évolution de la place du Canada dans l'aérospatiale

Les forces qui sous-tendent le secteur de l'aérospatiale et de la défense au Canada
Turbulence : défis que le secteur canadien de l'aérospatiale et de la défense doit relever
Le ciel se dégage : possibilités pour l'industrie

L'industrie mondiale de l'aérospatiale et de la défense est une industrie où les investissements et les risques sont élevés. Elle a vécu des changements radicaux au cours des deux dernières décennies. L'industrie mondiale comprend présentement un nombre plutôt restreint de FEO, ou fabricants de base, chacun fort de sa propre famille de produits et services pour subvenir aux besoins d'utilisateurs de systèmes commerciaux, militaires et spatiaux. Les pressions financières s'exerçant sur une industrie des grands transporteurs restructurée et l'ère de l'après-guerre froide qui a réduit l'ampleur des systèmes de défense et des budgets spatiaux ont mené aux transformations que vit l'industrie depuis deux décennies. Propulsée par les coûts et risques croissants des projets, la consolidation de l'industrie au niveau des fabricants de base a sabré dans le nombre des intervenants des marchés tant commerciaux que militaires. Outre cette consolidation à tous les jalons de la chaîne de valeur ajoutée, l'industrie produit de moins en moins de nouvelles plateformes et celles-ci ont des périodes de développement de plus en plus courtes. Ainsi, les fournisseurs doivent réagir plus rapidement et améliorer leurs capacités technologiques ainsi qu'être capables de concevoir des sous-systèmes à l'interne. Il s'ensuit qu'il est encore plus important que les entreprises aient accès et participent à la constitution de ces nouvelles plateformes tôt dans le processus, une entrée en scène à une étape plus tardive étant devenue presque impossible.

Dans le cadre de la transformation continue de l'industrie, les FEO ont réorienté leurs rôles, ce qui a eu beaucoup d'incidences sur les chaînes d'approvisionnement de l'industrie. Du côté commercial, les FEO cherchent à raccourcir la durée des cycles conception-développement afin de mettre les produits en marché plus rapidement et à meilleur compte. Traditionnellement, les FEO étaient responsables d'une structure verticale complète de conception et d'intégration pour tous leurs produits. L'achat à contrat de pièces ou de composants de systèmes se limitait surtout aux éléments et sous-systèmes à exécuter selon des plans. Plus récemment, les FEO se sont concentrés sur leurs compétences fondamentales, soit la conception, l'intégration et l'assemblage. Plutôt que de produire de grands sous-systèmes eux-mêmes ou d'avoir à composer avec de nombreux fournisseurs de composants de sous-systèmes, ils ont transféré la responsabilité de ces activités en aval dans la chaîne d'approvisionnement. En réaction à ces pressions financières, les FEO ont cherché à réduire le nombre de leurs fournisseurs et leur ont demandé de contribuer aux coûts du développement de produits et d'assumer une partie des risques y étant associés. Cela a forcé une consolidation en aval dans la chaîne d'approvisionnement, avec un petit nombre de très grandes entreprises internationales qui peuvent offrir des sous-systèmes complets. À leur tour, les entreprises du deuxième niveau font de même avec leurs fournisseurs en aval dans la chaîne d'approvisionnement, plutôt que de commander des pièces à exécuter selon des plans.

L'industrie de l'aérospatiale et de la défense au Canada s'est taillé une place solide au sein de cette industrie mondiale en pleine évolution. Elle y est arrivée grâce à des forces spécifiques, mais elle devra relever certains défis au fil des ans.

Les forces qui sous-tendent le secteur de l'aérospatiale et de la défense au Canada

Fabricants d'équipement d'origine forts au pays

Les FEO canadiens sont bien présents sur le marché international. Des entreprises telles que Bombardier, CAE, Pratt & Whitney Canada, Bell Helicopter Textron et General Dynamics Canada sont reconnues à l'échelle mondiale pour leurs produits. Ces fabricants ont beaucoup d'expérience au chapitre du développement de produits de pointe répondant aux besoins des marchés internationaux et au chapitre de l'exportation vers ces marchés. Ils ont réussi à l'échelle mondiale malgré un marché intérieur modeste.

