté que beaucoup de gens n'avaient pas confiance en leurs explications ou information à cause de leur intérêt évident pour l'issue des consultationsNote 155.

En ce moment, Industrie Canada répond aux demandes de renseignements qui lui sont adressées par téléphone, courriel et lettre au sujet du choix de l'emplacement des antennes au niveau du bureau de district ou du bureau régional. Si une lettre est adressée au ministre de l'Industrie, il s'agit d'une « lette adressée au Ministre » et la réponse est préparée au bureau national, à Ottawa. En raison du grand nombre de vérifications effectuées sur le contenu et le ton des réponses du Ministre, il peut falloir des mois avant de recevoir une réponse officielle. Même si des représentants du bureau de district concerné assistent, à l'occasionNote 156, aux rencontres publiques organisées par des promoteurs d'antennes, il est très rare qu'ils assument un rôle autre que celui d'« observateur ». Lorsqu'ils assistent à des audiences publiques, les représentants des bureaux de districts n'offrent pas de parler devant les médias des questions relatives aux antennes. Si une rencontre publique s'annonce, les bureaux de district limiteront souvent la longueur des réponses par téléphone et par courriel de manière à ne pas distraire l'attention du public des points qui doivent être examinés lors de l'audience publique (principalement, l'impact visuel de la proposition relative à une antenne).

i. Nécessité d'une infrastructure particulière pour l'antenne

On avance que le public ne devrait pas être consulté sur la nécessité d'un bâti d'antenne particulier ou d'une modification, mais le public mérite effectivement une brève réponse expliquant comment on procède ou procédait à ces déterminations En général, les décisions relatives aux installations particulières de radiodiffusion sont prises par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) avec le demandeur. Si une audience publique est organisée par le CRTC pour une demande de radiodiffusion donnée, il y a peu de restrictions sur les questions que les membres du public concernés pourraient poser. À l'occasion, des citoyens ont assisté à des audiences du CRTC portant sur l'établissement ou la modification d'installations de radiodiffusion dans l'espoir de débattre de la nécessité d'un site donné, d'un système d'antenne ou d'un changement des installations proposées.

Dans le cas des réseaux sans fil liés au service cellulaire et au SCP (cellulaire numérique) c'est le fournisseur de service qui décide d'établir ou de modifier un bâti d'antenne cellulaire ou de SCP. C'est particulièrement vrai maintenant qu'Industrie Canada est passé à la délivrance de licences de spectreNote 157 pour ces services sans fil. Le Canada a créé un modèle de réglementation reposant sur les conditions des licencesNote 158 et les forces concurrentielles du marché pour les décisions relatives à la portée et à la qualité des services réseautés offerts par chaque entreprise de sans-fil. Les entreprises de service sans fil ne devraient pas avoir à consulter le public ni les responsables de l'utilisation du sol au sujet de la nécessité des bâtis d'antenneNote 159. Lorsqu'on leur posera la question, les entreprises de service sans fil expliqueront pourquoi un bâti d'antenne donné est nécessaireNote 160. De même, les radioamateurs ne devraient pas avoir à s'engager dans un débat avec les représentants municipaux officiels ni à consulter leurs voisins immédiats sur la question de savoir si un bâti d'antenne ou une modification donnée est nécessaire.

ii. Questions relatives aux interférences électromagnétiques (EMI)

Les membres du public peuvent faire face à des problèmes d'interférence électromagnétique (EMI) lorsque de nouveaux émetteurs radio s'établissent dans le voisinage. Une fois ces émetteurs activés, il est possible que la performance de certains appareils électroniques ménagers diminue. Lorsque la diminution de la performance coïncide avec l'activation d'une nouvelle antenne, les membres du public concerné ont tendance à faire des reproches au promoteur de l'antenne qui a implanté le nouvel émetteur ou Industrie Canada, pour l'avoir laissé faire.