Main-d'œuvre productive

La main-d'œuvre a été l'un des facteurs principaux expliquant la croissance du secteur de l'aérospatiale et de la défense au cours de la dernière décennie. Par exemple, de 1993 à 2003, la valeur ajoutée des produits et pièces fabriqués pour l'aérospatiale par employé a été de 24 p. 100 supérieure à la valeur ajoutée moyenne des entreprises manufacturières.

De nombreux Canadiens occupent des emplois très bien rémunérés dans l'industrie. Au cours des 10 dernières années, l'industrie de l'aérospatiale a employé en moyenne 45 000 Canadiens à des salaires de 35 p. 100 supérieurs au salaire moyen du secteur de la fabrication. Elle affiche un des plus hauts niveaux de salaire hebdomadaire du secteur manufacturier canadien (figure 3). En moyenne, elle a également employé 5 200 personnes en R–D pendant cette période, tout juste derrière l'industrie des communications (figure 4).

Figure 3 : Salaires hebdomadaires moyens pour les les employés, industries canadiennes choisies, 1991-2004

Figure 4 : Employés affectés à la R-D dans les grandes industries manufacturières du Canada, 1994-2003

Accent sur les marchés mondiaux

L'industrie canadienne a également été propulsée par la grande concentration de ses efforts sur les marchés mondiaux. Outre les ventes à des compagnies aériennes et à d'autres utilisateurs internationaux de produits de l'aérospatiale et de la défense conçus et fabriqués au Canada, l'industrie canadienne participe aussi à la chaîne d'approvisionnement de grands FEO. Par exemple, les entreprises canadiennes sont des fournisseurs d'entreprises telles Boeing, Airbus, Lockheed Martin et Raytheon.

Au cours des 15 dernières années, la forte performance à l'exportation a témoigné de cet effort soutenu, au point où, entre 1994 et 2003, les exportations ont compté en moyenne pour 75 p. 100 des ventes de l'industrie (figure 5). Au cours de la même période, les exportations annuelles se sont élevées en moyenne à 8,9 milliards de dollars et l'industrie a affiché une balance commerciale positive moyenne de 1,7 milliard par année. L'aérospatiale est constamment l'une des industries canadiennes manufacturières exportatrices les plus performantes.

Figure 5 : Intensité des exportations d'industries manufacturières canadiennes choisies, moyenne sur 10 ans, 1994-2003

Historiquement, l'industrie canadienne entretient des liens étroits avec le marché américain. Au cours des 10 dernières années, plus de 70 p. 100 des exportations canadiennes en aérospatiale sont allées au états-Unis. Par exemple, les compagnies aériennes américaines ont été de grands acheteurs de jets régionaux canadiens. Du côté de la défense, l'industrie canadienne a bénéficié de nombreux accords de coopération militaire conclus pendant les années 1950 et 1960. L'Accord sur le partage de la production de défense a été conclu à la fin des années 1950 afin que l'industrie canadienne ait un accès généralisé au système d'approvisionnement du ministère américain de la défense et que les états-Unis aient accès à une base industrielle de défense intégrée nord-américaine. Le Canada avait alors également convenu d'acheter ses grands systèmes de défense des états-Unis afin de ne pas déséquilibrer la balance commerciale. L'Accord sur le partage du développement industriel pour la défense a été signé par le Canada et les états-Unis en 1963 pour compléter l'Accord sur le partage de la production de défense, permettant aux entreprises canadiennes de faire de la R–D à coûts partagés sur des besoins du ministère américain de la défense. L'objectif était de donner au Canada accès à la technologie de pointe et, en échange, de donner aux états-Unis accès à une base plus élargie de R–D.

Investissement en recherche-développement

Le secteur de l'aérospatiale et de la défense est un grand exécutant de R–D au Canada et affiche une belle performance par rapport aux autres secteurs industriels. Par exemple, l'industrie de l'aérospatiale a investi en moyenne 873 millions de dollars par année en R–D entre 1994 et 2003, soit une moyenne de 8 p. 100 de ses ventes, et a représenté à elle seule 14 p. 100 de toute la R–D du secteur manufacturier. Pendant cette période de 10 ans, la R–D cumulative s'est élevée à 8,7 milliards de dollars (figures 6, 7 et 8). Trois des 20 principaux exécutants de R–D au Canada en 2004 étaient des entreprises de l'aérospatiale et de la défense.

Figure 6 : Dépenses totales en R-D des grandes industries canadiennes, 1994 to 2003

Figure 7 : Intensité de la R-D (en pourcentage des ventes) d'industries manufacturières canadiennes choisies, 1994-2003
Figure 8 : Intensité de la R-D (en pourcentage des ventes) d'industries manufacturières canadiennes choisies, moyenne sur 10 an (1994-2003)

Spécialisation en produits et technologies clés

L'industrie canadienne est un acteur important à l'échelle mondiale et détient de grandes parts du marché dans des segments clés (figure 9). Cette réussite tient en bonne partie au rôle clé d'entreprises de propriété canadienne dans le secteur et à la présence de plusieurs entreprises à liens internationaux disposant de mandats mondiaux (p. ex., Pratt & Whitney Canada, Honeywell Canada). Le Canada a acquis une expérience considérable dans ces domaines et a développé des produits recherchés qui satisfont aux besoins de marchés mondiaux. La croissance de l'industrie canadienne a été mue par son accession à une position de tête dans ces marchés, ce qui a permis de consolider les assises et de développer l'industrie encore davantage.

Figure 9 : Segments clés dans lesquels l'industrie est un chef de file

Politiques gouvernementales favorables

Le développement de l'industrie a été épaulé par des politiques gouvernementales. Le gouvernement fédéral a aidé l'industrie en appuyant : la R–D par le biais de Partenariat technologique Canada; le développement de l'infrastructure de l'industrie; et le financement des ventes de l'industrie par le biais de la facilité de crédit des aéronefs régionaux et d'Exportation et développement Canada. Le gouvernement a également joué un rôle crucial en favorisant des percées par le biais de ses propres activités de R–D et en lançant des services de prochaine génération – p. ex., des services d'observation de la Terre ou de communications par satellite – qui ont été transférés à l'industrie une fois la demande suffisante pour assurer une activité commerciale. Le secteur de l'espace a également été soutenu par le Programme de développement des technologies spatiales, le Programme des initiatives connexes du gouvernement et le Programme de développement d'applications en observation de la Terre.

Formation technique poussée

Les universités et collèges canadiens offrent des programmes réputés à l'international de formation d'ingénieurs en aérospatiale, d'ingénieurs de fabrication aérospatiale, de techniciens en aéronautique et d'ingénieurs d'entretien d'aéronefs. Le Conseil canadien de l'entretien des aéronefs a joué un rôle important dans l'élaboration de programmes de cours ainsi que de programmes de certification destinés aux établissements de formation pour le volet entretien de l'aérospatiale.

Infrastructure industrielle robuste

L'industrie tire parti d'une robuste infrastructure en aérospatiale et défense, notamment : dans les universités; à l'Institut de recherche aérospatiale du Conseil national de recherches Canada comprenant le Centre des technologies de fabrication en aérospatiale; au Laboratoire David Florida de l'Agence spatiale canadienne; à Recherche et développement pour la défense Canada; et au Composites Innovation Centre. L'industrie travaille également avec les universités afin d'appuyer la R–D du secteur.

Normes sur la réglementation élevées

Le Canada impose des normes sur la réglementation élevées à l'industrie de l'aérospatiale. Le cadre réglementaire solide de Transport Canada en matière de certification d'aéronefs et de services d'ERR d'aéronefs pousse l'industrie à se conformer à des normes élevées pour le développement et l'entretien d'aéronefs.

Turbulence : défis que le secteur canadien de l'aérospatiale et de la défense doit relever

L'industrie mondiale de l'aérospatiale et de la défense se remet d'une période très difficile. À mesure que l'industrie mondiale revient à la croissance, l'industrie canadienne doit relever plusieurs défis pour maintenir sa position sur le marché mondial de l'aérospatiale et de la défense.

Petit marché intérieur

Le marché canadien intérieur, tant civil que militaire, est petit et vulnérable à la concurrence internationale. Les ventes totales sur le marché intérieur s'élèvent à 4 milliards de dollars par année, par rapport aux 150 milliards de dollars américains du marché des états-Unis. Ce petit marché intérieur n'offre pas le tremplin aux ventes internationales dont bénéficient d'autres pays. L'industrie de la défense et l'industrie de l'espace n'ont pas le niveau d'appui de la R–D qui sous– tend l'innovation et le développement technologique dans de nombreux autres pays. Cela réduit la capacité du secteur de contrer les fluctuations cycliques de l'aviation civile, le secteur sur lequel l'industrie canadienne compte le plus.