La recommandation 12 du présent rapport et le texte explicatif qui lui est associé, porte sur la nécessité pour Industrie Canada de créer des documents de consultation sur l'utilisation du sol qui fournit de l'information très élémentaire sur les interférences électromagnétiques, au sujet de l'obligation de résoudre de tels problèmes et au sujet du rôle d'Industrie Canada en rapport avec la détermination du problème et sa résolution. La recommandation 13 réclamait qu'Industrie Canada mette en oeuvre un critère sur l'intensité maximale du champ afin de résoudre les plaintes liées aux émissions fondamentales des entreprises de radiodiffusion. Grâce à cette approche, le Ministère a été encouragé à offrir un niveau accru de protection contre le brouillage causé par des émissions de radiodiffusion pour les appareils électroniques qu'on retrouve dans le ménage canadien moyen.

Le présent examen de la politique permet de conclure qu'en raison de la complexité technique et réglementaire des questions liées aux interférences électromagnétiques (EMI ou brouillage) qui peuvent surgir lorsque des installations importantes de radiodiffusion sont établies ou modifiées, Industrie Canada doit être prêt à participer activement à des consultations publiques si des problèmes d'interférence électromagnétique risquent fort de perturber le fonctionnement des appareils ménagers électroniquesNote 161. Le rôle du Ministère devrait consister à répondre aux questions relatives aux interférences électromagnétiques que les membres du public concernés pourraient poser. En particulier, Industrie Canada devrait être prêt à expliquer, en langage clair, les obligations du promoteur de l'antenne en cas de brouillageNote 162.

iii. Questions liées au Code de sécurité 6 (exposition aux RF)

During the online Discussion Forum that operated under the Pendant le forum de discussion en ligne qui a eu lieu dans le cadre du projet d'examen de la politique nationale sur les pylônes d'antennes du 3 septembre au 24 octobre 2003, les commentaires les plus émotifs exprimaient des préoccupations relatives à la santé après une exposition des humains à l'énergie des radiofréquences émises par la technologie cellulaire. Souvent les participants n'ont pas précisé s'ils étaient préoccupés par les émissions des unités de poche ou par celles des bâtis d'antenne radio (fixes). De plus, environ 50 courriels non sollicités ont été envoyés au Canada et dans le reste du monde aux deux adresses de courriels affectées au projet : antenne@unb.ca et antenna@unb.ca. La plupart de ces courriels exprimaient des préoccupations au sujet des effets sur la santé de l'exposition aux RF. Ainsi, environ cinq appels téléphoniques ont été reçus de la part de citoyens craignant que leur exposition à des antennes radio au Canada avaient nui à leur santé. Une femme a envoyé une copie de son dossier médical qui, a-t-elle dit prouvait que son téléphone cellulaire lui avait causé des brûlures au visage et d'autres blessures. Elle a fermement maintenu ce point de vue, même si son médecin n'en était pas venu à la même conclusion. Les questions de sécurité des RF prédominaient aussi dans les présentations officielles écrites reçues et affichées sur le site Web du projet (www.antennareview.ca).

Lors des consultations tenues dans le cadre du présent examen de la politique, les représentants des entreprises de service sans fil, les entreprises de radiodiffusion et les gouvernements locaux ont dit que les questions et les préoccupations du public à l'égard de l'exposition des humains aux champs de radiofréquences sont les plus difficiles à traiter. L'un des cadres d'une entreprise nationale de service sans fil a donné à ce dossier le nom de d'« enfant terrible » des rencontres publiques : plus il en est question, plus la situation se complique et plus les esprits s'enflammentNote 163. De manière générale, les présentations des membres du public au sujet de l'exposition aux RF traduisaient des émotions qui allaient d'une légère appréhension à une grande angoisse. Il est clair que pour certains membres du public, l'exposition éventuelle à des champs de radiofréquence a au moins un effet sur la santé : elle est une source d'anxiété Note 164.

Pour effectuer des déterminations au sujet d'activités et de technologies dangereuses, la plupart des scientifiques et les décideurs gouvernementaux ont recours à une analyse perfectionnée appelée « évaluation du risque ». Par contre, la plupart des citoyens ont tendance à se fier à leur propre intuition au sujet des dangers, ce qui s'appelle « perception du risque »Note 165. Ces perceptions sont habituellement fondées sur des rapports des médias, de l'information et des opinions trouvées sur Internet et sur les opinions de parents et amis. La théorie de la perception du risque donne à penser que, si on en juge d'après l'information fournie actuellement par les médias et par Internet, un grand nombre des membres du public ont l'impression que l'exposition aux RF émises par les bâtis d'antennes fixes est très risquée. Presque tous les facteurs liés à la perception d'un risque élevé sont présents : on a l'impression d'avoir peu de contrôle sur l'activité risquée, que les pires conséquences possibles sont terribles (peut-être le cancer ou des dommages de l'ADN), le risque n'est pas assumé volontairement, l'activité risquée est mal connue et le risque pour les enfants en particulier pourrait donner l'impression d'être plus élevéNote 166.

En ce qui concerne les préoccupations relatives aux effets des RF sur la santé humaine, la gestion des risques et la perception des risques comportent trois éléments : (1) évaluation du risque, (2) analyse du risque et élaboration des politiques et (3) communication du risque. Pour déterminer de quelle information le public peut avoir besoin à ce sujet et qui pourrait la fournir, il faut examiner ces trois éléments.

Comme on l'a noté ci-haut, l'évaluation du risque est une analyse perfectionnée des activités et technologies potentiellement dangereuses. Habituellement, l'évaluation du risque repose sur un examen indépendant des études scientifiques les plus à jour ayant fait l'objet d'examen par les pairs. Depuis une vingtaine d'années, les évaluations du risque au Canada en rapport avec l'exposition aux RF ont été faites principalement par un groupe de scientifiques qui travaillent à la division chargée du rayonnement au ministère fédéral de la Santé. Il y a toutefois des exceptions à cette tendance, notamment quand, en 1998, Santé Canada a demandé que la Société royale du Canada réunisse un groupe d'experts pour effectuer une évaluation du risque pour la santé découlant des expositions humaines à l'énergie des RF. La Société royale a publié son évaluation un an après et conclu que l'exposition du public aux stations de télécommunication base était de si faible intensité qu'on ne prévoyait pas d'effets biologiques ou néfastes sur la santéNote 167. En 2004, la Société royale a actualisé son étude antérieure et conclu que rien ne permettait de penser que les champs de RF avaient certainement des effets sur la santé, mais que d'autres recherches devraient être effectuéesNote 168.

Le deuxième élément de la gestion du risque, l'analyse du risque et l'élaboration de politiques, a aussi été pris en charge par la direction générale chargée du rayonnement à Santé Canada pendant de nombreuses années. Si on se fie à l'analyse des évaluations de risque effectuées, Santé Canada a choisi, puis modifié une norme d'exposition aux RF, par choix politique. Depuis 1979, la division du Bureau de mesure du rayonnement de Santé Canada a publié un document intitulé « Code de sécurité 6 »Note 169. Ce Code, qui définit les limites de l'exposition aux radiofréquences pour les travailleurs du domaine des RF et pour les membres du grand public, a été mis à jour en 1991 et en 1999. Avec le temps, le Code de sécurité 6 s'est étendu à une plus large gamme de fréquences et ses limites sont devenues plus strictes. Comme code ou norme, le Code de sécurité 6 ne possède pas de pouvoir juridique indépendant. Il est appliqué en étant incorporé (par référence) à des lois fédérales, provinciales ou des arrêtés municipaux. Industrie Canada a mentionné que le Code de sécurité 6 était un élément nécessaire des règles techniques et de la réglementation applicable à tous les appareils de communication de poche et aux bâtis d'antennes fixes. Dans le cadre du processus d'autorisation de certains bâtis d'antennes fixes, le personnel d'Industrie Canada exige que des modèles de prévision des RF soient employés pour effectuer une analyse computationnelle des niveaux d'énergie des RF. Le développement et l'utilisation des modèles de prévision des RF sont traités dans la réponse à la question 3 de l'examen de la politique nationale sur les pylônes d'antennes.