Base de produits et technologies en voie de maturation

L'industrie canadienne est de plus en plus tributaire d'une base de produits et de technologies en voie de maturation. Si certains grands créneaux, dont les trains d'atterrissage et les petites turbines à gaz, ont contribué à maintenir une solide base de produits et technologies, d'autres créneaux importants bénéficiant d'une position canadienne dominante font face à des menaces. Le leadership du Canada en robotique, radars spatiaux, imagerie spatiale et communications par satellite est menacé, d'autres pays ayant réorienté leurs stratégies touchant à l'espace. La base de produits en voie de maturation poussera à financer de la recherche fondamentale et à développer de nouveaux produits. Sans de telles innovations et de nouveaux produits, les ventes de l'industrie chuteront, tout comme la position du Canada sur le marché mondial.

Une grande partie du bond des ventes du Canada dans le secteur de l'aérospatiale et de la défense depuis le début des années 1990 était liée à la production d'avions commerciaux. L'industrie canadienne dépend maintenant fortement de la production d'aéronefs, lesquels comptent pour près de la moitié de sa production. Vu la maturité atteinte par le marché des jets régionaux de 50 places, le grand moteur de la croissance précédente, il y aura des pressions pour que de nouveaux produits et technologies viennent appuyer la performance de l'industrie.

Structure de l'industrie

L'absence de masse critique de fournisseurs ayant une capacité d'intégration de systèmes restreint les possibilités de fournir des ensembles de systèmes pour les nouvelles plateformes nationales et internationales. Cela a des répercussions en aval de la chaîne d'approvisionnement et diminue les possibilités pour les fournisseurs canadiens. Par ailleurs, les intégrateurs de systèmes dans l'industrie de la défense desservent les marchés de l'aviation, de la marine et de l'armée de Terre. Ils ont été des atouts pour la Défense nationale et demeurent des fournisseurs répondant à la demande d'aujourd'hui et de demain.

Pressions sur la base de fournisseurs

L'un des grands défis auxquels fait face l'industrie canadienne est de s'adapter aux changements affectant les chaînes d'approvisionnement mondiales et touchant les grandes plateformes nationales ou internationales. À mesure que les FEO délestent des responsabilités en aval de la chaîne d'approvisionnement, les entreprises canadiennes doivent prendre en charge un surcroît de conception, de responsabilités financières et de risques. On s'attend souvent à ce que les entreprises canadiennes qui participent à des programmes étrangers assument leurs frais non récurrents. Les fournisseurs canadiens de taille plus modeste n'ont souvent pas les ressources humaines, financières et techniques voulues pour participer. En outre, les petites entreprises ne bénéficient pas d'une reconnaissance de leurs produits sur le marché ni d'une présence dans les marchés mondiaux sur lesquelles elles pourraient s'appuyer.

Concurrents

L'industrie fait face à une compétition de plus en plus vive dans des domaines traditionnels et émergents, qui disposent souvent d'un solide appui gouvernemental. Les concurrents traditionnels du Canada, par exemple la France, le Brésil et le Royaume-Uni, œuvrent à étoffer leurs ressources humaines et leurs capacités techniques en vue de décrocher des contrats à valeur ajoutée supérieure. Dans le secteur de l'espace, les pays visent davantage le développement de leurs industries intérieures et disposent de financement pour participer à des programmes internationaux. Des entreprises émergentes de l'Europe de l'Est, de la Russie et d'Asie, fortes d'une bonne base de compétences en aérospatiale, d'un accès à des technologies modernes et d'une main-d'œuvre bon marché, feront concurrence au Canada en matière d'activités à forte intensité de main-d'œuvre.

Recherche-développement

Malgré que l'industrie de l'aérospatiale et de la défense soit l'un des grands exécutants de R–D de l'économie canadienne, il semble bien que son investissement en R–D ne soit pas demeuré proportionnel à l'ensemble de son développement (figure 10). Dans le secteur de l'aérospatiale, par exemple, les ventes ont grimpé au cours de la dernière décennie, mais l'investissement en R–D n'a pas augmenté en parallèle. Ceci s'est traduit par une forte chute de l'intensité de la R–D et par une emphase sur le développement de produits. Il faut des investissements continus en R–D fondamentale pour renouveler les technologies de base nécessaires pour l'avenir. Le niveau de collaboration pré-concurrentielle en matière de développement de la technologie doit s'améliorer.

Figure 10 : Performance de la R-D canadienne en aérospatiale, 1994-2003

Productivité

Les comparaisons internationales laissent voir que l'industrie canadienne est productive. Par exemple, la productivité de l'industrie de l'aérospatiale s'est grandement améliorée en 1991 et depuis lors dépasse généralement celle de l'Allemagne, du Japon et du Royaume-Uni (figure 11). Cependant, la position à long terme du Canada recule car la croissance de sa productivité est moindre que celle de ses concurrents, cette croissance n'ayant pas suivi celle de ses principaux concurrents, exception faite des états-Unis (figure 12).

Figure 11 : Productivité de l'aérospatiale (valeur ajoutée par employé), par pays, 1992-2000
Figure 12 : Productivité de l'aérospatiale (valeur ajoutée par employé), par pays, taux annuel moyen sur 10 ans (1992-2001)

Carences de compétences

Tout comme les industries étrangères de l'aérospatiale, l'industrie canadienne fera face à une carence de main-d'œuvre qualifiée, ce qui pourrait entraver la croissance de demain. L'accélération des départs à la retraite, par exemple, devrait avoir une incidence au cours des prochaines années, particulièrement chez les travailleurs de métier qualifiés, un segment de la main-d'œuvre dont la formation prend plus de temps que la moyenne. D'ici 2016, seulement 40 p. 100 de la main-d'œuvre actuelle, et moins du tiers de celle des ingénieurs d'entretien d'aéronefs, sera encore au travail. Selon les estimations, avec un taux de croissance modéré d'au plus 2 p. 100 par année au titre de la fabrication, il faudra jusqu'à 62 000 travailleurs spécialisés de plus d'ici 2016 (figure 13).

Figure 13 : Prévisions concernant la main-d'œuvre dans le secteur de l'aérospatiale, 2002-2016

Pour combler ces besoins, l'industrie sera aux prises avec la concurrence d'autres secteurs de haute technologie et de l'industrie aérospatiale d'autres pays. Cela compliquera la tâche consistant à former suffisamment de travailleurs pour subvenir aux besoins de l'industrie.

Accès aux marchés étrangers

Au fil des ans, le Canada a réussi à faire valoir ses forces comme fabricant concurrentiel et productif de produits de l'aérospatiale, de la défense et de l'espace. Cependant, la grande place qu'occupent les exportations dans l'industrie canadienne rend celle-ci particulièrement vulnérable aux pressions protectionnistes. Le statut spécial du Canada dans le marché américain de la défense, par le biais de mécanismes tels que l'Accord sur le partage de la production de défense, doit être ravivé. Les obstacles à l'accès aux marchés et à la technologie prennent de l'ampleur, surtout dans le marché clé que représentent les états-Unis (p. ex., International Trade in Arms Regulations). Cette tendance traduit des préoccupations au chapitre de la sécurité.

Le ciel se dégage : possibilités pour l'industrie

Le secteur de l'aérospatiale et de la défense est également un secteur regorgeant de possibilités pour les pays et les industries qui se positionnent de façon à tirer parti de développements émergents.

Secteur de croissance

Malgré certains revers récents, les indicateurs laissent prévoir un scénario de croissance en aérospatiale. Par exemple, on entrevoit une forte croissance dans le secteur des avions civils au cours des 20 prochaines années. Dans ses prévisions concernant le marché mondial (2004-2023), Airbus envisage une croissance annuelle de 5,3 p. 100 du transport mondial de passagers et une croissance annuelle de 5,9 p. 100 du transport de marchandises. Cette croissance devrait se traduire par la livraison de 17 328 avions de transport de passagers et de marchandises sur cette période de 20 ans, dont la valeur atteint 1,9 billion de dollars américains. Dans ses perspectives du marché actuel de 2005, Boeing prévoit également une forte croissance dans le secteur des avions commerciaux entre 2005 et 2024, soit de 4,8 p. 100 pour le transport de passagers et de 6,2 p. 100 pour celui de marchandises. Pour subvenir à cette croissance, Boeing prévoit une demande de 25 700 avions de transport de passagers et de marchandises au cours de ces 20 années, dont la valeur atteint 2,1 billions de dollars américains. Le secteur des services d'ERR commerciaux fournit un autre exemple du potentiel de croissance du secteur de l'aérospatiale. Dans ses prévisions d'avril 2004 sur l'industrie mondiale des services d'ERR, AeroStrategy Management Consulting de Ann Arbor, au Michigan, prévoit que cette industrie croîtra à un rythme annuel de 5,3 p. 100 entre 2003 et 2013, donc que le marché passera de 35,8 milliards de dollars américains en 2003 à 60 milliards en 2013. Cette croissance présente de belles possibilités d'affaires pour les pays et les entreprises qui adopteront des stratégies en temps opportun.