Le troisième élément, la communication du risque, consiste en un échange interactif d'information et d'opinions entre divers personnes, groupes et établissements au sujet de risques donnés. Pour les communications avec le public, le risque est communiqué efficacement si le public est bien informé d'un risque donné, dans les limites du savoir crédible existant. D'après la théorie de la communication du risque, l'impression qu'a le public de la partie qui tient le dialogue sur le risque et qui fournit de l'information influe beaucoup sur la manière dont l'information est reçue. Encore une fois, conformément à la théorie de la communication du risque, trois perceptions sont très importantes dans le cas des communications pouvant être considérées comme crédibles et fiables. Il s'agit de perceptions au sujet du savoir et du savoir-faire du communicateur, de son ouverture et de son honnêteté, ainsi que du souci qu'il se fait et du soin qu'il manifesteNote 170.

En rapport avec les activités de communication du risque de l'exposition aux RF s'adressant à des membres du public préoccupés au Canada, de nombreux établissements sont concernés. Il s'agit de Santé Canada, d'Industrie Canada, de l'Association canadienne des télécommunications sans fil (ACTSF), du Wireless Information Resource Centre (WIRC)Note 171 du Centre R. Samuel McLaughlin d'évaluation du risque pour la santé des populations (Centre McLaughlin)Note 172, des principales entreprises de service sans fil, du programme Bell University Labs et de la British Columbia Cancer Agency. Évidemment, si le public exprimait des préoccupations au sujet des effets sur la santé de l'exposition humaine aux champs de radiofréquence, en rapport avec une consultation donnée sur l'utilisation du sol, le promoteur de l'antenne pourrait adopter une stratégie personnelle de communication des risquesNote 173.

Avant de formuler des recommandations au sujet de l'information qui devrait être mise à la disposition du public sur l'exposition aux RF et sur la manière de fournir cette information, il est important qu'Industrie Canada et Santé Canada examinent de manière plus détaillée les activités de gestion du risque se rapportant à cet aspect.

En 1988, le ministère des Communications (à l'époque) et le ministère de la Santé nationale et du Bien-être social (à l'époque) avaient signé un protocole d'entente qui visait à énoncer leurs responsabilités respectives à l'égard de l'exposition du public à des champs électromagnétiques émis par des appareils de radiocommunication et des antennes fixes. Ce document indiquait clairement que le ministère de la Santé devait exécuter les recherches nécessaires pour publier le Code de sécurité 6 et le réviser continuellement à titre de document d'orientation. Le ministère de la Santé avait aussi accepté de fournir des avis et de l'information au ministère des Communications et au public au sujet des aspects liés à l'exposition aux RF. De son côté, le ministère des Communications a accepté de mettre en oeuvre la norme d'exposition en respectant la politique nationale en matière de radiocommunication et de renvoyer au ministère de la Santé les questions liées à l'exposition aux RF.

La Question qui n'a pas été réglée entre les deux ministères est celle de leurs responsabilités respectives au niveau du traitement des controverses engendrées par l'exposition aux RF générées par des installations proposées ou existantes d'antenne radio. Au fur et à mesure que le nombre et l'intensité de ces controverses ont augmenté au cours des années 1990, et que les deux ministères ont été visés par d'importantes restrictions budgétaires, chacun s'attendait à ce que l'autre prenne l'initiative de répondre à ces préoccupations du public. Par conséquent, pendant toute la décennie, il arrivait souvent qu'aucun des ministères ne soit représenté aux audiences publiques et qu'aucun ne fournisse de l'information ou des assurances aux membres du public concernés.

En août 2003, Industrie Canada et Santé Canada ont signé un nouveau protocole d'entente qui résout la controverse susmentionnéeNote 174. Des paragraphes figurant dans la section 2 du protocole d'entente précisent que des deux ministères, les responsabilités d'Industrie Canada sont les suivantes :

(1) être le principal répondant pour les demandes présentées par le public et l'industrie, en ce qui concerne....l'application des limites de l'exposition humaine aux radiofréquences;

(5) répondre aux préoccupations exprimées par le public, dans des réunions, des publications ou par d'autres moyens appropriés, au sujet de la conformité aux limites de l'exposition humaine aux radiofréquences adoptées par le MinistèreNote 175.

De nombreuses opinions ont été exprimées au cours de la collecte des données pour ce projet, au sujet de la responsabilité qu'a Industrie Canada de donner suite aux préoccupations du public à l'égard de l'exposition aux RFNote 176. Les opinions des groupes d'intérêt liés à la radiocommunication, des gouvernements locaux et régionaux, des groupes d'intérêt public et du public étaient presque unanimes à penser qu'Industrie Canada doit jouer un rôle plus actif dans le processus de consultation locale et, en particulier, en répondant aux citoyens préoccupés par le risque d'effets nocifs sur la santé de l'exposition humaine aux champs de radiofréquenceNote 177. L'examen de la politique nationale sur les pylônes d'antenne permet de conclure qu'il s'agit d'un rôle qui convient à Industrie Canada et qu'une stratégie nationale en matière de communication est nécessaire.

Recommandation 20 : Qu'Industrie Canada élabore une stratégie de communication des risques à l'échelle nationale en vue de répondre aux questions et aux préoccupations du public au sujet des effets de l'exposition aux champs de radiofréquences sur la santé humaine.

Cette stratégie devrait comporter la désignation du personnel de l'administration centrale et des régions pour répondre aux préoccupations du public à l'égard de l'exposition aux RF, de combler les besoins de formation de ce personnel en relation avec les médias et en techniques de communication du risque, et de se pencher sur la nécessité de fournir de la documentation supplémentaire sur l'exposition aux RF (à un niveau de compréhension approprié). Dans ces circonstances, lorsque le Ministère prévoit que les préoccupations liées à l'exposition aux RF jouera un rôle prédominant dans les consultations sur l'utilisation du sol, il faudrait veiller à ce qu'un membre du personnel ayant reçu une formation adéquate (et soutenu) soit présent pour parler aux citoyens préoccupés et aux médias, si une telle mesure est jugée utile ou nécessaire.

En 2002, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un rapport intitulé Establishing a Dialogue on Risks from Electromagnetic FieldsNote 178. Cette publication, présentée sous forme de guide, a été créée pour aider les intervenants et les décideurs à faire participer le public à un dialogue au sujet des effets potentiels de l'exposition aux champs électromagnétiques (CEM). Il offre d'excellente réponses aux questions quand, quoi, comment et à qui communiquer l'information au sujet des risques potentiels des expositions au CEM. D'après le manuel, il est essentiel à toute stratégie de communication du risque que la mise en oeuvre se fasse le plus tôt possible lorsqu'il faut choisir l'emplacement d'installations qui produisent un CEM :

Certaines sources de CEM, comme les lignes de transmission et les stations de base des téléphones mobiles, suscitent souvent beaucoup d'anxiété auprès du public. Cette anxiété peut susciter une forte opposition à ces installations. Lorsque l'opposition de la communauté s'intensifie, c'est souvent parce que le processus de communication n'a pas commencé assez tôt pour inspirer confiance au public et veiller à ce qu'il comprenneNote 179.

Les industries de la radiodiffusion et du sans-fil au Canada ne peuvent compter uniquement sur les efforts de communication des ministères de l'Industrie et de la Santé. Leurs propres communications au sujet de la sécurité des RF devraient commencer dès le début de la recherche d'un site et se poursuivre une fois que le site choisi sera opérationnel.

Recommandation 21 : Que les radiodiffuseurs et les fournisseurs de services de téléphonie cellulaire/SCP du Canada élaborent leurs propres stratégies de communication des risques. Ces stratégies devraient prévoir la formation (communication des risques) des employés qui sont chargés de participer aux activités relatives au choix de l'emplacement des antennes et aux consultations locales.