Participation aux plateformes/projets intérieurs d'envergure

L'industrie canadienne aura des occasions de participer à de nouveaux projets/plateformes intérieurs d'envergure. Du côté militaire, l'augmentation des dépenses en défense ouvrira des avenues à l'industrie intérieure. Dans le budget de 2005, le gouvernement s'est engagé auprès de la Défense nationale à une augmentation de financement de 13,0 milliards de dollars sur 5 ans. Ce financement s'ajoute à un budget de la défense qui croît depuis 2001. Les prochains grands contrats de la défense comprennent le remplacement des Hercules, les hélicoptères de tonnage moyen/lourd, le système de canon mobile, le navire de soutien interarmées, des communications militaires par satellite et le projet de l'aéronef de recherche et sauvetage à voilure fixe. Le budget de 2005 comprenait également certaines grandes initiatives spatiales, dont la mise de fonds initiale pour le programme d'une constellation SAR (environ 400 millions de dollars sur 5 ans). L'Agence spatiale canadienne étudiera également la possibilité d'une mission hyperspectrale.

Participation à de grandes plateformes internationales

Des entreprises canadiennes pourront également se prévaloir d'occasions d'affaires en participant à de nouveaux programmes de grandes plateformes internationales, à des plateformes de remplacement, à des programmes spatiaux et à l'acquisition de matériel de défense. Les plateformes civiles actuelles et en devenir comprennent le Boeing 787, l'Airbus A350, le remplacement par Boeing de son 737 et la mise à niveau et le remplacement par Airbus de son A320 . Les importantes plateformes spatiales internationales comprennent un système mondial de surveillance de l'environnement et de la sécurité et le Système Aurora, menés par l'Europe, le système de positionnement mondial 3 et les systèmes Milsatcom, menés par les états-Unis, ainsi que les plateformes associées au Vision For Space Exploration des états-Unis. Du côté de la défense, la grande plateforme en devenir est le programme JSF (avion d'attaque interarmées). Le Canada est déjà un partenaire dans les première étapes de développement.

Expansion de marchés et technologies novateurs et émergents

Des secteurs novateurs et émergents (p. ex., électronique, logiciel, matériel composite) et de nouveaux marchés (p. ex., sécurité, lutte contre le terrorisme) ouvrent des pistes que les entreprises canadiennes pourront emprunter ou explorer davantage. Certains de ces secteurs dépassent le cadre des activités traditionnelles de l'aérospatiale et de la défense. Il s'agit par exemple de systèmes véhiculaires télépilotés (UVS); de petit avions à réaction (personnels); de la nanotechnologie; de la technologie de l'hyperespace spectral; de systèmes de gestion de diagnostic, de pronostic et de soins de la santé; de capteurs; de systèmes complexes de réseautage; de gestion des données et de l'information; de diagnostics pilotés par logiciel et de systèmes de gestion de l'information.

Marché des services d'entretien, de réparation et de révision

Le Canada possède de bonnes assises en services d'ERR et le marché croissant de ce type de services ouvrira des portes à des entreprises canadiennes. Celles-ci peuvent sortir des limites de leur marché traditionnel nord-américain et se lancer sur ceux de l'Asie et de l'Amérique du Sud. Les activités reliées à des services d'ERR ne requérant pas de main-d'œuvre intensive, dont la réparation et la mise à niveau de moteurs, ouvriront des portes. L'accent sur la qualité, les technologies de réparation novatrices, un court temps d'exécution et les économies resteront des éléments importants.