D'après le texte du préambule du Code de sécurité 6, « le présent Code sera révisé périodiquement, et toutes les exigences particulières sont sujettes à révision en tout temps s'il convient de tenir compte de situations imprévues ». Il est important de dire qu'un grand nombre de ceux qui ont fourni des commentaires au sujet du Code de sécurité 6 pour le présent projet ont signalé que la version actuelle (1999) de la norme est désuèteNote 180. Pour être crédible, une ligne directrice applicable aux RF doit être fondée sur des indications scientifiques très actuelles et objectives, et elle doit être perçue comme telle. Même si Santé Canada n'a pas émis de nouveau ni validé le contenu du Code de sécurité 6 depuis cinq ans, on a récemment entrepris un examen indépendant de la norme et l'état des connaissances scientifiques sur lesquelles il repose. Les scientifiques affiliés au Centre R. Samuel McLaughlin d'évaluation du risque pour la santé des populations situé à l'Université d'Ottawa ont effectué l'examen et publié leurs conclusions 181. Malheureusement, les membres du public préoccupés ne connaîtront probablement pas cette recherche ni cette récente approbation du Code de sécurité 6, comme ligne directrice appropriée pour certains types d'exposition aux RF.

Lors d'une rencontre tenue à Ottawa, le 18 juin 2004, des membres du Comité consultatif national sur les pylônes d'antenne (CCNPA) ont exprimé des préoccupations sur le fait qu'il n'existe pas au Canada de mécanisme de réglementation pour déclencher un examen indépendant de l'état des connaissances scientifiques applicables au Code de sécurité 6, ni pour rediriger les résultats d'un tel examen vers l'analyse des risques et les activités d'élaboration de politique de Santé Canada. De plus, les membres du CCNPA étaient d'avis que Santé Canada ne possède plus des ressources suffisantes pour continuer à agir à la fois au niveau de l'analyse des risques et de l'élaboration des politiques pour cette ligne directrice. Comme Santé Canada est un ministère du gouvernement, ses priorités en matière de recherche (et de financement) ont tendance à être à court terme et elles migrent selon l'évolution des perceptions engendrées par les questions les plus pressantes de santé publique. Il n'est pas surprenant qu'une grande partie de l'attention et des ressources du Ministère sont maintenant affectées aux dossiers des maladies infectieuses et du bioterrorisme. Des groupes d'experts indépendants, comme ceux qui sont affiliés à la Société royale du Canada et au Centre McLaughlin, sont beaucoup mieux en mesure de passer en revue les recherches les plus récentes et d'exécuter les fonctions nécessaires d'évaluation des risques. Santé Canada devrait continuer à exécuter ses fonctions d'analyse des risques et d'élaboration de politiques en rapport avec cette norme.

Les membres du public préoccupés doivent être confiants que le Code de sécurité 6 repose sur une évaluation des risques objective, experte et à jourNote 182.

Recommandation 22 : Qu'Industrie Canada et Santé Canada financent conjointement un examen biennal de l'état d'avancement de la science relativement au Code de sécurité 6, qui serait effectué par un groupe indépendant d'experts comme ceux associés au Centre R. Samuel McLaughlin d'évaluation du risque pour la santé des populations ou à la Société royale du Canada.

Pour le moment, il n'existe pas de mécanisme institutionnel ou politique permettant de rediriger les résultats d'un examen indépendant au sujet de l'état des connaissances applicables aux lignes directrices relatives à l'exposition humaine aux champs de radiofréquence vers les analyses de risque et les activités d'élaboration de politique liées au Code de sécurité 6. Il faudra régler ce problème.

Recommandation 23 : Que Santé Canada mette en place un mécanisme qui permettra de communiquer les résultats de l'examen indépendant de l'état d'avancement de la science relativement aux lignes directrices sur l'exposition des êtres humains aux champs de radiofréquences aux responsables du processus d'élaboration du Code de sécurité 6. Advenant que, par suite de l'examen indépendant, les responsables concluent qu'il n'est pas nécessaire de modifier la norme, ils devraient ajouter une note au préambule du Code visant à informer les intéressés (nature de l'examen, groupe d'experts, constatations, date de l'examen).

iv. Questions au sujet du balisage et de l'éclairage de protection aéronautique

À l'occasion, des membres du public et des représentants des autorités responsables de l'utilisation du sol ont des questions à poser au sujet des exigences relatives aux marques et à l'éclairage aéronautique administrées par Transports Canada. Habituellement, la personne qui pose la Question veut savoir comment l'application de ces exigences pourrait influer sur l'impact visuel d'une proposition d'antenne donnéeNote 183. Un petit nombre des présentations officielles présentées dans le cadre de l'examen de la politique nationale sur les pylônes d'antenne invoquaient que le manque de connaissance du public au sujet de ces exigences relatives à l'éclairage et au balisage était problématique pour les promoteurs des antennes et laissaient entendre qu'Industrie Canada devrait jouer un rôle dans l'avenir, pour les expliquer aux citoyens préoccupés.

Lorsque les règles relatives au balisage et à l'éclairage de sécurité aéronautique applicables aux antennes radio et à leur bâtis ont été examinés, on a conclu, à partir de l'examen de la politique qu'une partie de l'information au sujet de ces règles et de leur application serait utile aux membres du public préoccupés par l'impact visuel des bâtis d'antenne situés dans les environs.

Un aperçu des exigences relatives au balisage et à l'éclairage dans le cas des antennes radio et de leurs bâtis se trouve dans la section C du rapport. La documentation ci-après vise à tenter de fournir l'information qui pourrait être utile aux autorités chargées de l'utilisation du sol et aux membres du public préoccupés.

Exigences relatives aux balisage et à l'éclairage de sécurité aéronautique et consultations locales

Comme point de départ, lorsque les autorités chargées de l'utilisation du sol et les membres du public préoccupés sont consultés au sujet de propositions données sur une antenne, on conclut, dans le présent examen de la politique, que le promoteur de l'antenne devrait donner des détails sur les plans de peinture et d'éclairage de sécurité aéronautiques destiné à l'antenne ou à son bâti. Il est particulièrement important de donner un préavis au sujet de l'éclairage projeté si l'intensité de l'éclairage stroboscopique sera élevée. Fait intéressant, l'une des politiques actuelles d'Industrie Canada en matière de radiodiffusion contient un précédent. Les entreprises de câblodiffusion doivent consulter les autorités chargées de l'utilisation du sol au sujet des propositions relatives à une antenne (p. ex. pour un centre distributeur de TV par câble). Dans l'avis présenté à l'autorité chargée de l'utilisation du sol, comme première étape du processus de consultation, le demandeur doit indiquer si le pylône ou le bâti d'antenne sera équipé de lumières stroboscopiques de forte intensité 184.

Recommandation 24 : Que lorsqu'Industrie Canada impose à un promoteur d'antenne l'obligation de publier un avis, comme première étape des consultations sur l'utilisation du sol ou publiques, le promoteur d'antenne soit tenu de fournir dans l'avis des détails de base au sujet de ses plans pour le balisage et l'éclairage du pylône d'antenne ou des autres bâtis.

Même si les citoyens ne souhaitent pas rendre les pylônes d'antenne et les autres bâtis moins visibles à partir de l'espace de navigation aérienne, nombre d'entre eux apprécieraient avoir de l'information concernant la réduction de l'impact visuel de telles constructions vues du sol. Premièrement, il est important de se rendre compte que la norme 621.19 fixe des exigences rigoureuses en matière de visibilité pour les obstructions aéronautiques, mais que les autres options de balisage et d'éclairage pourraient être acceptables pour Transports Canada, de manière à obtenir la visibilité nécessaire dans les circonstances. Par exemple, pour un grand nombre des pylônes d'antenne de services cellulaire et des SCP, le promoteur peut demander l'approbation d'un éclairage blanc clignotant (et pas de peinture) ou d'un éclairage rouge clignotant avec de la peinture orange et blanche. Souvent, les citoyens qui vivent près des pylônes d'antenne ont l'impression qu'une lumière blanche clignotante les importune davantage qu'une lumière rouge, surtout la nuit. Le promoteur de l'antenne peut demander un éclairage blanc si l'option existe, de manière à ne pas avoir à entretenir les bandes ou la couleur du pylôneNote 185.

Il faut aussi savoir qu'un éclairage en mode double (couleur) peut être approuvé dans le cas de certains pylônes d'antenne de service cellulaire et de SCP. Lorsqu'il fait noir, un pylône pour lequel des lumières blanches (sans peinture) ont été approuvées peut passer à des lumières rouges, car la peinture ne sert plus. Donc, la nuit, un pylône non peinturé avec balises à double mode, sera tout aussi visible pour la navigation aérienne qu'un pylône peinturé (qui porte des lumières rouges 24 heures sur 24). Le promoteur d'une antenne pourrait ne pas demander l'approbation d'un éclairage en mode double qui est plus coûteux à acheter et à entretenir.

Il faudrait que les membres du public qui se préoccupent des obstructions de la vue causées par les pylônes d'antenne à cause de l'éclairage sachent qu'une entreprise du Québec a mis au point et breveté un déflecteur qui s'installe autour des unités standard des balises servant à éclairer des obstructions aéronautiques. Ces déflecteurs bloquent la lumière en direction du sol tout en maintenant la visibilité de la balise à partir de l'espace de navigation aérienneNote 186. Il s'agit d'une série d'éléments de forme conique qui bloquent le chemin lumineux vers le bas, qui ne peuvent servir à accueillir des nids d'oiseaux et où la neige et la glace ne peuvent s'accumuler. D'après les représentants de l'entreprise, une balise lumineuse munie de ce produit n'est plus visible à partir du sol dans un rayon qui s'étend de la base du pylône d'antenne à 2,5 km vers l'extérieur. Et, à une distance de 3 km à partir de la base du pylône, on ne voit que 10 p. 100 de la baliseNote 187. Au printemps 2004, environ 30 de ces déflecteurs ont été installés sur des pylônes d'antenne de cellulaire et de SCP situés en OntarioNote 188 et les résultats ont été bons. D'après les développeurs de ce déflecteur, chaque unité installée ajoute environ 5 000 $ au coût du pylône d'antenne. Même si on ne cherche pas à faire de ce produit un accessoire standard des bâtis d'antenne au Canada, il pourrait être une option importante dans le cas où l'éclairage des obstacles à la navigation aérienne est particulièrement importune pour les membres du public concernés.

v. Questions relatives à l'impact sur la valeur des propriétés

La Question des préoccupations du public à l'égard de l'impact des pylônes d'antennes sur la valeur des propriétés situées près de l'installation sera traitée plus loin dans le présent rapport, mais quelques commentaires seront faits ici. On conclut, dans le présent examen de la politique, que l'impact (positif ou négatif) d'un bâti d'antenne sur la valeur de certaines propriétés ne devrait pas faire l'objet de consultations au sujet d'une antenne. En général, les autorités responsables de l'utilisation du sol ne doivent pas tenir compte de ces impacts lorsqu'elles choisissent l'emplacement d'infrastructure urbaine ou rurale à laquelle des membres du public concerné pourraient s'opposer. Presque toutes les décisions de planification auront des impacts positifs et négatifs sur la valeur du terrain situé dans le voisinage immédiat.

On accepte facilement que ceux qui vivent tout près de l'emplacement envisagé pour un bâti d'antenne puissent soulever des préoccupations à l'égard d'un impact éventuel sur la valeur de leur terrain. Ces personnes devraient pouvoir exprimer leurs préoccupations, mais il faudrait expliquer que le principal but des consultations organisées avec le public ou les autorités chargées de l'utilisation du sol consiste à déterminer l'impact visuel de la proposition sur l'environnement immédiat. Les impacts négatifs devraient être explorés dans le cadre des discussions relatives à la perte potentielle des commodités ou d'importantes caractéristiques visuelles de la région.